Le monde est fait sur un plan que nous ne pouvons changer … et ce plan comporte la souffrance! Nous faut-il donc aimer la souffrance? Voici la réponse que donne un Chartreux (dom Augustin Guillerand, †1945) à cette question fondamentale:
« Il ne s’agit pas d’aimer ce qui est mal ou pénible; il s’agit de le supporter pour le réformer ou le supprimer. C’est ce que Dieu fait. Il n’aime pas le mal; mais il le permet pour le bien qu’il en retire. Le mal, comme toute réalité, est un instrument merveilleux entre les mains divines. Nous serons émerveillés un jour, là-haut, quand nous verrons ce que la souffrance devient dans les âmes courageuses qui savent l’accepter et la porter par amour. Elle est la plus profonde source de la vraie paix.
On ne se souhaite pas de souffrir, mais on se souhaite d’aimer la souffrance comme Dieu l’aime; c’est-à-dire d’aimer ses effets de relèvement et de pacification. (…) Le plan de Dieu comporte la souffrance. C’est le chemin de la joie; tout comme la mort à soi (la mortification) est le chemin de la vie: « Celui qui perd son âme la trouvera ». Nous sommes de petites semences jetées en terre pour y mourir et ensuite refleurir en Dieu. Dans le psaume 125/126, on trouvera en quelques versets le plus magnifique exposé de ce plan divin, qu’il ne faut pas seulement subir comme une nécessité, mais qu’il faut aimer comme l’expression du divin Amour.
Pour cela il faut être fort. Être fort, cela ne veut pas dire: se dresser contre ce qui nous blesse, pour le supprimer. Il existe une autre force, bien plus haute. C’est la force qui accepte ce qu’elle ne peut pas supprimer et qui demeure souriante sous la croix. Ce n’est pas à la croix qu’on sourit, mais à Celui qui l’a portée avant nous et pour nous, et qui la porte encore avec nous.
(Écrits spirituels, tome 2, page 192)
Merveilleux texte ! Oui, nos croix, le Christ les porte avec nous, si nous le voulons bien ! La souffrance peut être un extraordinaire chemin de Vie, car en Dieu tout devient grâce et miracle et c’est bien là le but de notre existence ! Il est vrai aussi que trop de chance en ce monde nous attache à ses mirages et trop souvent ne nous permet pas de désirer avec une véritable ardeur les seuls biens non périssables et incomparablement plus beaux ! Les grands Saints savent accepter la souffrance avec un profit infini pour le Salut du monde !
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