La Vierge des Chartreux (Francisco de Zurbaran, 17e siècle)
Tous les chrétiens se réclamant de la Vierge Marie, rien d’étonnant à ce que les Chartreux fassent de même pour se mettre sous sa protection. Depuis 2000 ans, Marie en effet ne cesse de se montrer notre mère … et les âmes contemplatives en sont bien conscientes. Laissons dom Augustin Guillerand nous entretenir brièvement de la maternité spirituelle de la Vierge:
«Marie et Jésus sont de la terre aussi vraiment et complètement qu’ils le peuvent. Ils sont conçus, ils naissent, ils grandissent, ils meurent. (…) Mais néanmoins ils se distinguent de nous et il le faut: ils sont du premier coup ce que nous devons devenir. (…) La doctrine de la maternité spirituelle de Marie est absolument claire quand on l’étudie au pied de la croix. Elle s’impose, autant qu’une manière de faire peut s’imposer à Dieu. Elle convient en ce lieu à l’Amour infini et à ses réalisations finies. Le rôle de Marie s’étend jusqu’où s’étend Jésus, il s’exerce où s’exerce et quand s’exerce le rôle du Rédempteur. Notre-Seigneur se donne, il nous arrive par Marie. Entre lui et nous elle est toujours là: tel est le plan divin. (…) Car une nouvelle vie commence pour lui sur la croix, donc un nouvel enfantement pour elle. Ce qu’il faut voir au Calvaire, c’est cette nouvelle vie et cette nouvelle mère des vivants. (…) Marie est au calvaire comme mère. L’idée de maternité domine la scène où Jésus la donne à Jean (« Voici ta mère »). Le rôle de Marie en cette circonstance ne peut être plus nettement marqué. Or Jésus, à cette même heure, achève de nous engendrer. Marie assiste à cet acte de génération. Elle y assiste comme mère: une mère qui perd un fils pour en avoir un autre. (…)
Marie va se prêter de nouveau à l’action de l’Esprit de vie. (…) L’amour, l’immense amour qui l’a envahie au jour de l’Annonciation et s’est emparé de sa chair, s’empare d’elle pour qu’elle enfante dans les âmes. Voilà pourquoi elle redevient la femme (« Femme, voici ton fils »). Elle commence là un rôle de femme qu’elle n’avait pas joué encore; elle commence d’enfanter des vivants dont la vie sera la vie de cet Esprit, l’Esprit du Verbe fait chair. »
(Écrits spirituels, tome 2, page 285 s )