
École française XVIIIe siècle (d’après Nicolas Poussin)
« Le mystère de l’Assomption a un autre aspect, un aspect plus voilé parce qu’il est plus intérieur, et non moins réel cependant: c’est le mouvement d’amour qui, l’heure venue, tira l’âme de la Vierge hors de son corps, puis l’y ramena pour pouvoir emporter ce corps avec elle dans la jouissance de Celui pour lequel ils avaient été faits et unis. Ce mouvement, par un privilège unique, commença avec la vie même de Marie, avec sa Conception Immaculée. Dès ce tout premier instant de son existence, dans le cristal parfaitement limpide de son âme très pure, Dieu se montra. (…) Elle le vit réellement présent en elle; elle vit qu’il est tout, que devant lui le reste est comme rien … et elle ne voulut plus rien voir sinon en lui et pour lui. (…) Elle vit ce Dieu dont l’être est amour. Elle le vit qui l’aimait et se donnait, et elle se prit à faire cela, comme lui, à l’aimer et à se donner. Et ce fut toute sa vie en son fond radical et vrai. Les personnes, les choses avec lesquelles elle entrait en contact, les événements qui se produisaient, c’était la surface changeante qui passe; sous cette surface, sous la pauvreté de la crèche, l’exil forcé en Égypte, les longues années d’humble travail à Nazareth, le supplice même de la croix, elle voit la même réalité profonde et unique: l’Amour qui se donne et l’appelle à se donner.
L’aspect intérieur de l’Assomption, c’est ce don arrivé à son terme, c’est la somme de ces dons répétés, sans cesse renouvelés, de ces lumières par lesquelles Dieu se fait connaître et que Marie accueille, de ces mouvements par lesquels Dieu se communique et auxquels répond l’élan de sa charité qui s’accroît. (…)
Et nous arrivons ainsi à ce sommet, à cet élan suprême de l’Assomption, où l’amour indéfiniment accru fit éclater, Dieu le permettant enfin, les liens qui unissaient son âme à son corps et ensuite rétablit ces liens pour l’élever, triomphante, en corps et en âme. Or ce mouvement d’amour qui fut le sien, elle veut, de toute la puissance de son être, qu’il devienne le nôtre. Car elle est mère, la mère de la Vie, et la Vie c’est son Fils. »
(Dom Augustin Guillerand, Écrits spirituels, tome 2, page 44 ss)
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