L’ESPÉRANCE DE VIVRE APRÈS LA MORT

CUERPO DE CRISTO

Si le Christ est mort pour nos péchés, n’oublions surtout pas qu’il est ressuscité pour nous donner la vie éternelle. Célébrer Pâques, c’est donc non seulement célébrer  un événement unique dans la vie de Jésus mais c’est aussi célébrer un événement central dans la vie de tout croyant : l’espérance de vivre après notre mort physique et surtout de vivre de la vie-même de Dieu, tout d’abord sur terre dans la foi puis au ciel dans la vision ! L’apôtre saint Pierre exprime très bien cette réalité lorsqu’il affirme: « Béni soit Dieu qui nous a régénérés, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour une vivante espérance, pour un héritage qui vous est réservé dans les cieux … Vous en tressaillez de joie, bien qu’il vous faille encore quelque temps être affligés par diverses épreuves » (1 Pierre 1, 3-6).

Nous sommes donc invités, dans l’immédiat, à deux sortes de réaction : la louange et la supplication. La louange que provoque en nous la prise de conscience que Dieu nous aime non seulement en parole mais aussi en acte, et la supplication face aux difficultés récurrentes de la vie.  Dans un sermon sur le psaume 148, saint Augustin résume bien ces deux attitudes du croyant: « La méditation, dans notre vie présente, doit consister à louer Dieu, car l’allégresse éternelle de notre vie future sera une louange de Dieu; et personne ne peut être adapté à la vie future s’il ne s’y exerce pas dès maintenant. Maintenant donc nous louons Dieu, mais nous le supplions aussi. Notre louange comporte la joie ; notre supplication, le gémissement. Car on nous a promis quelques chose que nous ne possédons pas encore ; et parce que l’auteur de la promesse est véridique, nous trouvons notre joie dans l’espérance ; mais parce que nous ne possédons pas encore, notre désir nous fait gémir. Il nous est bon de persévérer dans le désir jusqu’à ce que vienne le bonheur promis, jusqu’à ce que le gémissement disparaisse et que la louange demeure seule. »  (CCL 39, 2165-2166)

Retenons que si le temps du carême était propice à la supplication, par contre le temps pascal, lui, est propice à la louange ; c’est pourquoi nous chantons si souvent ALLÉLUIA , une exclamation hébraïque qui signifie littéralement « louons Yahvé » (allelu-Ya). À ce sujet, le même saint Augustin précise : « Nous vous exhortons, mes frères, à louer Dieu en ce moment, et c’est ce que nous faisons tous lorsque nous disons Alléluia. (…) Mais louez-le par tout vous-mêmes, c’est-à-dire que votre langue et votre voix ne doivent pas être seules à louer Dieu ; louez-le aussi par votre conscience, par votre vie, par vos actions. » Excellent programme … suivons-le dans la joie et l’action de grâce !

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LA LITURGIE : une oasis dans le désert de ce monde

Carthusian monks

Nos styles de vie moderne nous astreignent à prendre soin d’une foule de besoins immédiats et nous laissent très peu de temps pour penser et réfléchir.  Dieu ne nous demande pas de vivre comme des moines mais il n’exige pas non plus que nous soyons des bourreaux de travail (destinés à nous retrouver un jour ou l’autre sur le canapé d’un psy). Heureuses ces personnes qui ont décidé d’insérer des temps de silence dans leur agenda personnel. Pour nous, croyants, la liturgie est le moyen rêvé pour s’échapper du terrible quotidien et entrer en contact avec le monde spirituel. Écoutons ce qu’un moine chartreux, dom Guillerand, a à nous dire sur ce sujet :

« Les fêtes chrétiennes sont des heures d’union. Pour tous et toujours l’activité terrestre est plus ou moins dévorante. Heureuses les âmes qui le comprennent et ont faim et soif de lui échapper. Pour elles, s’arrêter un instant, consacrer quelques heures à regarder par-delà le mouvement qui les emporte, fixer leur cœur « où sont les vraies joies » dans la paix des choses qui ne passent pas … tout cela est doux, espéré, reposant, une oasis fraiche dans le désert.

Nous avons tendance à reléguer dans l’irréel tout ce qui nous dépasse. Dès qu’une réalité déborde notre esprit, ou nous la nions, ou nous vivons pratiquement à son égard comme si elle n’existait pas. Ce n’est pas seulement une inintelligence, c’est une perte pratique immense. Nos relations avec ce monde de là-haut, avec toute cette famille céleste, qui constituent notre vraie vie dès ici-bas, et en préparent l’épanouissement plein, emprunteraient à une foi vive une douceur et une force qui seraient le trésor de la terre. Mais il faudrait s’arracher (ou mieux se laisser arracher par l’Esprit d’amour) à la mouvante et insignifiante bagatelle qui nous tient. Peu d’âmes ont assez de courage pour le faire, et Dieu, qui exige ce courage, se contente de ce petit nombre: « Quand le Fils de l’homme reviendra sur la terre trouvera-t-il encore la foi ? » (Luc 18, 8)

(Écrits spirituels, tome 2, page 281)

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Le pâturage des bienheureux

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Après avoir célébré les Jours saints et nous être repus des vérités fondamentales de la Foi, il nous reste maintenant à les digérer tout au long de ce temps pascal. Par sa victoire sur la mort, le Bon Berger nous invite à le suivre avec confiance jusque dans l’éternité bienheureuse. Il est également la porte de cette bergerie qu’est l’Église terrestre, porte qui nous permet non seulement d’y entrer par le baptême mais aussi d’en sortir à sa suite lors de notre mort, selon ses propres paroles : « Je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé; il pourra entrer et sortir, et il trouvera un pâturage » (Jean 10, 9). Quel est ce pâturage promis ? Laissons la réponse à un saint moine du 6e siècle, devenu évêque de Rome et docteur de l’Église:

« Le baptisé entrera pour avoir la foi; il sortira en passant de la foi à la vision, de la croyance  à la contemplation, et il trouvera un pâturage en arrivant au festin éternel. Les brebis du bon Pasteur trouvent donc un pâturage parce que tout homme qui le suit avec un cœur simple est nourri dans la pâture des prairies intérieures. Et quel est le pâturage de ces brebis-là, sinon les joies éternelles d’un paradis toujours vert ? Car le pâturage des élus, c’est le visage de Dieu, toujours présent: puisqu’on le regarde sans interruption, l’âme se rassasie sans fin de l’aliment de vie. (…)

Recherchons donc, frères très chers, ce pâturage où nous trouverons notre joie au cœur de la fête célébrée par tant de nos concitoyens. Que leur allégresse  nous y invite. Réchauffons nos cœurs, mes frères, que notre foi se ranime envers ce qu’elle croit, que nos désirs s’enflamment pour les biens célestes : c’est déjà partir à leur rencontre que de les aimer. Aucun obstacle ne doit nous enlever la joie de la solennité intérieure, car si l’on désire se rendre à un endroit qu’on s’est fixé, aucune difficulté ne peut changer ce désir. Aucune prospérité flatteuse ne doit nous en détourner ; il est fou, ce voyageur qui, apercevant sur sa route de gracieuses prairies, oublie le but de son voyage. »  (Homélie de saint Grégoire le Grand, PL 76, 1129-1130)

Le Ciel qui nous est promis est donc la vision même de Dieu, ce « visage toujours présent », pâturage toujours vert car rien ne saurait épuiser cette vision bienheureuse. « Bien-aimés, écrit l’apôtre Jean aux chrétiens de la fin du premier siècle, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous Lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’Il est. » (1Jean 3, 2)

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Pourquoi sombrer dans la tristesse ?

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Je suis toujours surpris de voir tant de chrétiens se laisser envahir par la morosité, même durant le Temps pascal ! Les événements contemporains, aussi tristes qu’ils puissent être, ne sont pas toujours en cause mais bien plutôt notre façon superficielle de vivre en ce monde, éparpillés que nous sommes par nos sens toujours à l’affût de nouveautés. Nous sommes-nous vraiment arrêtés cette année à la signification du Salut apporté par le Fils de Dieu ? Sommes-nous conscients des répercussions multiples de cet événement unique qu’est sa Mort-Résurrection ? Faisons-nous partie intégrante de ce Mystère ou en sommes-nous les spectateurs plus ou moins indifférents ?

Il n’en reste pas moins que la joie de la Résurrection de Jésus perdure dans l’Église depuis 2000 ans et elle est extatique … car les véritables disciples du Ressuscité ne cessent de s’extasier devant cette nouvelle vie qui répond à leur désir profond d’éternité. Les cultures peuvent changer, les gouvernements peuvent se succéder, l’être humain demeure le même depuis sa lointaine origine: il a soif de bonheur, il aime la vie et désire la conserver le plus longtemps possible.

Ne soyons donc pas surpris si les 50 jours  après Pâques, appelés «Temps pascal», sont consacrés à cet enthousiasme spirituel qui prolonge celui de la Fête. Un temps d’action de grâce où résonne l’Alléluia  (allelu-Yah, littéralement: louons Yahvé); un temps de chants et de joie qui nous fait oublier la période ascétique du carême pour nous axer plus directement sur le triomphe du Ressuscité. Malheureusement, ce n’est que pour un certain temps, car la dure réalité de la vie ne peut que nous rattraper. C’est en ce sens que s’exprimait  saint Augustin au 5e siècle :

« Il y a deux époques: l’époque actuelle qui se passe dans les tentations et les épreuves de cette vie, et une seconde époque, qui sera celle de la sécurité et de l’allégresse sans fin. Aussi deux époques ont-elles été instituées par l’Église: avant Pâques et après Pâques. L’époque antérieure à Pâques (le carême) symbolise l’épreuve où nous sommes maintenant, et ce que nous célébrons en ces jours qui suivent Pâques (le temps pascal) symbolise la béatitude qui sera plus tard la nôtre. » (Homélie sur le psaume 148)

Le temps pascal étant donc pour nous une certaine anticipation du Ciel, profitons-en et laissons déborder notre reconnaissance et notre joie !

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L’ange du Seigneur annonça à Marie …

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Plus j’avance en âge, plus je tends à simplifier ma vie de prière en me concentrant sur certaines données de la Foi qui  résument l’essentiel de notre religion. Le mystère de l’Incarnation du Verbe est l’une de ces vérités. Et je suis choyé … car l’Église invite également à souligner ce mystère trois fois par jour! Vous aurez compris qu’il s’agit de cette dévotion appelée l’Angélus, autrefois annoncée publiquement par le tintement de la cloche  paroissiale à 6h, midi et 18h.

Permettez-moi de vous partager brièvement ma récitation personnelle, laquelle entend souligner les liens trinitaires de cette dévotion :

       1. L’ange du Seigneur annonça à Marie, et elle conçut du Saint Esprit: 

Honneur à vous,  Père, qui avez décrété l’Incarnation rédemptrice du Verbe comme sommet de la révélation de votre amour pour nous.   « Je vous salue Marie … »

      2. Voici la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole:

Honneur à vous, Esprit Saint, qui avez fait en Marie un chef d’oeuvre d’humilité et avez opéré en elle la merveille de l’Incarnation.    « Je vous salue Marie … »

      3. Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous:

Honneur à vous, Jésus Verbe éternel, qui vous vous êtes abaissé pour nous relever, et qui avez souffert la passion et la mort pour nous obtenir la vie éternelle.   « Je vous salue Marie … »

Priez pour nous sainte Mère de Dieu.      R/ Afin que nous devenions dignes des promesses du Christ.

Prions:  Répandez, Seigneur, votre grâce dans nos âmes; afin qu’ayant connu, par le message de l’ange, l’Incarnation du Christ votre Fils, nous soyons conduits par sa passion et par sa croix à la gloire de sa Résurrection. Par Jésus le Christ, notre Seigneur. Amen.

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Concernant la condition du Ressuscité

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Nous connaissons les faits grâce aux récits évangéliques : le Christ ressuscité apparaît à Marie-Madeleine et aux saintes femmes, aux deux pèlerins d’Emmaüs, aux apôtres réunis au cénacle, à une foule de disciples sur une montagne en Galilée et à quelques apôtres en train de pêcher sur lac de Tibériade. Or, dans toutes et chacune d’entre elles, le Ressuscité n’est pas reconnaissable et doit s’identifier d’une façon ou d’une autre: par la voix (Marie-Madeleine), par la bénédiction du pain (pèlerins d’Emmaüs), par les cicatrices (apôtres au cénacle), par la pêche miraculeuse (au lac de Tibériade). De toute évidence, le Ressuscité n’a pas tenu à être reconnaissable par ses anciens traits physiques. Pourquoi?

Loin de moi la prétention d’apporter une quelconque réponse à ce mystère! Je ne puis que proposer une tentative d’explication qui me semble conforme au Plan de Dieu sur nous. Ce Plan, saint Paul nous en parle comme de la volonté de Dieu de tout réunir sous le Christ et dans le Christ (Éphésiens 1, 10). Avant de nous quitter visiblement, le Ressuscité nous rassura en disant: « Voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 20). Et nous savons que l’Esprit Saint prit la relève en vivant en chacun des baptisés et en les unissant les uns aux autres pour former un seul Corps. Nous sommes donc, depuis 2000 ans, dans un nouvel ordre des choses: le Christ est présent dans son Église mais d’une façon totalement différente du temps où il vivait en Galilée avec ses disciples. Dans une certaine mesure, la présence de Jésus se confond dès lors avec ses membres (« ce que vous avez fait à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ») et aussi avec les chefs de communauté, « qui vous écoute m’écoute ». Que dire également de certains actes liturgiques où c’est le Christ qui prie, qui baptise, qui célèbre, qui pardonne ou qui prêche la bonne nouvelle.

Une fois ressuscité, le Christ n’a donc pas voulu se faire reconnaître de ses disciples par ses traits physiques mais bien par ses INTERVENTIONS suite à certains gestes: prière fervente exaucée (Marie-Madeleine), catéchèse et fraction du pain (pèlerins d’Emmaüs), effort communautaire (pêche miraculeuse), etc. Loin de nous priver de sa présence, il l’a étendue à la totalité de la vie ecclésiale. Un effort de foi nous est évidemment exigé mais celui-ci nous fait accéder à un niveau supérieur qui transcende aisément celui du plan humain d’avant la Résurrection. « Là ou deux ou trois disciples sont réunis en mon nom, je suis là au milieux d’eux ». Quelle consolation pour nous … mais aussi quelle responsabilité!

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Une réconciliation fondamentale

S’il existe une réconciliation profitable entre divers peuples d’un même pays ou entre deux pays en guerre, il en existe une autre tout autrement importante et fondamentale … celle entre la petite créature et son Créateur. Fondamentale, oui, et pourtant si souvent déficiente car « le cœur de l’homme est compliqué et malade » (Jérémie 17, 9). Divorce, avortement, homosexualité, suicide assisté, éducation scolaire déficiente, autant de tristesses devenues monnaie courante ; adultes et surtout jeunes (souffrant de l’absence parentale) n’arrivent plus à se retrouver. D’où nous viendra donc le bonheur auquel nous aspirons de toutes nos forces ? Dieu aurait-il tourné le dos à ses brebis égarées ?

Malgré toutes apparences contraires, la réponse est un NON retentissant ! « L’appel et les dons de Dieu sont sans repentance », affirme clairement l’apôtre Paul aux chrétiens de Rome (11, 29). Rien ne peut nous séparer de l’amour éternel de Dieu : « Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit … même s’il s’en trouvait une, moi je ne t’oublierai jamais » (Isaïe 49, 15). Dieu nous a aimé jusqu’à mourir pour nous, en Jésus son Fils bien-aimé. Cette offrande du Fils sur la croix demeure un sommet dans l’histoire de la Révélation et rien ne saurait effacer ce salut universel offert à tous les humains. Néanmoins, combien de chrétiens croulent sous le poids de leurs fautes en oubliant que leurs nombreux péchés sont virtuellement pardonnés par l’offrande du Christ au calvaire.

« À tout péché, miséricorde » … encore faut-il y croire et demander humblement cette miséricorde ! Prendre conscience de son péché est primordiale. Demander pardon est l’étape suivante : tout croyant peut le faire à tout moment et Dieu ne fait pas la sourde oreille. Quand j’étais jeune (avant Vatican II), l’Église avait la mauvaise habitude de nous prévenir que l’acte de contrition parfaite était rarissime et qu’il nous fallait absolument passer par le confessional. On nous parlait souvent de l’attrition (haine du péché) qui, unie à l’absolution du prêtre, suffisait pour nous rendre l’état de grâces ! Bien, mais j’ai connu des catholiques qui ont ainsi vécu de nombreuses années avec la seule haine du péché mais sans faire aucun acte de contrition parfaite, laissant ça aux « saints ». Ce qui expliquerait que la spiritualité du temps était plus axée sur la peur du péché que sur l’amour de Dieu et du prochain. Avec Vatican II (qui traita les catholiques comme des adultes), la démarche est devenue moins fébrile et plus mature : nous sommes donc passés d’une pratique pénitentielle tatillonne et culpabilisante à une rencontre plus relaxe où le confesseur ne fait souvent que confirmer l’état pardonné du pénitent déjà pleinement repenti. Mais, direz-vous, la contrition parfaite adressée à Dieu ne suffirait-elle donc pas ? Bonne question ! L’expérience nous apprend qu’il existe souvent dans notre vie personnelle des nœuds qui ne se dénouent que par une intervention sacerdotale (d’où l’importance d’une direction spirituelle minimale), sans oublier que notre combat n’est pas uniquement contre la chair et le sang …!

« Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Corinthiens 5, 20). Dans sa grande sagesse, l’Église nous demande de nous présenter au prêtre au moins une fois l’an pour obtenir l’assurance d’être en paix avec Dieu. Faisons cette démarche avec reconnaissance et profitons de ce temps de carême pour accomplir ce précepte ecclésiastique.

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La Passion du corps mystique du Christ

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L’identification des baptisés au Seigneur Jésus est l’une des plus grandes consolations qui puisse nous être donnée … en plus de constituer le fondement de notre espérance d’être un jour auprès de Lui. La célébration prochaine de la Mort et Résurrection du Christ ne se limite donc pas à un événement arrivé il y a 2000 ans, mais elle s’étend également aux souffrances et joies de tous les membres de son corps mystique, c’est-à-dire de l’Église ! En effet, « la passion du Christ est celle de tout son corps » aimait à dire saint Augustin. Pour nous en mieux convaincre, relisons brièvement ce que ce saint docteur affirme à ce sujet :

« Seigneur, j’ai crié vers toi, écoute-moi ! (psaume 140/141) Nous pouvons tous dire cela. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le Christ qui le dit. Mais cela est dit davantage au nom de son corps ; car, lorsqu’il était ici-bas, il a prié son Père en portant notre chair, et c’est au nom de son corps qu’il a prié son Père. Tandis qu’il priait, de grosses gouttes de sang sortaient de tout son corps. C’est ce qui est écrit dans l’Évangile : Jésus priait avec plus d’insistance et il eut une sueur de sang. Ce sang qui jaillit de tout le corps, n’est-ce pas la souffrance des martyrs, qui appartient à toute l’Église ?

Seigneur je crie vers toi, écoute-moi ! Entends la voix de ma prière quand je crierai vers toi. Tu croyais, Jésus, avoir fini de crier quand tu disais: Seigneur, j’ai crié vers toi. Tu as crié, mais ne t’apaise pas encore. Si la détresse est finie, c’en est fini de crier ; mais si la détresse de l’Église et de ton corps se maintient jusqu’à la fin du monde, il ne faut pas dire seulement : J’ai crié vers toi, écoute-moi, mais aussi Entends la voix de ma prière quand je crierai vers toi.

Que ma prière, devant toi, s’élève comme un encens, et mes mains, comme le sacrifice du soir. Tout chrétien reconnaît que cela s’entend habituellement de son chef en personne. En effet, tandis que le jour déclinait, vers le soir, le Seigneur sur la croix donna sa vie pour la reprendre ; il ne l’a pas perdue contre sa volonté. Cependant, nous sommes représentés là aussi. Qu’est-ce qui a été cloué au gibet, sinon ce que le Seigneur a reçu de nous ? Et comment peut-il se faire que Dieu le Père délaisse et abandonne son Fils unique, qui n’est avec lui qu’un seul Dieu ? Cependant, en fixant notre faible nature sur la croix, puisque, selon l’Apôtre, l’homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui, c’est par la voix de cet homme qui est en nous qu’il a crié : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

(Homélie de saint Augustin sur le psaume 140, CCL 2028-2029)

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La folle du logis … et beaucoup plus !

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Le bien-fondé de notre imagination n’a pas à être démontré. Albert Einstein y voit même une preuve de la noblesse du cerveau humain : la créativité en dépend ! Mais bien que l’imagination fasse partie intégrante de notre vie intellectuelle, son contrôle est loin de nous être assuré. Dans ses écrits sur la prière, François de Sale parle souvent de l’imagination comme de « la folle du logis », car elle est souvent source féconde de distractions. La difficulté de se concentrer, hélas, est loin de constituer le seul méfait de cette faculté ; nos convoitises les plus secrètes peuvent devenir, grâce à elle, des réalités quasi palpables à l’exemple des tentations éprouvées par saint Antoine au désert. On se rappellera de lui cet épisode où, ayant discerné dans le sable l’empreinte d’un pied de femme, ce saint moine fut aussitôt assailli de pensées lascives, fruits de son imagination surchauffée.

Dans une nature saine et équilibrée, l’imagination joue un rôle important et essentiel ; dans une nature malade ou épuisée pour diverses raisons, elle peut s’avérer cause de dérapages non minimes. Que ce soit par maladie mentale ou maladie provenant d’addictions, cette « folle du logis » peut devenir complice de nos pires méfaits. Face aux idées compulsives et morbides, les auteurs spirituels ont toujours conseillé de « faire distraction » en s’adonnant à des travaux manuels. Ainsi, dans les déserts d’Égypte, les premiers ermites s’adonnaient-ils régulièrement à la fabrication de paniers d’osier pour fuir l’oisiveté. Ce qui explique d’ailleurs la devise des moines bénédictins : Ora et Labora (prie et travaille).

La solitude n’est donc pas à conseiller à tout un chacun, indistinctement ; tous n’ont pas la vocation d’ermite ! Face aux diverses pandémies, nombreuses sont les personnes qui n’arrivent pas à en assumer les conséquences d’isolement qui s’imposent. On oublie que l’être humain est un être social … pour ne pas dire tribal. Puissent les gouvernements actuels en être plus conscients !

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Savoir prier avec humilité, selon un chartreux

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S’il est naturel pour un croyant de prier, il est par contre plus difficile de prier avec les dispositions requises … la parabole du pharisien et du publicain illustre sans contredit cette triste constatation ! Tout s’enracine dans la qualité de notre foi. Qui est Dieu ? Et surtout, qui suis-je ? « Je suis celui qui est, disait Dieu à Catherine de Sienne, et toi celle qui n’est pas. » La clé de nos relations avec le divin repose donc dans les humbles sentiments qui conviennent à la créature. La vie de tout moine étant axée sur l’humilité, il n’y a pas à se surprendre si notre ami chartreux, dom Augustin Guillerand, y a consacré quelques lignes des plus éclairantes. Écoutons-le :

« L’homme n’existe que si Dieu lui communique l’être. La religion naît de cette communication. Et la prière, qui n’est en somme que la religion en acte, est le mouvement de l’âme qui reconnaît qu’elle reçoit, et qu’elle n’a que ce qu’elle reçoit. Confesser cela, c’est la prière essentielle … et c’est l’humilité. (…) La vraie prière est peut-être une chose très rare parce qu’il y manque cette base nécessaire : la mise en présence du divin interlocuteur. On ne sait pas, on ne songe pas, on ne sent pas assez qu’il est là vraiment, qu’il regarde, écoute, parle, aime et se donne. Il n’est trop souvent qu’une pensée de notre esprit que d’autres pensées supplantent. Il n’est pas le « doux hôte de l’âme », l’Ami et le Père. Avant de commencer la prière, il faudrait se dire et redire intensément cela. (…)

La prière qui se fait dans cet esprit-là est la vraie prière. L’humilité est impliquée dans la foi, dans la soumission respectueuse et adorante de l’âme en prière. (…) L’âme qui prie implore la communication de l’Esprit d’amour ; elle demande à Dieu de se donner à elle ; elle demande donc ce qu’il désire infiniment. Entre ce désir infini de Dieu et la prière de cette âme, il y a donc consonance, harmonie, accord parfait. L’âme humble reconnaît qu’elle n’a pas en elle-même cette tendance à se donner qui est essentiellement divine. Elle reconnaît qu’elle ne peut l’avoir que si l’Amour essentiel la lui communique.

Les exemples de cette toute-puissance de l’humilité sont incontestablement très impressionnants. Jésus, comme il convient, tient la tête, avec son pauvre corps brisé, sa face couverte de crachats, tout son être ignominieusement traité, n’ayant plus même la forme humaine, fait mépris après s’être fait homme, à l’extrême fond de l’anéantissement … et à cause de cela, dit saint Paul, exalté au-dessus de tous et de tout. Après lui, l’humble Vierge : « Il a bien voulu abaisser son regard sur l’humilité de sa servante » (Luc 1, 48). L’humilité, voilà ce qu’il a vu et aimé et écouté en elle, car voilà ce qu’il aime, ce qu’il recherche, ce qui l’attire et le retient, ce qui le lie et l’oblige à notre égard. Ce regard de Dieu sur l’âme qui se fait toute petite devant lui, ce regard qui est communication de Lumière éternelle et d’Amour infini, quelle douceur et quelle force dans la prière ! C’est ce qui soutenait la Cananéenne aux pieds du Sauveur et le centurion en quête d’un miracle. Jésus se rendait à leur supplication qui lui arrachait comme de vive force le prodige demandé et son admiration ravie.

L’humble qui prie se présente avec la force attractive du vide pour l’Être qui veut l’occuper. Nulle résistance à briser, nulle présence à éliminer, nulle transformation à opérer. Il n’y a qu’à entrer, prendre la place, répondre à une attente et combler. « 

(Écrits spirituels, tome 1, page 29-32)

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