La Miséricorde, vue du Calvaire

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La contemplation de la Passion de Jésus a toujours été un moment fort dans la vie de prière de tout chrétien et, principalement, de tout contemplatif. Dom Guillerand, ce chartreux si éminemment spirituel, n’y échappe pas ! Voici donc sa réaction au mystère du Christ souffrant et à celui non moins important des conséquences dans l’âme de son disciple :

« La Miséricorde, vue du Calvaire, demanderait, pour être qualifiée, un qualificatif qui n’existe pas : il faudrait exprimer ce Dieu qui meurt (il est essentiellement inexprimable), il faudrait sonder l’abîme qui sépare ces deux mots : Dieu et mourir. Il faudrait aussi sonder cette mort et toutes les circonstances dont Celui qui mourait a voulu se parer, simples accidents sans doute, et plus accessibles que l’être qui meurt et que la mort d’un tel être, mais qui n’en dépassent pas moins l’imagination. Il faudrait savoir toute la capacité de sentir, et par conséquent de souffrir, de cet organisme dont tout, littéralement tout, a été brisé, froissé, pressé comme un raisin bien mûr pour en exprimer tout le suc ; il faudrait donc connaître l’âme qui l’animait et en laquelle retentissait tous ces coups. Là encore, là comme toujours, il faut s’arrêter. Des perspectives sans fin de torture physique et de martyre moral s’allongent devant mon regard et semblent le défier, défier mon courage à les regarder comme il faudrait. Des âmes saintes l’ont fait, n’ont fait que cela, et, au terme de leur contemplation, ont déclaré : « Nous n’avons même pas entrevu le seuil de cet abîme. »

Du Calvaire, la Miséricorde a répandu ses eaux sur tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux, où elle les répand encore, et continuera de les répandre jusqu’à la fin du monde. Mais là encore, là toujours, le mystère se dresse devant moi, me défie, m’écrase. Comment pénétrer les merveilles opérées par la grâce dans une seule âme ? Je dois me résigner encore à confesser une impuissance dont chaque méditation accroît l’évidence et aviverait la douleur si elle n’était pas une louange à Dieu. Heureusement l’Écriture est là, avec ses mots pleins de tendre lumière et de consolation, ses mots qui disent presque tout sans le chercher, au moins tout ce que j’ai besoin de savoir. Je les méditerai peut-être un jour avec plus de détails : de cette source qui me semble si profonde, je pourrai entrevoir quelques-uns des ruisseaux qui arrosent la sainte Cité. Je n’en retiens en ce moment qu’un seul, mais si intensément tendre, et dont les syllabes mêmes ont été toujours pour mon âme comme une caresse de mère : « Je t’ai aimé d’un amour éternel, c’est pourquoi je t’ai attiré vers moi par miséricorde » (Jérémie 31,3). »

(Écrits spirituels, tome 1, page 81 s)

A propos moinillon

jacques172.com
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