Comme tout vrai contemplatif, dom Guillerand se plaît dans les prières simples et courtes car l’attention se porte ainsi plus facilement sur l’objet visé. Dans une conférence donnée aux frères convers de son monastère, voici comment ce moine chartreux aborde l’explication de la prière enseignée par Jésus, le Notre Père:
« L’oraison dominicale, le Pater, est la prière parfaite, la prière par excellence, la prière qui résume toutes les autres. Elle établit entre l’âme et Dieu un rapport qui est proprement et véritablement la vie éternelle.
Quand nous prononçons bien ce simple mot «Père», quand nous y mettons bien toute la richesse de sens qu’il comporte, quand, en le prononçant, nous nous tenons bien détournés de tout ce qui n’est pas lui et tout tournés vers lui seul, quand nous voyons bien par la foi le mouvement de ce Père qui verse sa vie et son être en notre âme, qui y grave ses traits, qui nous fait fils, à son image et à sa ressemblance, quand nous accueillons avec amour ces traits, quand, en un mot, nous nous donnons comme il se donne, il est certain, absolument certain, que les trois Personnes de la Sainte Trinité sont là, en nous, que la félicité infinie qui est cette vie même est participée par notre âme, sous un voile, sans doute, le voile de la foi, mais, encore une fois, très réellement, et il faut y penser.
Et c’est pourquoi, une âme, si elle y est attirée par la grâce, peut se contenter de cette prière, et même, ce qui est évidemment plus rare et exceptionnel, s’en tenir au premier mot qui dit tout. Le divin Maître, cependant, en dictant cette prière, en a ajouté d’autres, non pour la changer ni pour la compléter, mais pour la mettre en une lumière plus vive. »
(Écrits spirituels, tome 2, page 26)