
Aujourd’hui comme hier, la perspective de devoir perdre un enfant jette les parents dans le plus profond désarroi. À qui ou à quoi se vouer pour contrecarrer ce qui semble inéluctable? C’est dans un tel contexte que l’évangéliste saint Jean raconte la démarche désespérée d’un père auprès de Jésus (Jean 4, 43-54). En voici le commentaire par notre ami, dom Guillerand:
« De ce séjour en Galilée l’évangéliste n’a retenu qu’un fait, un fait très expressif et touchant, mais un seul. Son allusion aux prodiges opérés à Jérusalem durant les jours de fête et qu’il ne raconte pas nous laisse entrevoir tout ce qu’il passe ainsi sous silence, et combien le bon Dieu, dans l’Écriture, se limite au strict nécessaire. Là encore, quelle différence avec notre besoin d’écrire, de parler, d’agir, de nous mettre en évidence, de vouloir que tout de notre vie et de notre activité soit connu, de croire que tout est important, sinon même indispensable.
Jésus est à Cana, dans la petite cité de son premier miracle. Le bruit de ce miracle s’est répandu dans le pays, a soulevé l’attention autour du divin Maître. Son retour met en émoi la région, surtout ceux qui souffrent et peuvent espérer un soulagement à leur peine. Or, un officier d’Hérode qui vivait à Capharnaüm avait un fils malade, à toute extrémité: « Il commençait à mourir ». C’était cette heure dont nous disons couramment: « C’est la fin ». Ceux qui entourent le malade ne se résignent pas à ce dénouement; ils le voient venir; ils en perçoivent tous les signes. La raison leur dit, comme aux autres: « C’est la fin ». Mais le cœur espère contre toute espérance. Ils se rattachent à tout pour garder cet espoir. C’est dans cet état d’âme que l’officier apprend la présence de Jésus à Cana.
Capharnaüm est dans la plaine, au bord du lac; Cana est sur les hauteurs. Il s’y rend … on devine avec quelle hâte et quelle anxiété! On devine aussi quelle confiance l’anime. Une droiture d’âme naturelle, qui est très manifeste, et la souffrance s’unissent pour la lui inspirer. Ces deux circonstances lui assuraient l’intérêt du divin Maître. Mais Jésus veut parfaire cette confiance qui l’attire irrésistiblement et qui noue entre lui et une âme des rapports aimés. Il semble l’accueillir presque durement; il lui reproche son manque de foi, ce besoin de voir pour croire. En réalité le reproche n’existe pas, ou seulement dans la forme: « Si vous ne voyez pas … vous ne croyez pas ». Il lui demande de réaliser la condition essentielle de toute foi vraie: croire sans voir. »
(Écrits spirituels, tome 1, page 241 s)
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Aujourd’hui comme hier, la perspective de devoir perdre un enfant jette les parents dans le plus profond désarroi. À qui ou à quoi se vouer pour contrecarrer ce qui semble inéluctable? C’est dans un tel contexte que l’évangéliste saint Jean raconte la démarche désespérée d’un père auprès de Jésus (Jean 4, 43-54). En voici le commentaire par notre ami, dom Guillerand:
« De ce séjour en Galilée l’évangéliste n’a retenu qu’un fait, un fait très expressif et touchant, mais un seul. Son allusion aux prodiges opérés à Jérusalem durant les jours de fête et qu’il ne raconte pas nous laisse entrevoir tout ce qu’il passe ainsi sous silence, et combien le bon Dieu, dans l’Écriture, se limite au strict nécessaire. Là encore, quelle différence avec notre besoin d’écrire, de parler, d’agir, de nous mettre en évidence, de vouloir que tout de notre vie et de notre activité soit connu, de croire que tout est important, sinon même indispensable.
Jésus est à Cana, dans la petite cité de son premier miracle. Le bruit de ce miracle s’est répandu dans le pays, a soulevé l’attention autour du divin Maître. Son retour met en émoi la région, surtout ceux qui souffrent et peuvent espérer un soulagement à leur peine. Or, un officier d’Hérode qui vivait à Capharnaüm avait un fils malade, à toute extrémité: « Il commençait à mourir ». C’était cette heure dont nous disons couramment: « C’est la fin ». Ceux qui entourent le malade ne se résignent pas à ce dénouement; ils le voient venir; ils en perçoivent tous les signes. La raison leur dit, comme aux autres: « C’est la fin ». Mais le cœur espère contre toute espérance. Ils se rattachent à tout pour garder cet espoir. C’est dans cet état d’âme que l’officier apprend la présence de Jésus à Cana.
Capharnaüm est dans la plaine, au bord du lac; Cana est sur les hauteurs. Il s’y rend … on devine avec quelle hâte et quelle anxiété! On devine aussi quelle confiance l’anime. Une droiture d’âme naturelle, qui est très manifeste, et la souffrance s’unissent pour la lui inspirer. Ces deux circonstances lui assuraient l’intérêt du divin Maître. Mais Jésus veut parfaire cette confiance qui l’attire irrésistiblement et qui noue entre lui et une âme des rapports aimés. Il semble l’accueillir presque durement; il lui reproche son manque de foi, ce besoin de voir pour croire. En réalité le reproche n’existe pas, ou seulement dans la forme: « Si vous ne voyez pas … vous ne croyez pas ». Il lui demande de réaliser la condition essentielle de toute foi vraie: croire sans voir. »
(Écrits spirituels, tome 1, page 241 s)
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