
Après l’épisode de la Samaritaine, l’évangéliste Jean nous présente le retour de Jésus en Galilée et plus précisément à Cana où le Maître avait changé l’eau en vin. Laissons dom Guillerand poursuivre son commentaire des événements:
« Après la riche moisson qu’il venait de faire, Jésus ne crut pas devoir prolonger son séjour (à Sychar). Ce n’était pas l’heure de fonder et d’organiser des communautés et de poursuivre sur place un ministère qui devait être confié plus tard à ses disciples. Ceux-ci devaient moissonner ce qu’il semait en hâte, à la veille de l’hiver. Maintenant c’était l’automne, les journées brèves où l’on creuse le sillon pour y jeter le grain que l’on n’est pas assuré de récolter. Le Maître travaille pour un avenir qu’il connaît et qui lui apportera la joie de la moisson. D’autres la goûteront, cette joie, et il la goûtera lui-même par eux: car ce sont « les siens ».
Jésus se rend en Galilée. Il poursuit la route qui l’éloigne de la Judée où il a déjà soulevé la jalousie. La Judée est cependant sa patrie: il est descendant de David, de la tribu de Juda. Il aurait eu droit à un autre accueil. Mais il arrive souvent qu’un prophète n’est pas accepté par ses compatriotes; ils l’ont vu naître, grandir; ils connaissent son origine, sa famille, toutes ses attaches et toute son existence humaines; ils ont peine à reconnaître en lui un voyant, un élu de Dieu, un porteur de sa parole et de sa vérité. Les hommes ont comme besoin que Dieu s’enveloppe de mystère, et que ceux qui le représentent ici-bas y baignent. C’est un hommage rendu à sa grandeur; jusqu’à la venue du divin Fils en la simplicité de sa vie terrestre, ce sentiment était très profond, le péché l’avait creusé dans les âmes détournées du Père et qui ne voyaient plus en lui que le Maître, un Maître irrité.
La Galilée aussi était sa patrie: c’est là qu’il avait grandi et qu’il avait caché sa grandeur divine sous les voiles de la pauvreté, d’une humble famille, d’une enfance obscure et d’une vie d’ouvrier. Ce témoignage qu’il rend lui-même à la méconnaissance des prophètes en leur pays ne s’applique-t-il pas à cette région qui avait été la sienne? Et saint Jean ne le rapporte-t-il pas pour expliquer que Notre-Seigneur ne se rende pas à Nazareth, mais à Cana? Ce verset de l’évangéliste reste obscur, comme tant d’autres. Dieu le permet pour que nous sachions le rejoindre par la foi à travers les obscurités. La foi qui les traverse est plus claire que la science qui les expliquerait. Elle nous unit à lui par un autre chemin que la raison. Ce chemin est plus sûr, et la lumière où il conduit est la Lumière même. Les Galiléens font bon accueil au divin Maître. Ils ne sont pas encore atteints par des influences hostiles. Ils suivent leur nature simple et droite. Jésus a accompli à Jérusalem des merveilles qui révèlent une mission divine; ils croient à cette mission; et ils le reçoivent comme envoyé de Dieu. Ainsi se manifeste à chaque pas ce qu’il recherche et récompense, ce qui ouvre la porte de son royaume. »
(Écrits spirituels, tome 1, page 240 s)
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De Sychar à Cana
Après l’épisode de la Samaritaine, l’évangéliste Jean nous présente le retour de Jésus en Galilée et plus précisément à Cana où le Maître avait changé l’eau en vin. Laissons dom Guillerand poursuivre son commentaire des événements:
« Après la riche moisson qu’il venait de faire, Jésus ne crut pas devoir prolonger son séjour (à Sychar). Ce n’était pas l’heure de fonder et d’organiser des communautés et de poursuivre sur place un ministère qui devait être confié plus tard à ses disciples. Ceux-ci devaient moissonner ce qu’il semait en hâte, à la veille de l’hiver. Maintenant c’était l’automne, les journées brèves où l’on creuse le sillon pour y jeter le grain que l’on n’est pas assuré de récolter. Le Maître travaille pour un avenir qu’il connaît et qui lui apportera la joie de la moisson. D’autres la goûteront, cette joie, et il la goûtera lui-même par eux: car ce sont « les siens ».
Jésus se rend en Galilée. Il poursuit la route qui l’éloigne de la Judée où il a déjà soulevé la jalousie. La Judée est cependant sa patrie: il est descendant de David, de la tribu de Juda. Il aurait eu droit à un autre accueil. Mais il arrive souvent qu’un prophète n’est pas accepté par ses compatriotes; ils l’ont vu naître, grandir; ils connaissent son origine, sa famille, toutes ses attaches et toute son existence humaines; ils ont peine à reconnaître en lui un voyant, un élu de Dieu, un porteur de sa parole et de sa vérité. Les hommes ont comme besoin que Dieu s’enveloppe de mystère, et que ceux qui le représentent ici-bas y baignent. C’est un hommage rendu à sa grandeur; jusqu’à la venue du divin Fils en la simplicité de sa vie terrestre, ce sentiment était très profond, le péché l’avait creusé dans les âmes détournées du Père et qui ne voyaient plus en lui que le Maître, un Maître irrité.
La Galilée aussi était sa patrie: c’est là qu’il avait grandi et qu’il avait caché sa grandeur divine sous les voiles de la pauvreté, d’une humble famille, d’une enfance obscure et d’une vie d’ouvrier. Ce témoignage qu’il rend lui-même à la méconnaissance des prophètes en leur pays ne s’applique-t-il pas à cette région qui avait été la sienne? Et saint Jean ne le rapporte-t-il pas pour expliquer que Notre-Seigneur ne se rende pas à Nazareth, mais à Cana? Ce verset de l’évangéliste reste obscur, comme tant d’autres. Dieu le permet pour que nous sachions le rejoindre par la foi à travers les obscurités. La foi qui les traverse est plus claire que la science qui les expliquerait. Elle nous unit à lui par un autre chemin que la raison. Ce chemin est plus sûr, et la lumière où il conduit est la Lumière même. Les Galiléens font bon accueil au divin Maître. Ils ne sont pas encore atteints par des influences hostiles. Ils suivent leur nature simple et droite. Jésus a accompli à Jérusalem des merveilles qui révèlent une mission divine; ils croient à cette mission; et ils le reçoivent comme envoyé de Dieu. Ainsi se manifeste à chaque pas ce qu’il recherche et récompense, ce qui ouvre la porte de son royaume. »
(Écrits spirituels, tome 1, page 240 s)
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