La proximité de la fête de la Toussaint m’incite à vous présenter un texte de dom Augustin Guillerand sur la louange des bienheureux, louange déjà commencée sur terre par de saintes âmes, et qui attise notre espérance de la vie éternelle:
« Toute prière est une louange; celle même du publicain qui se frappe la poitrine est une hymne à la grandeur de Dieu. Elle proclame sa miséricordieuse bonté qui est la cime même de cette grandeur. L’Amour qui relève après la faute c’est l’Amour qui récompense au soir de la lutte. Lui demander son soutien, c’est affirmer sa force.
On semble réserver cependant ce titre de « louange » au chant des âmes pour lesquelles le combat a cessé, ou parce qu’elles ont quitté le champ de bataille et gagné la patrie, ou parce que leur adhésion au Maître est telle qu’elles ont trouvé en lui le lieu de repos. N’ayant plus rien à craindre ni à demander, toute transformation accomplie, elles n’ont plus qu’à vivre selon cette forme nouvelle; toute leur activité est de se tenir dans la grande joie d’être à lui, d’être pour lui, par lui, en lui … Cette joie est leur prière. « L’allégresse éternelle est la couronne de leurs têtes » dit Isaïe (35, 10); elle rayonne et ce rayon chante Celui qui le produit: c’est le « candor lucis aeternae » (Sagesse 7, 26), le rayon éclatant de l’éternelle Lumière. « Heureux ceux-là, dit le psalmiste, heureux ceux qui sont logés dans la demeure de Dieu, cette demeure est la louange éternelle » (Psaume 83, 5).
L’Église, épouse de Jésus et de l’Esprit-Saint, mère des âmes, institutrice des chrétiens, a rempli ses Offices de louanges, et la prière de jubilation devant Dieu en est la forme habituelle. »
(Écrits spirituels, tome 1, page 65)