Des prières stériles, selon un Chartreux

OIP

Toute prière n’est pas nécessairement bonne: elle peut être accomplie par routine, par orgueil ou par méfiance. Si tel est le cas, nul doute qu’elle sera ignorée de Dieu et donc sans effets escomptés! Dans ses écrits sur la prière, dom Augustin Guillerand a abordé le cas des prières stériles, écoutons-le:

« Il n’y a pas de prière stériles, il y a des âmes desséchées. La prière de l’âme desséchée n’est pas une prière, n’est pas une élévation vers Dieu. Cette âme-là n’est pas en face de Dieu, à sa hauteur. Elle reste en elle-même, et elle y végète et elle y meurt. Seules les lèvres murmurent des mots qui pourraient être des prières, ou les bras se tendent en des gestes qui ressemblent à un mouvement vers le ciel. Rien, dans les profondeurs spirituelles, n’accompagne ces manifestations extérieures qui mentent. « Ces lèvres m’honorent, dit Jésus, mais leur cœur est loin de moi! » Il ne déteste rien de plus que ce mensonge. Et je le comprends! Il déchire l’unité humaine. Il donne au corps et à l’âme, substantiellement unis, deux mouvements divergents. Il nous abaisse au-dessous de nous-mêmes.

La prière de l’orgueil ne vaut pas beaucoup mieux: c’est celle du Pharisien au Temple. Il ne se met pas en face de Dieu, mais en face de lui-même, et il demande à Dieu d’en faire autant. Il cesse d’être en rapport avec la Personnalité infinie en laquelle toute personnalité humaine s’achève. Il reste séparé d’elle. Il n’est plus que « l’autre », celui qui n’a pas su se constituer en se libérant de lui-même et entrer dans la vérité de Dieu.

L’humilité n’est cependant pas la défiance (ou méfiance). Elle s’y oppose plutôt. Elle est une équation: c’est le juste rapport perçu, accepté, aimé, de ce qui est. Ce qui est, c’est que Dieu est l’Être même et que nous ne sommes qu’en lui. La prière de l’âme défiante ne dit que la moitié de cette vérité. Elle oublie la seconde, si capitale et si douce. Dieu ne peut fixer en elle ses traits; elle n’est pas le miroir transparent où il puisse reproduire son image et engendrer. En un mot, aux pieds du Seigneur, quand on prie, il faut être fils et dire: « Notre Père ». »

(Écrits spirituels, tome 1, page 61)

A propos moinillon

jacques172.com
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