Parler de Dieu, même à l’aide des lumières reçues de la Révélation, peut sembler une tâche à tout le moins prétentieuse si ce n’était, aujourd’hui, la fête de la Très Sainte Trinité; étant prêtre, noblesse oblige!
DIEU. Autrefois, le simple mot suscitait respect et dévotion … aujourd’hui, beaucoup préfèrent n’en pas parler car la gêne suscitée risque d’incommoder les interlocuteurs. Dans nos sociétés occidentales, le mot est quasiment tabou dans les sphères politique et culturelle. Et pourtant, Dieu existe depuis toujours et il n’est pas prêt à disparaître! Plusieurs philosophes païens ont su discerner son existence à partir de la Nature mais il aura fallu une intervention de Dieu lui-même dans l’histoire de l’homme pour consolider la foi en son existence: révélation juive d’abord, puis révélation chrétienne.
CRÉATEUR. Car le Dieu en qui nous croyons n’est pas n’importe quel Être mystérieux, il est à l’origine et à la fin de toutes choses: Α et Ω (alpha et oméga, première et dernière lettre de l’alphabet grec). Donc, Dieu est nécessairement unique, selon le bel énoncé: « Écoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur » (Deut 6, 4). Jésus, dans l’Évangile, n’a-t-il pas lui-même cité ces paroles du Deutéronome en ajoutant la suite du texte « et tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, etc. »? Car l’amour appelle l’amour! Créatures, nous ne pouvons que rendre grâce à cet Être mystérieux qui nous a partagé non seulement l’existence mais aussi la connaissance et la faculté d’aimer.
UN DIEU EN TROIS PERSONNES. « C’est ici que les affaires se corsent » dirait mon ancien professeur. Avouons que cette révélation extraordinaire s’est faite progressivement dans la communauté chrétienne, tout au long du premier siècle jusqu’à la mort du dernier Apôtre. Les épitres et les évangiles laissent soupçonner, en effet, une précision graduelle du dogme des trois Personnes divines grâce au travail de l’Esprit Saint, tel que promis par Jésus ( « Il vous conduira dans la vérité toute entière » Jean 16, 13 ). En continuité avec l’Ancien Testament, Jésus nous a parlé plus à fond de la paternité et de l’infinie miséricorde du Père. Fils de Dieu, image de cet Être invisible (Col 1, 18), il s’est également dit « le chemin » vers le Père. Et c’est précisément dans ce cheminement spirituel que se précisent l’existence et le rôle indispensable de l’Esprit Saint dans notre vie d’enfant de Dieu; animation vitale confirmée par la belle définition paulinienne du chrétien: « Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu » (Romains 8, 14).
« Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant … en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils unique de Dieu … en l’Esprit Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie … ». Cette formulation fondamentale de notre foi chrétienne a nécessité, au 4e siècle, deux conciles œcuméniques (Nicée et Constantinople) afin de bien établir ce que la Tradition nous avait transmis: un Dieu en trois Personnes! Mystère de foi plus facile à vivre qu’à expliquer, avouons-le! Enfants de Dieu, puissions-nous vivre à fond ce mystère par une grande fidélité à l’enseignement du Christ, sous la sage direction de l’Esprit Saint. Amen!