Joyeux de ne pas comprendre

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Après avoir célébré la fête de la Très Sainte Trinité, il peut s’avérer intéressant de connaître la réaction du contemplatif hors pair que fut dom Augustin Guillerand face à la transcendance divine. Sans entrer dans ses explications profondes et quelque peu techniques de la vie intime des Trois Personnes, voici ce qu’il pense du mystère de la Nature divine:

« A-t-on dit ce qu’est Dieu? On a dit seulement ce qu’il n’est pas. C’est tout ce que l’on peut faire. Nous ne devons pas nous en plaindre; nous devons-nous en féliciter. Car définir un être c’est en indiquer ses limites; or il est l’Infini. Cela doit nous ravir et éternellement cela nous comblera. Nous pourrons le contempler sans fin, et sans fin nous découvrirons en lui des perfections et des beautés nouvelles, et sans fin il nous apparaîtra  aussi inconnu, aussi inexploré et aussi attrayant que si l’œil de nos âmes, agrandi par la clarté du ciel, se levait sur lui pour la première fois. (…)

Où donc est le mystère des Trois qui ne font qu’Un? Le mystère est dans le fini; dans l’étroitesse de notre esprit borné en face de Dieu sans bornes. Le mystère, c’est la lumière du soleil que nos yeux ne peuvent percer; le mystère est l’éblouissement. Je ne puis enfermer en moi ce qui est plus grand que moi. En moi, je ne vois qu’une personne, j’en conclus: une nature ne peut être qu’une personne, trois personnes dans une seule nature, impossible. Impossible? Non, mais mystérieux à mon esprit. Je puis dire: je ne comprends pas, je ne puis pas dire: cela n’est pas. (…)

Même au ciel nous ne comprendrons pas entièrement Dieu. Comprendre, c’est prendre en soi, c’est tenir, contenir. Or Dieu déborde notre esprit. Nous le verrons; il surélèvera notre esprit pour accueillir sa propre Lumière. Mais il n’entrera pas dans notre esprit avec son infinité. Il se proportionnera à la mesure bornée de notre faculté surélevée. Océan infini, dont le fond recule à mesure qu’on avance, dont la largeur s’étend sans fin. Notre gloire et notre joie seront précisément d’avoir un Père qui nous dépasse à l’infini. Nous jouirons ainsi de ce que nous ne comprenons pas; nous exulterons de ne pas comprendre. »

(Écrits spirituels, tome 2, page 257 ss)

A propos moinillon

jacques172.com
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3 commentaires pour Joyeux de ne pas comprendre

  1. Dichan dit :

    C’est le propre d’une grande sagesse de reconnaître ses limites et d’accepter de s’arrêter devant le mystère, de l’accepter humblement à défaut de le percer !
    Savoir rester « au seuil de l’abîme de Dieu » : tout est dit en quelques mots denses dans le titre de l’ouvrage de Dom Guillerand…

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  2. Andre Trudel dit :

    Mon nouveau email andretrudel14@hotmail.com Envoyé à partir de Yahoo Courriel sur Android

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  3. AnaStpaul dit :

    Already now I believe it is possible to enjoy and exult in what we do not understand, for in this vale of tear, we do know one thing – this Great and Glorious God of ineffable magnitude is our Father – our Father and our Brother and our Spirit of life.

    Aimé par 1 personne

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