La grande prière eucharistique de la messe débute par une action de grâce (appelée Préface) et celle-ci se termine par le chant angélique Saint, Saint, Saint. C’est l’occasion pour dom Guillerand, dans son explication à sa sœur ainée, de s’exprimer sur la présence de la cour céleste au saint sacrifice de la messe:
« Mon Dieu, j’ai supprimé les mots et les voix de la terre pour mieux entendre les mots et les voix du ciel. La Messe est votre venue; seul le chant de louange éternelle peut accueillir le divin Roi, qu’il célèbre à jamais.
O divin Roi, vous ne vous déplacez pas sans votre cour. Par quel mystère les anges et les saints vous escortent-ils? Je ne cherche pas à l’expliquer. Je sais que cela est; cela ne peut pas ne pas être; l’Amour n’est pas sans ses aimés. Voilà les voix que je veux entendre et auxquelles je veux unir ma voix: Anges et Archanges, Trônes et Dominations, Principautés et Puissances, Chérubins et Séraphins, vous dont la grandeur toute spirituelle et l’éclat simple et pur me dépassent, et qui n’en êtes pas moins pour moi si véritablement des amis et des frères … Et vous, saints et bienheureux, vous qui avez connu nos luttes de la terre et savez l’insuffisance de nos chants d’ici-bas, venez tous avec le divin Roi et dites-moi, chantez en moi et pour moi les hymnes dont vous le réjouissez là-haut: Sanctus, Sanctus, Sanctus!
Il est saint! Voilà le grand cantique du ciel. Saint! c’est-à-dire séparé. C’est vrai, vous ne ressemblez à rien. Vous êtes différent de tout, supérieur à tout. Je ne puis rien dire de plus. Tout ce que j’ajouterais serait indigne de votre gloire. Ce serait vous comparer à des créatures; vous les dominez toutes sans exception. Entre la plus haute et vous il y a l’infini. J’aime mieux vous séparer d’elles, vous regarder tout seul et chanter comme on chante au ciel: Saint! Saint! Saint! c’est-à-dire incomparable. Vous comparer serait vous diminuer. Votre gloire, c’est d’occuper des hauteurs inaccessibles. Hosanna in excelsis, gloire à vous sur ces hauteurs! Gloire à vous qui, sans les quitter et sans cesser d’être le Dieu unique, consentez à venir jusqu’à nous!
« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut des cieux . »
(Écrits spirituels, tome 2, page 122)