La messe n’est pas qu’une prière, c’est également un sacrifice! À la liturgie de la Parole succède la liturgie eucharistique. Que pouvons-nous offrir à Dieu? Écoutons les sages conseils de dom Guillerand à sa sœur âgée et impotente:
« Mon Dieu, jusqu’ici je n’ai que prié. Une messe n’est pas une prière ordinaire, c’est une prière très particulière qui s’appelle un sacrifice. Les prières que je viens de faire ont élevé mon âme jusqu’à vous, elles m’ont mis à votre hauteur, elles m’ont préparée au sacrifice. Maintenant je dois et je veux l’accomplir.
Que puis-je vous offrir? Que puis-je vous sacrifier? Le pain sur la patène d’or, le vin dans la coupe du calice ne vous attire pas par leur valeur propre; vous les agréez parce qu’ils vont devenir votre Corps et votre Sang, et surtout parce que sous cette forme vous pouvez donner libre cours au désir immense qui vous consume de vous unir à nous et de nous transformer en vous. La transformation en vous, la communication de vous-même (infiniment et éternellement beau) à nous-mêmes, pauvres et si pleins de faiblesse et de misères, l’union c’est-à-dire la communauté de pensée, de sentiments, de volonté, d’activité, voilà votre rêve divin et aimant. Le pain et le vin dont vous voulez nous nourrir, c’est vous. Et le pain et le vin dont vous voulez vous nourrir, c’est nous. C’est moi, moi-même, mon corps et mon âme, mon être tel qu’il est et tel que vous le connaissez si bien, avec ses imperfections et ses insuffisances; voilà ce que je dépose à vos pieds, voilà mon offrande.
Faites-en ce que vous voulez. Vous voulez me transformer en vous; transformez! Vous voulez immoler en moi ce qui s’oppose à cette transformation, ce qui ne peut s’accorder à vous; immolez! Comme le pain et le vin que le prêtre vous offre sur l’autel, mon corps et mon âme sont à vous; ils viennent de vous; je n’en ai, moi, que l’usage. C’est cet usage que je vous sacrifie. Je vous le remets précisément pour reconnaître vos droits de Créateur et votre souverain domaine (…). »
(Écrits spirituels, tome 2, page 119)