Dans son opuscule Liturgie d’âme, dom Guillerand veut aider sa sœur, âgée et infirme, à s’unir à la messe dominicale de sa paroisse. Pour ce faire, il lui propose un monologue spirituel tout inspiré d’amour, de désirs et d’actions de grâce:
« Mon Dieu, je n’irai pas dans votre demeure de pierre aujourd’hui: je suis immobilisée dans la mienne et grande est la distance qui les sépare.
Votre vraie demeure c’est notre âme et c’est notre amour; « Si quelqu’un m’aime, avez-vous dit, il garde mes commandements et nous viendrons en lui et nous y demeurerons » (Jean 14, 23). Mon âme est donc un sanctuaire où vous résidez, Je puis vous y rejoindre, vous adorer, vous aimer, vous parler, vous dire mes besoins, ma faiblesse et aussi, pourquoi pas, mes bons mouvements et mes efforts. Je puis vous confier mes petites peines et les unir aux vôtres qui furent si grandes; je puis m’offrir à vous, avec tout ce que j’ai d’être et de vie, pour que vous fassiez de moi ce que vous voudrez … Je suis si sûre que ce que vous en ferez sera mon plus grand bien et votre plus grande gloire! Je puis vous demander de vous donner à moi, de me communiquer ces vertus qui me manquent et que vous possédez si parfaitement. Vous aimez tant cela, vous donner! Car vous êtes l’Amour même, c’est-à-dire le don de soi.
S’offrir, se sacrifier, se donner, n’est-ce pas là ce qui se fait à la messe? Offrande, immolation, communion. Je puis donc assister à une messe dans le temple de mon âme. Elle sera dite par vous et pour moi seule! Elle sera une heure douce et féconde dans la silencieuse solitude de mon dimanche. »
(Écrits spirituels, tome 2, page 108)