En 1928, le chartreux dom Augustin Guillerand rédigeait pour l’une de ses sœurs (dont la santé défaillante retenait souvent loin de l’église du village) une sorte de méditation sur la messe et les vêpres ; ainsi, pensait-il, la malade pourrait participer spirituellement aux offices du dimanche. Le titre de cet opuscule Liturgie d’âme n’a pas été choisi par dom Augustin, il est cependant tiré du texte. En voici un extrait qui traite de l’Offertoire de la messe :
« Mon Dieu, que puis-je vous offrir ? Que puis-je vous sacrifier ? Le pain sur la patène d’or, le vin dans la coupe du calice ne vous attirent pas par leur valeur propre; vous les agréez parce qu’ils vont devenir votre Corps et votre Sang, et surtout parce que sous cette forme vous pouvez donner libre cours au désir immense qui vous consume de vous unir à nous et de nous transformer en vous.
La transformation en vous, la communication de vous-même à nous-mêmes, pauvres et si pleins de faiblesse et de misères, l’union c’est-à-dire la communauté de pensée, de sentiments, de volonté, d’activité, voilà votre rêve divin et aimant. Le pain et le vin dont vous voulez nous nourrir, c’est vous. Et le pain et le vin dont vous voulez vous nourrir vous-même, c’est nous. C’est moi, moi-même, mon corps et mon âme, mon être tel qu’il est et tel que vous le connaissez si bien, avec ses imperfections et ses insuffisances : voilà ce que je dépose à vos pieds, voilà mon offrande. Faites-en ce que vous voulez. Vous voulez me transformer en vous; transformez ! Vous voulez immoler en moi ce qui s’oppose à cette transformation, ce qui ne peut s’accorder à vous; immolez ! Comme le pain et le vin que le prêtre vous offre sur l’autel, mon corps et mon âme sont à vous ; ils viennent de vous; je n’en ai, moi, que l’usage. C’est cet usage que je vous sacrifie. Je vous le remets précisément pour reconnaître vos droits de Créateur et votre souverain domaine. »
(Écrits spirituels, tome 2, page 119)
Merci infiniment de nous faire partager ce Trésor de si grande Beauté ! Comment une âme humaine peut-elle imaginer la prondeur d’Amour d’un Dieu qui a un désir dévorant de s’unir à elle, si pauvre, si dénuée ! Le moindre petit mouvement d’Amour de notre part Lui fait un plaisir infini ! Et pourtant nous sommes si peu de chose à côté de Lui car nous tenons de Lui tout ce que nous sommes, nos moindres élans de bonté viennent de Lui. C’est pourquoi nous devons prier avec tant d’intensité pour ceux qui nous blessent, afin de Le réjouir !
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