Lecture méditée de la Bible (Chartreuse de Portes)
Comme tout prologue, celui du quatrième évangile signale les thèmes qui seront ensuite développés dans l’œuvre: Jésus lumière du monde (ch. 8), pain de vie (ch.6), etc. Mais il y a plus: cette révélation du Verbe incarné se fait manifestement en petites touches successives, propres au style de Jean dont la pensée se déploie non de façon rectiligne mais circulaire! Laissons la parole à dom Guillerand qui termine ainsi son commentaire du Prologue :
« En toutes ces paroles nous parle la Voix divine qui dit: « J’éclaire et j’aime. J’éclaire mon amour; je révèle que mon Être c’est d’aimer et se donner. Quiconque entend cela me connaît, me voit. Il reçoit en lui mes traits; il devient mon image, et en moi il voit le Père.» J’aurais pu me contenter d’écrire cette dernière phrase. Elle dit tout; mais elle ne représentait pas au début ce qu’elle exprime maintenant à mon esprit cependant si court. Ainsi se lève en nous la lumière, par petites touches successives dont la suivante ne semble rien ajouter à la précédente, et dont l’ensemble sera néanmoins l’ineffable splendeur de ma vie éternelle.
Il ne faut donc ni cesser d’écrire, ni cesser de méditer, de regarder, de tendre mon âme vers la Lumière vraie qui sans cesse se donne, accueillir ce qu’elle donne, quand et comme elle se donne. Le temps successif prépare la durée stable; les mouvements répétés s’achèvent dans le mouvement qui persiste. Je fais des exercices; j’apprends à voir et à vivre. Tout effort est un pas vers la vérité même et la vraie vie. Ceux-là seuls y arrivent qui se résignent à cette marche et qui ont le courage de recommencer.
Je ne regrette pas les heures consacrées à écrire ces pages, si j’ai compris la nécessité de ce courage et la valeur pratique de ces recommencements. (17 septembre 1942) »
(Écrits spirituels, tome 1, page 125)
Merci infiniment pour ce merveilleux commentaire de Dom Guillerand. Oui, comme Dieu se révèle à nous peu à peu au fur et à mesure que nous nous plongeons dans Son mystère ! Tout à coup nous saisissons quelque chose de l’incompréhensible, de ce qui paraît tel à nos intelligences limitées, mais l’âme, elle, est conçue pour percevoir l’infini ! Et Dieu se plaît tellement à la combler, si nous laissons glisser notre cœur dans Son cœur !
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