Écoutons, aujourd’hui, dom Guillerand poursuivre son introduction au Prologue de l’évangile de Jean:
« Voilà la joie, parfois grisante, toujours douce et incomparable, de cette méditation: ce qu’elle donne n’est rien; ce qu’elle promet est beaucoup plus: « Ceux qui me mangent auront toujours faim, ceux qui me boivent toujours soif » (Ecclésiatique 24,29). C’est profondément vrai. Dieu, sa vérité, sa vie, sa beauté, toute la plénitude sans nom que nos mots s’efforcent en vain de traduire, c’est un aliment qui comble sans rassasier.
« Au commencement était le Verbe » (Jean 1,1). Saint Jean, en commençant d’écrire son évangile nous place tout de suite sur ces hauteurs, en face du Verbe, de Celui qui était quand tout a commencé, par qui tout a commencé et qui, lui, n’a jamais commencé. Il a raison: Jésus est d’abord cela. On ne le voit bien que dans cette lumière, « Lumière vraie qui éclaire tout homme venant en ce monde » (Jean 1,9). C’est à la contempler qu’il invite le disciple aimé qu’André accompagnait dès leur première entrevue. « Maître, où demeurez-vous? » (Jean 1,38) lui demandèrent les deux disciples de Jean-Baptiste auxquels le Précurseur avait dit en montrant Jésus: « Voici l’Agneau de Dieu » … « Venez et voyez » avait répondu simplement Notre-Seigneur.
Il les avait emmenés chez lui. Quel était ce chez-lui? L’évangéliste ne le dit pas. Sa réponse vraie est dans ce premier mot de son évangile. La demeure de Jésus, c’est le Verbe. C’est là que Jean fut introduit dès ce premier jour. Il y est resté. Et c’est là qu’il nous conduit à son tour. Suivons-le et restons-y avec lui. »
(Écrits spirituels, tome 1, page 89 s)