Saint Bruno, fondateur des Chartreux (Serra, Italie)
Dom Augustin Guillerand, en authentique contemplatif, a fait l’expérience de l’habitation de l’Esprit Saint en lui. Dans une de ses nombreuses lettres, il compare cette prise de conscience à une aurore qui se lève et qui précède le Jour de la vision béatifique. Écoutons ce chartreux nous parler de sa vie intérieure:
« Animée par l’Esprit de Dieu, l’âme commence à voir comme l’Esprit voit, à juger comme il juge, à aimer comme il aime; il est le Maître intérieur, comme l’âme de cette âme, la clarté supérieure montrant sous leur vrai jour les biens passagers et leur faisant préférer les biens éternels. Au milieu des ténèbres, que la faute originelle a répandues en elle et autour d’elle, cette splendeur d’en-haut la conduit, la remplit de sécurité et de joie. Elle reconnaît dans ce rayon céleste le divin guide qui la mène infailliblement dans la Patrie.
Dès lors, les ténèbres même deviennent lumineuses; les biens qui passent, au lieu de retenir cette âme, lui rappellent les biens qui demeurent. Elle envisage les premiers à la clarté de ce rayon, elle y reconnaît des œuvres de ce Maître seul aimé; elle le bénit et le loue dans ces merveilles qui le reflètent; elle le loue en elle-même où il répand cette bienfaisante Lumière, où il est lui-même cette Lumière.
C’est vraiment un lever du jour, le lever du jour éternel, du Soleil de Justice dans l’âme. Comme la nature s’anime et semble revivre à chaque aurore, comme les vérités de l’esprit s’illuminent au fur et à mesure qu’on les découvre, ainsi l’âme éclairée par Dieu se voit elle-même et voit toutes choses dans une nouvelle clarté. »
(Écrits spirituels, tome 2, page 179)