Église de la Chartreuse de Marienau (sud de l’Allemagne)
Dom Guillerand avait un penchant très prononcé pour les écrits de l’évangéliste saint Jean. Il s’y retrouve comme chez lui; sa nature contemplative est tout à fait à l’aise avec celle de l’apôtre qui a écrit un évangile des plus spirituels. Dom Augustin nous a d’ailleurs laissé un commentaire de cet évangile qui est comme le résumé de son expérience mystique. Voici quelques lignes où il nous parle de saint Jean:
« Femme voilà votre fils ». Saint Jean est le disciple que j’aime, il n’a pas d’autre nom que celui-là; sa physionomie est d’être aimé, il représente tous ceux que j’aime. Un autre peut aimer davantage, c’est un autre aspect de la question. Peut-être même qu’un autre pourrait être aimé davantage, car l’amour qu’on donne à Dieu répond à l’amour qu’on reçoit de lui. Mais il ne s’agit pas du degré d’amour ni actif ni passif, il s’agit de représentation. Saint Jean au pied de la croix représente ceux que Jésus aime; il est le disciple aimé et tous ceux que Jésus aime sont en lui. Ce que Jésus fait pour lui, c’est ce qu’il fera pour les siens jusqu’à la fin des temps.
Jusqu’à la fin des temps, les disciples de Jésus et plus spécialement les natures intimes, intérieures, contemplatives, les êtres de tendresse, de sensibilité concentrée, auront avec Marie ces relations de fils à mère. Le Maître leur communiquera par elle son esprit. Il le leur communiquera au pied de la croix. Ils s’y trouveront sans avoir plus à lutter ni à souffrir que d’autres. Ils y seront par un concours de circonstances très particulières; ils s’y tiendront avec aisance. »
(Écrits spirituels, tome 2, page 289)