Détail de la Pietà (Michel-Ange, 16e siècle)
En contemplant ce chef-d’œuvre de sculpture qu’est la Pietà, la finesse des traits et l’unité de la composition, il nous est difficile de penser que tout cela n’était auparavant qu’un vulgaire bloc de marbre. La puissance de l’artiste n’en ressort que plus clairement.
En fait, tout travail d’artiste devrait nous jeter dans l’admiration (même si quelque fois le chef-d’œuvre escompté n’est pas toujours au rendez-vous). Je pense surtout au poète qui donne suite à son inspiration, au chef cuisinier qui n’en finit pas de raffiner son plat, aux parents qui s’efforcent chaque jour de mieux inculquer à leur enfant des valeurs pas toujours évidentes, etc. etc. L’artiste en chacun de nous tient un peu du créateur qui fait du beau avec des riens … mais quelle patience exigée tout au long du travail!
La puissance de l’artiste. Le vulgaire bloc de marbre n’a pas découragé Michel-Ange … l’immensité du Néant n’a pas arrêté Dieu face à une éventuelle création. Que dire! La suite prévisible d’une liberté humaine mal utilisée l’a plutôt poussée à se dépasser par une Incarnation inspirée d’un grand amour: le Créateur se fait créature pour sauver la créature! On comprend la réaction d’un penseur chrétien comme le fut Paul de Tarse: « Ô abîme de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu! Que ses décrets sont insondables et ses voies incompréhensibles! » (Romains 11,33)
S’il est un profit que l’on puisse tirer de la contemplation d’un chef-d’œuvre, c’est bien la perception que rien de beau ne peut se faire sans un certain acharnement au travail. Le rêveur est trop souvent un artiste paresseux qui veut la fin sans prendre les moyens. La passion et la fougue ont besoin d’une volonté efficace qui persévère contre vents et marées. Ne cessons pas de vouloir le beau et le bien … mais ayons l’humilité et le courage de passer à l’acte!