La Sainte montagne de l’Athos

Différents ermitages accrochés à la falaise.

La péninsule macédonienne de l’Athos est reconnue comme un haut lieu de la vie monastique orthodoxe. Une république monastique quasi autonome s’y est installée depuis le 9e siècle, tout en étant aujourd’hui rattachée à la Grèce moderne. S’y trouvent vingt monastères de l’Église orthodoxe en plus de multiples ermitages dont certains sont dangereusement accrochés aux falaises en quête d’une plus grande solitude.

La spiritualité orthodoxe diffère sensiblement de la spiritualité catholique entre autres en ce qu’elle met davantage l’accent sur certaines valeurs monastiques comme la prière du cœur, l’ascèse, le jeûne et la vénération des icônes. L’adoration eucharistique en dehors de la messe, la prière du Rosaire et l’attachement au Pape leur sont totalement étrangers.

En ce qui me concerne, je trouve grand plaisir aux icônes et à la liturgie byzantine ; la lecture de la vie de saints moines comme Silouane de l’Athos ou Séraphim de Sarov me nourrit beaucoup mais je suis moins friand de certaines dévotions comme de faire des centaines de métanies (prostations) par jour, etc. Une fois passé l’emballement pour l’exotisme orientale, je me suis rendu compte que le contenu spirituel est beaucoup plus important que le contenant matériel … et ce contenu je le rencontre facilement dans ma spiritualité occidentale. Cependant il nous faut admettre qu’on ne peut vraiment saisir la profondeur de telle ou telle pratique ascétique orientale si l’on ne fait pas partie du milieu religieux qui lui a donné naissance.

Voici donc quelques liens pour ceux et celles qui aimeraient en savoir davantage:  https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Athos  ,  https://fr.wikipedia.org/wiki/Silouane_de_l%27Athos

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Car il y a ermite et ermite !

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Au début de sa Règle monastique, saint Benoît parle des ermites en ces termes : «Animés d’une ferveur qui n’est plus celle de la première conversion, car une longue période de probation au monastère leur a appris, avec l’aide et les leçons de plusieurs, comment l’on tient tête au démon, ces moines, aguerris, sortent des rangs serrés de leurs frères pour affronter le combat singulier du désert, et, assurés de pouvoir se passer désormais de l’encouragement d’autrui, ils ne comptent plus que sur le secours de Dieu et sur eux-mêmes dans la lutte  qu’ils soutiendront à la seule force de leur bras et de leur poing, contre les vices de la chair et des pensées » (Chap. 1). Le vingtième siècle a connu une certaine recrudescence de vocations d’ermite (hommes et femmes), surtout en France ; plusieurs se rappelleront dom André Louf, auteur spirituel de renom et abbé de l’abbaye trappiste du Mont-des-Cats (Nord),  qui se retira (après 35 ans d’abbatiat) dans un petit ermitage adossé à l’abbaye bénédictine de Sainte-Lioba (en Provence) où il vécut solitaire durant 13 ans. 

Dans son nouveau Code de droit canonique (1983), l’Église catholique a reconnu officiellement deux anciennes formes de vie consacrée (tombées en désuétude au log des âges): la vie d’ermite et celle des vierges consacrées ! Au sujet des ermites, voici ce que dit le canon 603 : « §1. Outre les instituts de vie consacrée, l’Église reconnaît la vie érémitique ou anachorétique, par laquelle des fidèles vouent leur vie à la louange de Dieu et au salut du monde dans un retrait plus strict du monde, dans le silence de la solitude, dans la prière assidue et la pénitence. §2. L’ermite est reconnu par le droit comme dédié à Dieu dans la vie consacrée s’il fait profession publique des trois conseils évangéliques scellés par un vœu ou par un autre lien sacré entre les mains de l’Évêque diocésain, et s’il garde, sous la conduite de ce dernier, son propre programme de vie. » De ce texte officiel, l’on retiendra que la vie d’ermite «catholique» n’est pas laissée aux caprices d’un chacun mais exige un minimum de maturité spirituelle ainsi qu’un lien étroit avec l’évêque du diocèse.

Ceci étant dit, qu’en est-il de l’ermite urbain ? Les appels à la vie consacrée sont divers et difficiles à classifier. Force est d’admettre avec saint Paul, que « chacun reçoit de Dieu son don particulier, celui-ci d’une manière, celui-là de l’autre » (1 Corinthiens 7, 7). Pour plusieurs croyant(e)s, la vie urbaine s’est avérée une occasion providentielle de vivre leur attachement au Christ dans l’anonymat et dans la prière contemplative, seul avec le Seul, à l’exemple des recluses du Moyen-Âge, tout en profitant des secours non minimes de la société moderne et conservant un lien étroit avec la vie sacramentelle des paroisses environnantes. À ces personnes, isolées pour diverses raisons (âge, retraite, handicap ou goût personnel) et souvent ignorées de l’évêque diocésain, pourrait-on refuser l’appellation générique d’ermite urbain ? Pour ma part, prêtre à la retraite, je n’hésite pas à me désigner ainsi, y trouvant un véritable réconfort dans le monde complexe et merveilleux du Corps mystique du Christ. Puisse l’exemple de Jeanne Le Ber, recluse à Montréal durant 35 ans et morte en odeur de sainteté († 1714), m’inciter à une plus grande fidélité à mon style de vie actuel pour être (Dieu le voulant) une petite lampe ou tout au moins une humble sentinelle dans la nuit de la cité. Amen !

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La prière communautaire par excellence !

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La plus belle des prières communautaires chrétiennes est sans contredit la célébration de l’eucharistie ! Connue au début de l’Église comme « la fraction du pain », cette prière communautaire s’est perpétuée jusqu’à nous avec les adaptations nécessaires. Comment se déroulait la Fraction du pain chez les premiers chrétiens ? Voici ce qu’en dit le bibliste Yves Guillemette : « Tout ce que nous savons, c’est que les premiers chrétiens se réunissaient, le jour du Seigneur ou le premier jour de la semaine, pour le rite de la fraction du pain. La rencontre avait lieu dans la maison de l’un des leurs. En plus de la fraction du pain, on prenait un repas en commun. On peut sans doute penser que les premiers chrétiens ont puisé dans le trésor de la prière rituelle juive les actions de grâces et les bénédictions dont ils avaient besoin pour leur célébration ». 

Le premier témoin de l’Eucharistie telle que célébrée à Rome est le philosophe saint Justin (†165) qui nous en décrit le déroulement dans sa première Apologie:

« Personne ne doit prendre part à l’Eucharistie, sinon celui qui croit à la vérité de notre doctrine, qui a été baptisé pour obtenir le pardon des péchés et la nouvelle naissance, et qui vit selon l’enseignement que le Christ nous a transmis. (…) En effet, les Apôtres, dans leurs mémoires qu’on appelle évangiles, nous ont ainsi transmis l’ordre de Jésus : Il prit du pain, il rendit grâce et il dit: Faites cela en mémoire de moi. Ceci est mon corps. Il prit la coupe de la même façon, il rendit grâce et il dit: Ceci est mon sang. Et c’est à eux seuls qu’il le distribua. Depuis ce temps, nous n’avons jamais cessé d’en renouveler la mémoire entre nous. (…)

Le jour appelé jour du soleil, tous, qu’ils habitent la ville ou la campagne, ont leur réunion dans un même lieu, et on lit les mémoires des Apôtres et les écrits des prophètes aussi longtemps qu’il est possible.

Quand le lecteur a fini, celui qui préside fait un discours pour nous avertir et pour nous exhorter à mettre en pratique ces beaux enseignements.

Ensuite, nous nous levons tous et nous faisons ensemble des prières. Puis, lorsque nous avons fini de prier, ainsi que je l’ai déjà dit, on apporte le pain avec le vin et l’eau. Celui qui préside fait monter au ciel des prières et des actions de grâce, autant qu’il en est capable, et le peuple acclame en disant : Amen. Puis on distribue et on partage à chacun les dons sur lesquels a été prononcée l’action de grâce ; ces dons sont envoyés aux absents par le ministère des diacres.

Les fidèles qui sont dans l’aisance et qui veulent donner donnent librement, chacun ce qu’il veut ; ce qu’on recueille est remis à celui qui préside et c’est lui qui vient en aide aux orphelins et aux veuves, à ceux qui sont dans le besoin par suite de maladie ou pour tout autre cause, aux prisonniers, aux voyageurs étrangers ; bref, il vient en aide à tous les malheureux. »

(Apologie pour les chrétiens, 1, 66-67)

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Prière et Tradition vivante

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C’est à travers la Tradition vivante que l’Esprit Saint nous apprend à prier. Le milieu, la famille, les lectures, les amis sont autant de facteurs impliqués dans notre compréhension des réalités spirituelles. Et puisqu’amour et prière se complètent mutuellement, le témoignage des personnes consacrées peut nous devenir très précieux :  » Tu m’a montré le chemin d’Ars, disait le nouveau curé á un garçon, je te montrerai le chemin du Ciel « (Saint Jean-Marie Vianney). Quelles sont les sources de la prière chrétienne ? Qui peut éduquer à la prière ? Quels sont les lieux et les moments plus indiqués pour prier ? Autant de questions à élucider. Encore une fois, demandons à notre mère la Sainte Église de nous éclairer sur ce thème :

558. Quelles sont les sources de la prière chrétienne ?

Ce sont : la Parole de Dieu, qui nous donne la « sublime science » du Christ (Philippiens 3,8) ; la Liturgie de l’Église, qui annonce, actualise et communique le mystère du salut ; les vertus théologales ; les situations quotidiennes, parce qu’elles nous permettent de rencontrer Dieu.

564. Comment les saints sont-ils des guides pour la prière ?

Les saints sont nos modèles de prière et nous leur demandons aussi d’intercéder pour nous et pour le monde entier auprès de la Sainte Trinité. Leur intercession est leur plus haut service du dessein de Dieu. Tout au long de l’histoire de l’Église, se sont développés, dans la communion des saints, différents types de spiritualité, qui apprennent à vivre et à pratiquer la prière.

565. Qui peut éduquer à la prière ?

La famille chrétienne est le premier foyer de l’éducation à la prière. La prière quotidienne en famille est particulièrement recommandée, parce qu’elle est le premier témoignage de la vie de prière de l’Église. La catéchèse, les groupes de prières, la « direction spirituelle », constituent une école et une aide à la prière.

566. Quels sont les lieux favorables à la prière ?

On peut prier n’importe où, mais le choix d’un lieu approprié n’est pas indifférent pour la prière. L’église est le lieu propre de la prière liturgique et de l’adoration eucharistique. D’autres lieux peuvent aussi aider à prier, comme un « coin de prière » à la maison, un monastère, un sanctuaire.

567. Quels sont les moments les plus indiqués pour la prière ?

Tous les moments sont favorables à la prière. Mais l’Église propose aux fidèles des rythmes destinés à nourrir la prière continuelle : prières du matin et du soir, avant et après les repas, liturgie des Heures, Eucharistie dominicale, chapelet, fêtes de l’année liturgique.

(Compendium du Catéchisme de l’Église catholique)

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La vie chrétienne comme « culte » rendu à Dieu

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L’épidémie du Coronavirus a entraîné, dans certains pays, la fermeture des églises et autres lieux publics. Aux nombreux croyants qui se sont sentis frustrés par ces directives, il est bon de rappeler que la conversion personnelle est beaucoup plus essentielle dans la vie d’un chrétien que les réunions liturgiques. Jésus lui-même ne l’a-t-il pas affirmé à la Samaritaine : « Femme, crois-moi: l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père … mais l’heure vient, et c’est maintenant, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité » (Jean 4, 21-24). Les réunions liturgiques, toutes légitimes et profitables qu’elles soient, ne serviraient pas à grand-chose si les participants refusaient de s’ouvrir aux valeurs de l’évangile et à ses exigences morales: « Ce n’est pas en me disant ‘Seigneur, Seigneur’ qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux  » (Matthieu 7, 21).

Saint Paul, conscient du poids de la conversion radicale exigée aux nouveaux chrétiens (venant du paganisme), leur écrivait : « Je vous exhorte à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu ; c’est là le culte spirituel que vous avez à rendre » (Romains 12, 1). La vie chrétienne nous est donc présenté comme un culte, un culte quotidien, mais également comme un culte qui ne va pas de soi : il exige en effet un renoncement quotidien (« ne vous modelez pas sur le monde présent « ). Ce qui étaient difficile pour les premiers chrétiens le demeure également pour nous qui vivons en 2024. Fort heureusement, ces efforts deviennent réalisables à l’aide d’une grâce spéciale, le don de l’Esprit, et plus particulièrement une grâce de discernement : « mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait ». L’Esprit Saint est cette eau spirituelle et vivifiante à laquelle Jésus faisait allusion dans son entretien avec la femme de Samarie : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui l’en aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive » (Jean 4, 10).

Or, s’il est vrai que cette eau vive nous vient gracieusement du Sauveur Jésus, il est non moins vrai qu’elle nous est transmise par le ministère de l’Église, plus particulièrement par les sacrements. On ne saurait donc se sauver individuellement, en snobant pour ainsi dire tout contact avec les autres fidèles. Les rencontres liturgiques demeurent nécessaires en temps normal !

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La prière des premiers chrétiens

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Par « premiers chrétiens » on entend ici ceux qui vivaient immédiatement après le temps des Apôtres, soit de l’an 95 à 197. On y saisit sur le vif la façon dont se comportaient les disciples du Christ dans une société païenne et souvent hostile. Les observations qui suivent sont tirées d’un livre du père A. Hamman, devenu classique : La vie quotidienne des premiers chrétiens (95-197).

« La Rome impériale s’éveillait à l’heure du village, dès l’aurore sinon à la première heure de l’aube. (…) À l’apparition de la lumière et de la nuit, le chrétien se recueille dans la prière. Ce sont les deux moments forts, où le chrétien fait silence, médite l’Écriture et chante un psaume. (Le caractère privé de ces deux prières explique pourquoi nous ne possédons pas de texte stéréotypé).

Le matin, Tertullien conseille de se mettre à genoux pour la première prière qui ouvre la nouvelle journée, en signe d’adoration et de prosternement devant Dieu. L’orant est tourné vers le levant, «d’où vient la véritable lumière».(…) Origène conseille aux chrétiens de réserver, si possible, dans leur maison un endroit pour la prière. (…)

Le chrétien prie de nouveau au coucher du soleil. Tertullien lui demande de se signer le front. Textes bibliques et prière spontanée se succèdent pour ranimer la vigilance. D’après la Didachè, les chrétiens ont maintenu l’usage juif de prier trois fois par jour … mais il n’est pas précisé à quels moments de la journée ces trois prières doivent avoir lieu, d’où l’on peut conclure qu’ils sont laissés au choix des fidèles.

(…) Les chrétiens avaient coutume de prier debout, les mains levées, les paumes ouvertes, dans l’attitude des orants des Catacombes (voir la photo ci-dessus), comme le Christ avait étendu ses bras sur la Croix. (…) À genoux, la prière exprime l’humilité et la supplication intense. Elle peut être accompagnée de la prostration, la tête contre la terre. (…) Nulle part on ne joint les mains ; c’est un geste d’origine germanique qui consacre l’hommage féodal. »

(La vie quotidienne des premiers chrétiens, (95-197), page 198ss)

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Héritiers de Dieu, cohéritiers du Christ !

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Chrétiens et chrétiennes, nous constituons un peuple, un peuple en marche vers le Ciel, ce pays de lumière qu’on pourrait définir comme l’état d’union totale à Dieu. Déjà par le baptême, unis au Christ et plongés dans l’Esprit Saint, nous avons rencontré dans la foi cet Être mystérieux et unique, ce Dieu Très-Haut que nous appelons Père. Mus par l’espérance chrétienne, nous avons alors débuté notre marche vers ces hauteurs appelées « montagne de Sion, cité du Dieu vivant, Jérusalem céleste » et vers ceux et celles qui nous y ont précédés, à savoir, les « myriades d’anges » et les « esprits des justes rendus parfaits », foule céleste décrite dans la lettre aux Hébreux (12, 22-24) et jouissant déjà de la vision de Jésus « médiateur d’une alliance nouvelle » et de Dieu « Juge universel ». 

L’Évangile, tout en parlant de ce bonheur à venir, nous le présente comme un épanouissement de notre vie spirituelle :  » Bien-aimés, dès maintenant nous sommes enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui seront semblables, parce que nous Le verrons tel qu’Il est.  » (1 Jean 3, 2).  Est-il possible d’avoir un avant-goût de cette rencontre ? Très certainement, nous dit Jésus: « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, mon Père l’aimera, nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre demeure » (Jean 14, 23). Et voilà ! Depuis 2000 ans, des milliers de chrétiens fervents, moines et moniales, se sont consacrés à l’ascèse et à la prière contemplative dont ils ont retiré d’immenses profits.

La vie après la mort n’est donc pas un voyage astral ou une excitante rencontre de parents ou d’amis  (projections humaines très compréhensibles  mais trop souvent sans aucune référence à Dieu). Non ! La vie céleste et bienheureuse n’est pas un dû à tout un chacun mais un privilège gracieusement accordé par Dieu à ceux et celles qui auront été fidèles au Christ (« Nul ne va au Père que par moi « ). Tout comme saint Paul, n’ayons donc aucune honte d’attendre l’héritage promis :  » Héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui  » (Romains 8, 17). Amen !

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La sanctification progressive du monde

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« De son sein couleront des fleuves d’eau vive » (Jean 7, 38)

La venue de Jésus sur terre a certainement marqué l’histoire humaine de façon extraordinaire et indélébile : le Créateur s’est abaissé à notre niveau pour venir réparer le gâchis créé par l’homme. Heureuse faute, dira quand même saint Augustin, qui nous a mérité un si grand Rédempteur. Prévue de toute éternité, l’Incarnation du Fils s’est révélée le sommet de la création, une création n’ayant d’autre but que de dévoiler le mystère de Dieu : un Amour infiniment miséricordieux .

Dieu aurait pu décréter pour nous un salut définitif et sans recours possibles (comme pour les anges) ; il a plutôt voulu nous associer à ce salut en nous laissant libres de l’accepter ou non. D’où l’envoi des Apôtres dans le monde entier, non pour nous contraindre mais pour nous inviter au festin messianique. Et depuis deux mille ans, l’Église ne cesse de remplir cette mission, grâce à l’Esprit Saint qui l’habite : une mission accomplie progressivement, conforme à la prophétie d’Ezéchiel qui déjà, vers l’an 580 avant notre ère, avait entrevu ce salut dans la vision d’un mince filet d’eau coulant du côté droit du Temple de Jérusalem, puis devenant peu à peu un fleuve infranchissable : eau miraculeuse se déversant dans les steppes  désertiques et  y assainissant tout ce qu’elle touchait (Ézéchiel 47, 1 ss).

Jésus est ce nouveau Temple auquel nous sommes intégrés. De son côté blessé par la lance, il laissa s’écouler de l’eau et du sang … symbole de l’Esprit Saint obtenu par son offrande sur la croix. Cette eau vive coule depuis 2000 ans et ne cesse de féconder le cœur des humains ; deux mille ans de générosité, de dévouement, de créativité, de présence fraternelle dans un monde presque toujours rébarbatif. Un travail apostolique impossible à réaliser sans la présence bienfaisante de l’Esprit Saint. Quel honneur et quelle joie, chers amis, que d’être associés à ce processus de sanctification mondiale ! On comprend la fierté de saint Paul qui s’écriait : « Grâces soient à Dieu qui, dans le Christ, nous emmène dans son cortège triomphal et qui , par nous, répand en tous lieux le parfum de sa connaissance » (2 Corinthiens 2, 14).

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L’Eucharistie comme moyen d’union

Procession de la Fête-Dieu (Chartreuse Scala Coeli, Portugal)

En ces jours où l’Église célèbre la fête du Saint-Sacrement (appelée aussi Fête-Dieu), voici une méditation de dom Augustin Guillerand sur l’Eucharistie comme moyen d’union à Dieu (son point de départ est la fraction du pain, à la messe) :

« Mon Dieu, mourir n’est pas un terme. Vous êtes la Vie infinie ; c’est pour vivre et faire vivre que vous êtes mort et que vous renouvelez votre mort sur l’autel. Votre rêve, c’est l’union et c’est la communication de votre vie par l’union. Vous l’avez dit en termes inoubliables, immédiatement après votre première messe au Cénacle : Mon Père, je vous en prie, que tous ceux qui croient en moi soient un comme vous et moi nous sommes un : faites-les entrer dans l’unité parfaite de votre amour (Jean 17,20s).

Cette unité, ce terme suprême de votre vie et de votre mort, votre immolation la prépare et la permet ; elle ne la réalise pas. La Messe n’est un sacrifice que pour être une communion. La communion, c’est-à-dire l’union qui fait que tout est commun, voilà où vous me conviez et où vous voulez me conduire.

Voici l’Agneau de Dieu (Jean 1,29), disait saint Jean-Baptiste en vous montrant. L’agneau pascal dont vous venez prendre la place était une victime, une victime dont on se nourrissait ; victime et nourriture ! C’est ce que vous avez voulu, c’est ce que vous avez exprimé au Cénacle : Prenez et mangez, c’est ce que vous répétez sur l’autel. Quand il s’agit de manger, il faut que l’aliment soit à la portée de celui qui mange ; il doit être rompu, divisé, réduit en morceaux. O divine nourriture, vous ne reculez pas devant cette extrémité. Vous vous laissez briser comme vous vous êtes laissé tuer … afin de nous unir ! »

(Écrits spirituels, tome 2, page 129)

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Tantum ergo sacramentum !

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« Un si grand sacrement ! » La fête du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ (ou Fête-Dieu) ne laisse pas indifférents les catholiques de tous âges. Loin d’être une répétition de la fête du Jeudi Saint (institution de l’Eucharistie), elle est une affirmation solennelle de la Présence permanente du Seigneur dans son sacrement d’amour. Face aux hérétiques des 12e-13e siècles qui niaient ou limitaient cette présence à la durée de la messe, l’Église romaine a senti le besoin d’y répondre par l’institution, en 1264, d’une fête grandiose avec procession et adoration publiques.

Voici quelques strophes de la séquence Lauda Sion  composée pour la messe de cette nouvelle fête (à la demande du pape) par cet éminent théologien que fut saint Thomas d’Aquin :

« C’est un dogme pour les chrétiens que le pain se change en son corps, que le vin devient son sang.

Ce qu’on ne peut comprendre et voir, notre foi ose l’affirmer, hors des lois de la nature.

L’une et l’autre de ces espèces, qui ne sont que de purs signes, voilent un réel divin.

Sa chair nourrit, son sang abreuve, mais le Christ tout entier demeure sous chacune des espèces.

On le reçoit sans le briser, le rompre ou le diviser ; il est reçu tout entier.

Qu’un seul ou mille communient, il se donne à l’un comme aux autres, il nourrit sans disparaître.

Bons et mauvais le consomment, mais pour un sort bien différent, pour la vie ou pour la mort. (…) 

Le voici, le pain des anges, il est le pain de l’homme en route, le vrai pain des enfants de Dieu, qu’on ne peut jeter aux chiens.

D’avance il fut annoncé par Isaac en sacrifice, par l’agneau pascal immolé, par la manne de nos pères.

Ô bon Pasteur, notre vrai pain, ô Jésus, aie pitié de nous, nourris-nous et protège-nous, fais-nous voir les biens éternels dans la terre des vivants. 

Toi qui sais tout et qui peux tout, toi qui sur terre nous nourris, conduis-nous au banquet du ciel et donne-nous ton héritage, en compagnie des saints. Amen. »

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