La paix des choses qui ne passent pas

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 Nous venons de terminer la célébration de Noël et on peut se demander ce que la majorité des baptisés ont retenu de cette fête chrétienne. Déjà au milieu du siècle dernier, le sens chrétien de ces fêtes avait tendance à s’émousser. Voici ce qu’en écrit dom Augustin Guillerand, moine chartreux décédé en 1945 :

« Les fêtes chrétiennes sont des heures d’union. Pour tous et toujours, l’activité terrestre est plus ou moins dévorante. Heureuses les personnes qui comprennent cette triste situation et ont faim et soif de lui échapper. Pour elles, s’arrêter un instant, consacrer quelques heures à regarder par delà le mouvement qui les emporte, fixer leur cœur où sont les vraies joies, dans la paix des choses qui ne passent pas, entrer en contact avec ce monde supérieur où l’on ne songe qu’à s’oublier pour se donner, où l’on trouve le repos et la joie dans la communion mutuelle et l’amour, où la mesquinerie de l’intérêt personnel cesse et n’obtient même plus ni un souvenir, ni un nom ; tout cela est doux, espéré, reposant, un oasis frais dans le désert.

Nous avons tendance à reléguer dans l’irréel tout ce qui nous dépasse. Dès qu’une réalité déborde notre esprit, ou nous la nions ou nous vivons pratiquement à son égard comme si elle n’existait pas. Ce n’est pas seulement une inintelligence, c’est une perte pratique immense. Nos relations avec ce monde de là-haut, avec toute cette famille céleste, qui constituent notre vraie vie dès ici-bas et en préparent l’épanouissement plein, ces relations dis-je imprégnées d’une foi vive nous obtiendraient une douceur et une force qui seraient le trésor de la terre. Mais alors il faudrait s’arracher, ou mieux se laisser arracher par l’Esprit d’amour, à la mouvante et insignifiante bagatelle qui nous tient. Peu d’âmes ont assez de courage pour le faire, et Dieu qui exige ce courage se contente de ce petit nombre : « Quand le Fils de l’homme reviendra sur la terre, trouvera-t-il encore la foi? » (Luc 18,8)

(Écrits spirituels, tome 2, page 281)

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L’heureuse nuit de Palestine

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« Voici la nuit,

L’heureuse nuit de Palestine,

Et rien n’existe hormis l’Enfant,

Hormis l’Enfant de vie divine;

En prenant chair de notre chair,

Dieu transformait tous nos déserts

En Terre d’immortels printemps. »

(Didier Rimaud)

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À tous et à chacun et chacune de vous : un JOYEUX et SAINT NOËL !

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Le chemin raboteux du croyant

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Plusieurs d’entre nous cheminent vers Noël en pensant devoir célébrer (encore une fois) un événement quasi mythologique, tout imprégné de gentillesses, de voyages, de crèche accueillante, d’anges joyeux et de bergers sympathiques. Hélas, relisons bien les textes concernant l’enfance de Jésus et nous verrons tout autre chose !

Une fois effectuée l’annonce de l’ange Gabriel à Marie, on assiste quelque temps plus tard à un drame familial : Joseph ne peut ignorer la condition prégnante de Marie et ne peut que s’en scandaliser. Que faire ? La Loi de Moïse est claire, il faut renvoyer et dénoncer la présumée adultère. Et pourtant, la jeune Marie n’est pas du tout de ce genre de femmes. Il faudra l’intervention angélique pour résoudre ce premier problème. Un deuxième : ce malencontreux édit impérial qui oblige le jeune couple à faire un voyage inopiné alors que la future mère est près d’accoucher. Et les difficultés vont se multipliant : une auberge bondée les oblige à se réfugier dans une étable en compagnie d’animaux domestiques. Puis, après la joie, combien grande, de la naissance de cet enfant prédestiné et celle non moins gratifiante de la visite de bergers visionnaires, voici que le roi Hérode menace de faire mourir l’enfant … ce qui oblige à un départ précipité vers un autre pays. À ce stade-ci, beaucoup de croyants se seraient probablement révoltés face à un tel traitement mais pour Marie et Joseph tout se déroule dans la paix, celle d’un total abandon à la divine Providence.

En ces diverses anecdotes bibliques de la Sainte Famille, je me réjouis de la place faite à Joseph, ce grand oublié, lui dont l’action décisive fut souvent essentielle à la survie des siens. Le père adoptif de Jésus m’apparaît tellement proche de nous, simples croyants, qui suivons à son exemple le chemin raboteux de la foi. Nous qui, comme lui mais d’une toute autre façon (dans la prière) jouissons de l’accompagnement quotidien de Jésus et de Marie. Puissent les Fêtes qui approchent nous faire communier davantage à leur sainte présence dans nos vies personnelles. Que l’exemple de Joseph raffermisse nos pas sur le chemin de l’Évangile !

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La fête de Noël pour un moine chartreux

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Le monastère de la Grande Chartreuse

En juin 1940, dom Guillerand quitte l’Italie et avec d’autres chartreux français, passe la frontière avant qu’elle ne se ferme et entre en France. Après quelques mois à la chartreuse de Selignac, il réintègre avec un groupe de moines la maison-mère de l’Ordre, la Grande-Chartreuse, fermée depuis le début du siècle. Nommé coadjuteur du monastère, il va y mourir le 12 avril 1945.

À quelques jours de Noël, voici un  texte qui laisse percevoir la profondeur de sa contemplation :

NOËL

« Noël est la fête souriante et douce par excellence. Le charme d’un berceau l’enveloppe d’une atmosphère qui attire et épanouit. Les cœurs s’ouvrent devant cet enfant sachant déjà la vie et ses peines et qui ne craint pas de les affronter pour nous. Son âme toute fraîche renouvelle les nôtres. Les années éternelles ayant précédé sa naissance ne l’ont pas vieilli ; il a l’expérience de tout ce qui a été, il connaît tout ce qui sera et il est jeune comme une fleur qui s’ouvre. Il a la jeunesse de ce qui ne passe pas, la jeunesse de l’éternel présent. Du haut de cette jeunesse, comme d’un sommet infini, il donne le mouvement des choses et il leur communique sa paix. Vues par lui, elles sont toutes belles et bonnes. Vues en lui, elles apparaissent toutes revêtues de cette douceur et de cette beauté.

Tous les mystères de Jésus baignent dans une lumière d’en-haut qui agrandit et pacifie les âmes. Toujours et partout il fait voir par delà les réalités éphémères et il découvre des profondeurs. Un rayon d’infini et d’éternité émane de tout ce qu’il dit, de tout ce qu’il fait. Son être sans bornes se projette dans toutes ses démarches et dans le plus simple de ses mouvements. (…)

Noël est la fête de la joie : «Je vous annonce une grande joie» (Luc 2,10) dit l’ange aux bergers. Cette joie a traversé l’histoire et elle est restée attachée à cet anniversaire. La joie de Noël n’est pas l’absence de peine. Il y a quelque chose de mieux que de supprimer la souffrance, c’est de l’utiliser. Le grand art de Dieu consiste à tout faire servir à ses desseins. Il est la joie infinie et il fait de la joie même avec de la douleur. Voilà pourquoi l’épreuve entoure le divin berceau : la pauvreté, l’indifférence, le mépris, la haine, la persécution et l’exil accueillent ce nouveau-né. Ce ne sont pas des ennemis qui le dominent, ce sont des serviteurs répondant à ses appels et exécutant ses ordres. »

 (Écrits spirituels, tome 2, page 67).

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Un réflecteur hors pair

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Abstraction faite de sa mission, Jean le Baptiste possède néanmoins une grandeur exceptionnelle du fait de son humilité et de sa transparence à la Lumière. C’est là, en quelques mots, ce que dom Guillerand veut nous transmettre au sujet du Précurseur de Jésus :

Il y eut un homme envoyé de Dieu qui s’appelait Jean

(Jean 1, 6)

« Sur ce fond des longs siècles qui attendent la Lumière et qui ne s’ouvrent pas (ou si peu) à sa clarté vivifiante, une physionomie se détache. L’évangéliste qui l’a connue et aimée, et qui on le devine lui garde un si vivant souvenir, la place là, au seuil de son récit, pour qu’elle y joue son rôle. C’est un rôle de témoin.

Jean n’est qu’un homme, mais chez qui le rapport de lumière et d’amour avec Dieu est rétabli. C’est ce qui le classe au premier rang des prophètes, et même hors rang. Nul d’entre eux ne l’a eu au même degré et de la même façon. La Lumière est venue le visiter quand il était encore au sein de sa mère; elle l’a traversé de part en part; en lui il n’y a que lumière. Il en est plein « coram Domino, en face de Dieu »; son âme reçoit toute le divin rayon ; elle ne reçoit que cela ; elle n’est faite que de cela ; c’est sa grandeur propre : « Magnus coram Domino ». Il reproduit, aussi parfaitement qu’un homme le peut, le Verbe qui reproduit infiniment le Père. Entre Jean et le premier homme d’une part, puis entre lui et le second Adam d’autre part, la relation est toute spéciale. Nul enfant des hommes, depuis la faute, ne l’égale. Nul n’est reflet aussi pur de Celui qui est Vie et Lumière. Le mouvement de Lumière qui est la Vie se communique sans obstacle, sans défaut, sans déperdition à cet homme qui, sans doute, n’est qu’un homme, mais en qui l’homme est tout à Dieu.

À ce mérite essentiel s’ajoute sa mission. Son mérite est pour lui; sa mission est sociale. Sans aucune mission, mais parfaitement dégagé de lui-même et tout tourné vers la Lumière, sa grandeur serait la même. Son dégagement qui le pose tout entier en face du Verbe de vie lui permettra de le représenter en perfection devant les hommes auxquels il est envoyé. Jean est un témoin; sa mission est de témoigner en faveur de Celui qui est la Lumière. C’est pourquoi il a été fait uniquement « réflecteur »: « Hic venit in testimonium, ut testimonium perhiberet de lumine, ut omnes crederent per illum. Non erat ille lux, sed ut testimonium perhiberet de lumine » (Jean 1, 7-8). L’évangéliste note ce caractère avec insistance ; il en comprend la nécessité et la grandeur : lui-même est si parfaitement dégagé, et si bien posé en face de son Maître ! Tout ce qu’il écrira de Jean-Baptiste montrera que le Précurseur y tenait par-dessus tout ; sa prédication pourrait se résumer en deux mots : « Ne me voyez pas, ne voyez que lui ». Il vient pour qu’on croie à la Lumière par lui, mais pas en lui. Il semble avoir également peur de retenir l’attention et de ne pas révéler la Lumière ; l’évangéliste a dû être très frappé de cette disposition ; et c’est elle qu’il souligne de sa formule peu littéraire, mais si intense : « Il n’est pas la Lumière, il n’est que son témoin » (Jean 1, 8). »

(Écrits spirituels, tome 1, page 105 s)

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Le silence en Chartreuse

Moine chartreux

Moine chartreux

Le bruit du monde, surtout au temps des Fêtes, nous accapare facilement et il nous est difficile de l’éviter. Tout au moins, rappelons-nous qu’il existe un moyen de s’en soustraire, ne fut-ce que temporairement : le SILENCE ! Certains en ont peur et le fuient comme la peste, d’autres ne le connaissent pas vraiment, mais la plupart d’entre nous le regardons avec nostalgie (incapables de nous décider à en faire l’essai).

Pour le contemplatif religieux, le silence n’est pas vide mais rempli d’une présence, celle de Dieu : on se tait pour l’écouter, on se tait pour entendre sa Parole. Pour le moine, le silence n’est pas un moment bien circonscrit dans la journée mais plutôt une façon de vivre, une attitude cultivée patiemment et défendue contre toute ingérence bruyante. Les moines chartreux vivent leur journée dans leur cellule monastique, journée entrecoupée de quelques célébrations communautaires à l’église : office de nuit, messe communautaire et office de vêpres. Les repas sur semaine sont pris en cellule et les quelques heures de travaux manuels sont effectués sur place. Comment peuvent-ils assumer une telle vie durant de nombreuses années et s’y épanouir ? Laissons la parole à un chartreux qui en a fait l’expérience, notre ami, dom Guillerand :

« Vous savez que ce que les lèvres cartusiennes ne prononcent pas, ou ce que nos plumes n’ont pas le temps d’écrire, nous le disons à Dieu pour ceux que nous aimons. Notre silence n’est pas un silence de mort, c’est le recueillement d’un sanctuaire. Nos maisons et nos âmes sont occupées par quelqu’un : « Le Maître est là, il te demande ». Il est patron, il a droit à tout ; il nous prend nos heures, les unes après les autres, et il les remplit. (…) Nous savons que le silence n’est pas vide ; il est au contraire essentiellement plein, et c’est une plénitude où l’on parle. Les paroles qui sortent de l’agitation et du bruit sont nécessairement superficielles. Le fond d’un être doit être occupé par le silence, et cet être ne parle une parole vraie et profonde que si elle part de ce silence, si elle en est l’expression. Voilà pourquoi le langage du monde, les conversations, les journaux sont vides et fatiguent au lieu de reposer et de nourrir. Voilà pourquoi au contraire en Chartreuse on goûte tant de paix. Tout y procède des profondeurs calmes de l’âme où elle se recueille et fait silence. C’est là que Dieu demeure et qu’on le trouve infailliblement si on y réside soi-même.

Il est clair que les conditions de leur vie ne permettent pas à tous de réaliser ce recueillement comme en Chartreuse. Ne craignons pas néanmoins, dans la mesure du possible, de nous réserver quelques instants (très courts s’il le faut) pour nous recueillir et donner quelques minutes à Celui qui demeure en nous, qui y parle silencieusement, et qui nous invite à venir l’écouter. « 

(Écrits spirituels, tome 2, 254-256)

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En fait, on se prépare comment ?

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Le temps de l’Avent est un temps de préparation à la célébration de Noël, tout le monde en convient. Mais la question se pose : On se prépare comment ? Dans une société laïcisée (et nord-américaine comme la mienne), la question ne va pas de soi ! Demandez à monsieur Tout-le-monde et il vous répondra probablement par des projets de rencontres festives, de cadeaux, de voyages, peut-être même d’une timide assistance à la messe de Noël mais rarement (sinon jamais) de préparation spirituelle à la célébration de la Fête ! Pour lui, le mois de décembre n’est qu’un temps de décorations lumineuses qui agrémentent une période sombre de l’année, et la fête du 25 décembre tout au plus celle des enfants et des repas.

Et pourtant, sans tomber dans un excès d’austérité qui remplacerait le défilé du Père Noël par celui du prophète Jean, on peut quand même s’efforcer de christianiser ce folklore récurrent et souligner davantage la joyeuse expectative de la venue sur terre du Messie. Bien sûr, le respect de notre société pluraliste est important mais il ne nous oblige pas à masquer notre appartenance religieuse pour plaire à tout venant ! Trop de chrétiens, hélas, soucieux de ne pas faire de vagues, se réfugient dans une complaisante neutralité face à une société qui leur paraît intimidante.

« Convertissez-vous, car le Royaume de Dieu est tout proche » proclamait Jean le Baptiste, « Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendirent auprès de lui, et ils furent baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés » (Matthieu 3, 1-12). Voilà bien un bel exemple de préparation à Noël ! Que faut-il faire en ce temps de l’Avent ? Tout simplement se convertir en améliorant nos rapports avec Dieu et avec autrui. C’est en ce sens que la liturgie nous offre chaque semaine de merveilleux textes qui nous aident à discerner en Jésus de Nazareth celui qui vient sauver son peuple, celui qui, pour se faire, « baptisera dans l’Esprit Saint et le feu« . Quoi de plus indiqué que d’accepter humblement cette invitation de l’Esprit, et de prendre la main de notre mère la Sainte Église pour qu’elle nous conduise tout doucement à la crèche de Bethléem, source de la vraie Vie !

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ROYAUTÉ du Christ et JUGEMENT dernier

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En cette fête du Christ, Roi de l’univers, il convient de clarifier brièvement ces deux éléments si souvent mal compris: Royauté du Christ et Jugement dernier.

LE CHRIST ROI. Il importe de bien comprendre cette royauté qui n’a rien à voir avec celle des roitelets d’aujourd’hui. Jésus n’a rien d’un roi inactif, emblématique, vide de tout pouvoir politique, mais il se rapproche plutôt des anciens rois qui réunissaient en eux-mêmes les pouvoirs militaires, législatifs et économiques. Jésus est, plus précisément, une sorte de roi-général qui nous entraîne à sa suite dans la conquête du monde pour y établir le Royaume de Dieu son Père: « royaume de justice, d’amour et de paix ». Conquête, faut-il le préciser, non par les armes mais par le témoignage de l’amour et le service du prochain. D’après saint Paul, ce genre de royauté en devenir  ne serait que provisoire car une fois la conquête achevée, Jésus n’hésitera pas à tout remettre à Dieu le Père :  « Puis ce sera la fin, quand il remettra la royauté à Dieu le Père, après avoir détruit toute Principauté, Domination et Puissance. Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait placé tous ses ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi détruit, c’est la Mort (…) Et quand toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même se soumettra à Celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous. » (1 Corinthiens 15, 24-28).

LE JUGEMENT DERNIER. La foi chrétienne distingue deux jugements. Le jugement particulier, lorsque l’homme, à sa mort, paraît devant Dieu. Ce jugement met en lumière la vie unique de cette personne, sa liberté et sa responsabilité personnelles, et décide de sa destinée éternelle : purification, entrée au ciel ou damnation éternelle (Catéchisme de l’Église catholique, no 1022). Le jugement dernier, lui, coïncidera avec le retour du Christ et l’accomplissement du monde à la fin des temps. Ce dernier ne sera pas un procès mais un verdict ou jugement en ce qu’il mettra en lumière le bien effectué et le mal commis. Il sera aussi et avant tout l’accomplissement de la promesse de salut intégral de l’homme (âme et corps) : car, il va de soi que la personne humaine, même béatifiée, ne saurait être complète sans la présence de son corps. Enfin, selon l’évangile de Matthieu (25, 31-46), les critères de ce verdict-jugement porteront spécialement sur nos relations avec nos frères et sœurs ; il nous renvoie donc à notre agir chrétien sur terre.

CRAINDRE ou SE RÉJOUIR ? Pour les premiers chrétiens, le retour du Christ était objet d’attente joyeuse et impatiente et non de crainte (tel qu’il l’est pour certains d’entre nous, influencés par une iconographie médiévale plutôt épeurante). Après avoir rappelé aux chrétiens de Thessalonique l’avènement futur du Christ, l’apôtre Paul conclut tout naturellement: « Réconfortez-vous donc les uns les autres de ces pensées. » (1 Thess 4, 18). À leur exemple, demeurons nous-aussi dans une joyeuse expectative !

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Guerres ou charité fraternelle ?

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Désolation en Ukraine

Si la guerre en Palestine nous émeut au plus haut point par son degré de barbarie (rappelons-nous que les protagonistes ne sont pas chrétiens), celle de l’Ukraine nous scandalise encore davantage car il s’agit de deux peuples chrétiens-orthodoxes. Où en sommes-nous en fait de charité fraternelle, en 2023 ? Que diraient nos anciens pères dans la foi ? Voici comment s’exprimait un évêque d’Afrique du Nord (au début du 5e siècle) à ce sujet :

« Rappelez-vous avec moi, mes frères, quels sont ces deux préceptes qui résument la Loi et les prophètes. Car ils doivent être bien connus, et ne pas venir seulement à notre esprit de temps en temps, quand nous nous en souvenons ; ils ne doivent jamais s’effacer de nos cœurs. Songez toujours qu’il faut absolument aimer Dieu et le prochain. (…) Parce que tu ne vois pas encore Dieu, c’est en aimant le prochain que tu mérites de voir Dieu ; en aimant le prochain, tu purifies ton regard pour voir Dieu. C’est ce que dit saint Jean de façon évidente : « Si tu n’aimes pas le prochain que tu vois, comment pourrais-tu aimer Dieu que tu ne vois pas? » (…) En aimant ton prochain, en prenant soin de ton prochain, tu es en route. Où cela, si ce n’est vers le Seigneur Dieu, vers celui que tu dois aimer de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit ? Car nous ne sommes pas arrivés jusqu’au Seigneur, mais nous avons le prochain avec nous. Porte donc celui avec qui tu marches, pour parvenir à celui avec qui tu désires demeurer. » (Homélie de saint Augustin sur l’évangile de Jean)

Donc, aimer le prochain, pardonner les offenses, vivre dans la paix, autant d’actions collectives que notre foi commune devrait nous inspirer en 2023, en cet Occident qui aime se dire encore chrétien. Voulons-nous que nos gouvernements soient plus ouverts à la paix dans le monde ? Soyons nous-mêmes des artisans de paix là où nous vivons !

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Fin de saison

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À un correspondant qui revient d’un voyage de fin d’automne, le chartreux dom Augustin Guillerand conseille d’en retenir l’essentiel, à savoir, Dieu … qui est au fond de toutes choses :

« De toute cette gamme de couleurs qui t’avait enchanté, il ne restait guère que les longues tiges dénudées des hêtres dans l’épaisseur des sapins … mais il restait en ton regard l’essentielle beauté de ces splendeurs éphémères ; et la forêt avait atteint son but en toi.

Par delà la beauté finie, il y a l’océan de la Beauté même d’où tout part, où tout doit rentrer et s’achever. C’est la Lumière dans laquelle doit baigner toute œuvre d’art pour atteindre jusqu’au fond de l’être et des cœurs.

Dieu est au fond de toutes choses, et le rejoindre est la vie éternelle; la créature raisonnable a reçu une lumière qui lui permet de percevoir dans les êtres et la beauté individuelle de ces êtres et la beauté de  l’Être même qui leur a donné l’être et le conserve. L’homme, ainsi éclairé, doit voir Dieu en tout. Son regard doit dépasser les ombres créées pour s’unir à la vraie Lumière enfermée dans les êtres sans raison et découverte par les êtres raisonnables.

Il faut se mette d’accord avec ce Fond des choses. »

(Écrits spirituels, tome 2, page 272)

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