J’ai eu la chance de grandir dans une paroisse québécoise dédiée à saint François de Sales, cet évêque savoyard du 16e-17e siècle, canonisé en 1665 et déclaré docteur de l’Église en 1877 pour avoir su proposer aux chrétiens ordinaires une voie de sainteté « sûre, facile et douce» (Pie IX). François de Sales peut-il encore parler aux fidèles du 21e siècle? Oui, nous répond le Pape François à travers une copieuse lettre apostolique d’une vingtaine de pages dédiée à ce saint évêque et publiée récemment pour souligner le 400e anniversaire de sa mort (28 décembre 1622). Pour ma part, je vous présente aujourd’hui un extrait de son best-seller Introduction à la vie dévote où saint François explique que la vie spirituelle n’est pas réservée aux religieux et religieuses, et encore moins aux moniales et moines contemplatifs :
[À noter que l’expression « vie dévote » n’avait pas, au 16e siècle, le sens restreint que nous lui donnons aujourd’hui, mais bien celui plus large de « vie spirituelle »]
« Dieu commanda en la création aux plantes de porter leurs fruits, chacune selon son genre; ainsi commande-t-il aux chrétiens, qui sont les plantes vivantes de son Église, qu’ils produisent des fruits de dévotion, un chacun selon sa qualité et vocation. La dévotion doit être différemment exercée par le gentilhomme, par l’artisan, par le valet, par le prince, par la veuve, par la fille, par la mariée; et non seulement cela, mais il faut accommoder la pratique de la dévotion aux forces, aux affaires et aux devoirs de chaque particulier. Serait-il à propos que l’Évêque voulût être solitaire comme les Chartreux? Et si les mariés ne voulaient rien amasser non plus que les Capucins, si l’artisan était tout le jour à l’église comme le religieux, et le religieux toujours exposé à toutes sortes de rencontres pour le service du prochain comme l’Évêque, cette dévotion ne serait-elle pas ridicule, déréglée et insupportable? Cette faute néanmoins arrive bien souvent. (…)
C’est une erreur et même une hérésie de vouloir bannir la vie dévote de la compagnie des soldats, de la boutique des artisans, de la cour des princes, du ménage des gens mariés. Il est vrai que la dévotion purement contemplative, monastique et religieuse ne peut être exercée en ces vocations-là mais aussi, outre ces trois sortes de dévotion, il y en a plusieurs autres, propres à perfectionner ceux qui vivent dans les états séculiers. Où que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer à la vie parfaite. » (Édition Ravier & Devos, 1,36-37)
Bien avant Vatican II, ce saint évêque a donc su adapter la vie spirituelle au laïcat tout en respectant les diverses branches de leur activité séculière. Un aggiornamento plus que bienvenu en ces siècles de jansénisme étouffant. J’en profite, ici, pour adresser une certaine mise en garde à mes lecteurs et lectrices : en citant régulièrement sur mon blogue la spiritualité des Chartreux, mon intention n’est pas d’inciter à l’imitation matérielle de ce genre de vie monastique mais bien de vous encourager à y puiser une certaine émulation. En effet, la recherche de Dieu est ouverte indistinctement à tous les croyants et elle se doit de demeurer adaptée aux forces et situations concrètes d’un chacun !
Je prends note🙂…pour l’instant je suis dans un autre livre : le mystère de l’Amour Vivant ….que je ne peux lire d’un trait tant il parle profondément.
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Je vous remercie pour ces quelques lignes. J’apprécie beaucoup la phrase de conclusion.
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