En cette fin de l’année liturgique, nos regards se tournent tout naturellement vers l’héritage promis, le Ciel, la vie éternelle ! Nos contemporains, lors d’un décès, parlent facilement de cet outre-tombe, mais souvent de façon anodine en ignorant l’essentiel, à savoir, la vision de Dieu. Qu’en est-il réellement ? Je laisse la parole au « plus savant des saints et plus saint des savants », le docteur angélique, Thomas d’Aquin (que l’on aperçoit ci-dessus, dans la fresque de Fra Angelico, discourant avec saint Bernard) :
« Il est logique que la fin de tous nos désirs, c’est-à-dire la vie éternelle, soit indiquée à la fin de tout ce qui nous est donné de croire dans le Symbole des Apôtres, avec ces paroles: «Je crois … en la vie éternelle. Amen. » (…)
Dans la vie éternelle, il y a d’abord l’union de l’homme avec Dieu. Car Dieu lui-même est la récompense et la fin de tous nos travaux; Moi, je suis ton bouclier, et ta récompense très grande. Et cette union consiste dans la parfaite vision: Nous voyons actuellement une image obscure dans un miroir; ce jour-là, nous verrons face à face. (…)
La vie éternelle consiste encore dans la louange parfaite: On y entendra l’enthousiasme et la joie, l’action de grâce et le chant de louange.
Et encore dans le parfait rassasiement du désir, car chaque bienheureux y possédera plus qu’il ne désirait et n’espérait. La raison en est que personne ne peut en cette vie combler son désir, et que jamais rien de créé ne rassasie le désir de l’homme. Dieu seul rassasie, et au-delà, à l’infini. C’est pourquoi on ne se repose qu’en Dieu, comme le dit saint Augustin: « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos jusqu’à ce qu’il se repose en toi ».
Et puisque dans la patrie les saints posséderont Dieu parfaitement, il est évident que leur désir sera rassasié et qu’en outre il débordera de gloire. C’est pourquoi le Seigneur dit: Entre dans la joie de ton Seigneur. Et saint Augustin, à ce propos: « Toute la joie n’entrera pas en ceux qui se réjouissent, mais ceux qui se réjouissent entreront tout entiers dans la joie ». (…)
La vie éternelle consiste encore dans la société jubilante de tous les bienheureux, et cette société sera extrêmement délicieuse parce que chacun possédera tous les biens que possèdent tous les bienheureux. Car chacun aimera l’autre comme soi-même et par suite se réjouira du bien de l’autre comme de son bien-propre. De ce fait, l’allégresse et la joie d’un seul s’accroît dans la mesure où elle est aussi la joie de tous. » (Conférence sur le Credo, de saint Thomas d’Aquin, Opuscula theologica 2, 216-217)
Que nous sommes loin de toutes ces fadaises entendues lors de funérailles, genre « le disparu peut maintenant nous regarder et nous faire des grimaces » ou « il se promène parmi les planètes » ou encore « il prend l’apéro avec le Bon Dieu » … et j’en passe. Une chose est la science-fiction, une autre la foi catholique. Merci à l’Église de nous ramener, par sa doctrine, à un certain bon sens ! Le Ciel, ou la vision bienheureuse, n’est pas un droit mais un privilège, faut-il encore et toujours le rappeler; un privilège accordé miséricordieusement à tous ceux et celles qui auront eu le courage de suivre ici-bas le Christ dans l’amour de Dieu et du prochain. Qu’on se le dise !