En cette fête du Christ, Roi de l’univers, il convient de clarifier brièvement ces deux éléments si souvent mal compris: Royauté du Christ et Jugement dernier.
LE CHRIST ROI. Il importe de bien comprendre cette royauté qui n’a rien à voir avec celle des roitelets d’aujourd’hui. Jésus n’a rien d’un roi inactif, emblématique, vide de tout pouvoir politique, mais il se rapproche plutôt des anciens rois qui réunissaient en eux-mêmes les pouvoirs militaires, législatifs et économiques. Jésus est, plus précisément, une sorte de roi-général qui nous entraîne à sa suite dans la conquête du monde pour y établir le Royaume de Dieu son Père: « royaume de justice, d’amour et de paix ». Conquête, faut-il le préciser, non par les armes mais par le témoignage de l’amour et le service du prochain. D’après saint Paul, ce genre de royauté en devenir ne serait que provisoire car une fois la conquête achevée, Jésus n’hésitera pas à tout remettre à Dieu le Père : « Puis ce sera la fin, quand il remettra la royauté à Dieu le Père, après avoir détruit toute Principauté, Domination et Puissance. Car il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait placé tous ses ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi détruit, c’est la Mort (…) Et quand toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même se soumettra à Celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en tous. » (1 Corinthiens 15, 24-28).
LE JUGEMENT DERNIER. La foi chrétienne distingue deux jugements. Le jugement particulier, lorsque l’homme, à sa mort, paraît devant Dieu: ce jugement met en lumière la vie unique de cette personne, sa liberté et sa responsabilité personnelles, et décide de sa destinée éternelle (voir le no 1022 du Catéchisme de l’Église catholique). Le jugement dernier, lui, coïncidera avec le retour du Christ et l’accomplissement du monde à la fin des temps. Ce dernier ne sera pas un procès mais un verdict ou jugement en ce qu’il mettra en lumière le bien comme bien, et le mal comme mal. Il sera aussi et avant tout l’accomplissement de la promesse de salut intégral de l’homme (âme et corps) en faisant partager à tous les fidèles le triomphe du Ressuscité: il va de soi que l’être humain, même béatifié, ne saurait être complet sans la présence de son corps. Enfin, selon l’évangile de Matthieu (25, 31-46), les critères de ce verdict-jugement porteront sur nos relations au prochain; il nous renvoie donc à notre agir chrétien.
CRAINDRE OU SE RÉJOUIR ? Pour les premiers chrétiens, le retour du Christ était objet d’attente joyeuse et impatiente et non de crainte (tel qu’il l’est pour certains d’entre nous, influencés par une iconographie médiévale se plaisant à détailler les châtiments). Après avoir rappelé aux chrétiens de Thessalonique l’avènement futur du Christ, l’apôtre Paul conclut tout naturellement: « Réconfortez-vous donc les uns les autres de ces pensées. » (1 Thess 4, 18). À leur exemple, demeurons nous-aussi dans une joyeuse expectative!