Ma vie d’ermite urbain ne se déroule pas en vase clos mais dans le monde d’aujourd’hui. En tant que catholique, je ne puis faire abstraction de l’Église dans laquelle je vis … de ses joies et de ses problèmes. Comme tout internaute, je suis bombardé quotidiennement de fake news, surtout en ce qui concerne le pape François: pape qui donnerait plus d’importance à l’immigration et à l’environnement qu’à la religion, pape hérétique qui serait ouvert à toutes les erreurs modernes, pape qui voudrait annuler la liturgie préconciliaire, etc. etc. Qu’en est-il vraiment de tout ça?
Il y a 2000 ans, un jeune prophète juif dérangeait ses coreligionnaires en leur enjoignant d’aimer leurs ennemis (à l’encontre de plusieurs psaumes qui imploraient la vengeance divine). L’apôtre Pierre dérangeait lui aussi ses frères de Jérusalem en fraternisant avec des païens, des non-circoncis (Actes 11, 1-18). Au cours de l’histoire, on a vu des saints papes (Léon le Grand et Grégoire le Grand, 4e et 5e siècle) quitter leurs occupations ordinaires et prendre les moyens nécessaires pour défendre la ville de Rome contre l’invasion des barbares. Au 16e siècle, le pape saint Pie V incita les pays catholiques d’Europe à se liguer contre une imminente invasion turque (ce qu’ils firent victorieusement à la bataille de Lépante, en 1571). Et pourtant, que de critiques de la part des bien-pensants qui voyaient d’un mauvais œil toute action papale hors de la sacristie.
À la fin du 19e siècle, face à la montée d’une industrialisation sauvage qui asservissait les classes les plus pauvres, le pape Léon XIII écrivit une encyclique Rerum Novarum sur la question ouvrière. Comme le fait remarquer Lucio Brunelli (Oss. Rom. 2019, n. 43), aucun pape avant lui n’avait consacré un document magistériel solennel à une question socio-économique. Aux catholiques de l’époque, il a pu paraître étrange de lire dans un document pontifical des recommandations sur la nécessité urgente d’un salaire minimum, d’une limite à l’horaire de travail quotidien et de conditions plus décentes pour le travail des enfants (en 1891, on pouvait légalement faire travailler des enfants de 10 ans !). Il faudra attendre 20 ans après Rerum novarum pour que les lois européennes fixent à 8 heures la limite maximale d’une journée de travail. Léon XIII était loin d’être un pape révolutionnaire mais cela lui valut néanmoins d’être étiqueté par certains comme « Pape socialiste ».
La sauvegarde de la création serait-elle, aujourd’hui, moins dramatique que la question ouvrière au 19e siècle? Toujours est-il que les catastrophes environnementales et les changements climatiques bouleversent déjà la vie de millions de personnes sur la planète. En 1990, Jean-Paul II signalait les signes avant-coureurs de nouveaux phénomènes climatiques préoccupants. Benoît XVI, dans un discours de 2011, affirmait sans ambages que « quelque chose ne va pas dans nos relations avec la nature ». Pourquoi Laudato si ? Pourquoi le pape François s’occupe-t-il des changements climatiques, de biodiversité, de plastique et d’Amazonie ? Si l’Église se taisait, elle pourrait être appelée un jour à rendre compte de ses silences, sinon au tribunal des médias, du moins à celui de sa conscience. La voix de l’Église est une voix humble, politiquement impuissante mais objectivement libre et crédible. Remercions Dieu de nous avoir donné, en François, un pape éclairé, courageux et fidèle à sa mission de Pasteur universel.
Merci !!! Bravo. J’aime ce pape François pour sa parole humble elle me dérange dans mon confort de catho bobo bien sûr. C’est pourquoi ma conversion Laudato Si est évidente.
Que l’Esprit saint m’aide à sauvegarder la Vie qui irrigue toute vie : biologique, sociale, intellectuelle et intérieure.
Udp
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