Le Verbe comme image du Père, selon un chartreux

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« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu » (Jean 1,1). Traduction de nos bibles modernes mais, dans le texte grec, Jean utilise plutôt une préposition indiquant une orientation vers quelqu’un : le Verbe était tourné vers Dieu. Cette dernière traduction aurait plu à dom Guillerand car elle traduit bien l’idée qu’il veut développer d’une parfaite communion entre les deux Personnes ; malheureusement, il se voit obligé d’adopter la traduction officielle, traduction latine de la Vulgate (« apud Deum », chez Dieu) qu’il interprète néanmoins à sa façon :

… et le Verbe était chez Dieu (Jean 1, 1)

« Celui que Jean a connu et aimé, par lequel il a été connu et aimé, avec lequel il a eu pendant trois années des rapports intimes, dont le continuel souvenir et l’incessante contemplation sont toute sa vie depuis qu’il est remonté au ciel, Celui qui précède toutes choses et qui était quand elles ont commencé d’être, c’est le Verbe : « Au commencement était le Verbe ».

Le Verbe ! C’est-à-dire la parole de « Celui qui est », la parole de l’Être infini. Car l’Être parle ; il s’exprime ; il se dit éternellement à lui-même ce qu’il est ; il produit une image qui reproduit ses traits et les lui montre. L’Être est esprit ; il l’est nécessairement ; il l’est autant qu’il est ; il est l’Esprit infini comme il est l’Être infini.

« L’Être qui est » est infiniment déterminé ; c’est le sens du mot « parfait ». Il est parfait parce qu’il est complètement fait. Il est tout ce qu’il peut être, il a tout ce qu’il peut avoir. Il n’y a donc pas de matière en lui ; il est immatériel, il est esprit, pur esprit. Or un esprit possède une propriété caractéristique : il réfléchit ; c’est un miroir. Il reproduit l’image de ce qui est en face de lui. S’il se regarde lui-même, il reproduit ses propres traits. C’est ce que nous appelons sa pensée ou son verbe.

Le Verbe, c’est la parole de l’Esprit, la parole sans mots, la parole intérieure et ailée. Les mots sont une traduction extérieure et sensible pour les esprits qui sont plongés dans la matière. L’Être qui est, le pur esprit, n’emploie pas de mots. Sa parole est toute spirituelle comme lui ; elle est son image parfaite qui le reproduit tel qu’il est, qui l’exprime tout entier et l’égale.

Voilà ce qui était au commencement : l’Esprit infini qui se parlait, et se disait éternellement ce qu’il est, qui se voyait en lui-même, dans sa Pensée, son Verbe, qui reproduisait ce Verbe pour se voir en lui, qui était tout et qui se voyait tout dans ce Verbe. »

(Écrits spirituels, tome 1, page 92 s)

A propos moinillon

jacques172.com
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Un commentaire pour Le Verbe comme image du Père, selon un chartreux

  1. Bruce Herbert dit :

    Quand j’étais un enfant de chœur, je me souviens de la lecture de «l’Évangile final de la messe» «In principio erat verbum …» C’était la seule lecture qui était lue à chaque messe, partout dans le monde. De nombreux membres de la congrégation se préparaient déjà à partir, beaucoup étaient déjà partis après avoir reçu la communion.

    L’Évangile de Jean est différent des Évangiles de Matthieu, Marc et Luc. Non seulement il avait été écrit à une date beaucoup plus tardive, mais l’inclusion de « in principio erat verbum » semble indiquer que ce dont l’Église de son époque avait le plus besoin était une réflexion sur les origines de Dieu et sur la manière dont Jésus était lié a l’histoire éternelle de Dieu …

    Tout le monde à son époque connaissait deja l’histoire de la Genèse … Adam et Eve … qui avaient en fait eu des conversations comme humaines avec un etre « superieure » Dieu … « Le Seigneur qui leur avait ordonné de ne pas manger le fruit de l’arbre … et un couple qui se sentait un sentiment de honte car le couple n’ont pas obeis l’ordonnance de Dieu …

    L’intersection de Dieu et de l’Homme représentée par les conversations intimes entre Jésus et son Père (plus souvent dans l »Evangile de Jean ») cependant représente une nouveau type de communication sacrée avec Dieu … une conversation entre des personnes de statut egale. (homme et Dieu) .. qui pourront, en fait habiliter les hommes et les femmes au cours de leur vie à répandre par leur mots et actions, la Bonne Nouvelle du Royaume … « Je suis la vigne, vous êtes les branches « 

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