Lors de la prière, le cœur peut être rempli de bonnes intentions mais la faiblesse de l’esprit empêche souvent l’attention aux paroles prononcées. Ce danger est plus réel lorsqu’il s’agit de prières répétitives, comme le chapelet par exemple. Nul n’y échappe, pas même les chartreux! Voici ce qu’en dit dom Guillerand:
« La répétition quotidienne, et souvent plus que quotidienne, des mêmes actes et des mêmes formules est un danger. L’habitude devient aisément routine. La prière n’est plus que mouvement de machine que nulle intervention de l’esprit ou du cœur n’anime. Les lèvres seules sont en face de Dieu qui est esprit et qui veut nous communiquer sa vie spirituelle. Pendant qu’elles se remuent sans pensée, l’imagination nous emporte sur mille chemins, et c’est avec toutes sortes de personnes, de choses (surtout avec nous-mêmes) que nous conversons. L’attention fléchit parce que l’amour manque, et la prière qui devrait nous embraser ne fait qu’ajouter au fossé que la négligence creuse peu à peu entre Dieu et nous. Inattention née de froideur, froideur engendrée par l’ignorance, nous glissons ainsi, plus vite hélas qu’on le pense, sur les pentes de la tiédeur au bout desquelles peut se trouver la mort.
Ce qui importe toutefois, c’est l’attention du vouloir plus que celle de l’esprit. Celle-ci nous est souvent impossible. Il est des prières distraites qui ravissent le cœur de Dieu. Quand nous faisons effort pour nous mettre et tenir en face de Dieu et que des dispositions du corps ou de l’âme nous arrachent sans cesse malgré nous au regard et au souvenir de cette présence aimée, quand cette impuissance torture notre désir de lui et que nous acceptons humblement cette torture, la distraction devient un moyen d’union exceptionnellement précieux et fort. Car tout se mesure à l’amour dans nos rapports avec Dieu; et toute répulsion de l’âme à l’égard du créé pour s’unir à l’Incréé est amour.
L’attention aux mots que l’on prononce, aux gestes que l’on fait est bonne, à peu près toujours à conseiller. L’attention à Dieu suffit toujours, est souvent préférable, parfois seule possible. L’essentiel est que la définition de la prière soit réalisée, que l’âme dégagée de ce qui passe, se tourne et se tende vers le Père céleste, par quelque moyen et quelque chemin que ce soit. Dès qu’il y a contact, on prie; si le contact est ardent, on prie excellemment. »
(Écrits spirituels, tome 1, page 24 s)
Very encouraging,a great relief too and so beautifully composed.
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