La communion eucharistique, à la messe, est précédée respectivement par le souhait de la paix, la fraction du pain et le chant de l’Agneau de Dieu. Ces rites deviennent, pour dom Guillerand, l’occasion d’approfondir notre union au Christ et la paix qui en découle. Écoutons, encore une fois, ce chartreux si éloquent en la matière:
« Seigneur Jésus, mourir n’est pas un terme. Vous êtes la Vie infinie; c’est pour vivre et faire vivre que vous êtes mort et que vous renouvelez votre mort sur l’autel. Votre rêve, c’est l’union et c’est la communication de votre vie par l’union. Vous l’avez dit en termes inoubliables, immédiatement après votre première messe au Cénacle: « Mon Père, je vous en prie, que tous ceux qui croient en moi soient un comme vous et moi nous sommes Un; faites-les entrer dans l’unité parfaite de votre amour » (Jean 17, 20-21). Cette unité, ce terme suprême de votre vie et de votre mort, votre immolation la prépare et la permet; elle ne la réalise pas. La messe n’est un sacrifice que pour être une communion. La communion, c’est-à-dire l’union qui fait que tout est commun, voilà où vous me conviez et où vous voulez me conduire.
« Voici l’Agneau de Dieu » (Jean 1, 29) disait saint Jean-Baptiste en vous montrant. L’agneau pascal dont vous venez de prendre la place était une victime, une victime dont on se nourrissait: victime et nourriture! C’est ce que vous avez voulu, c’est ce que vous avez exprimé au Cénacle: « Prenez et mangez », c’est ce que vous répétez sur l’autel. Quand il s’agit de manger, il faut que l’aliment soit à la portée de celui qui mange; il doit être rompu, divisé, réduit en morceaux. O divine nourriture, vous ne reculez pas devant cette extrémité. Vous vous laissez briser comme vous vous êtes laissé tuer … afin de nous unir!
« Voici l’Agneau de Dieu, voici Celui qui ôte les péchés ». Voilà la victime très pure qui m’offre sa pureté infinie. L’horrible tache qui nous faisait dissemblables et distants, son sacrifice l’a effacée. Plus rien ne nous sépare. Alors, il se fait aliment: « Prenez et mangez » (Matthieu 26, 26); asseyez-vous avec moi à la table du Père de famille. Tout désaccord est supprimé. La paix du Seigneur, la paix des fils qui sont aimés et qui aiment, la paix qui nous unit, mon Père et moi dans notre commun amour, vous unit à moi et au Père et entre vous: « La paix du Seigneur soit toujours avec vous ». Mon anéantissement a supprimé tout ce qui divise. En moi il n’y a plus rien en propre, rien qui oppose une âme à une autre âme; j’ai tout immolé; et maintenant je suis un être sans borne, où tous peuvent s’accorder et s’unir. La paix soit avec vous, la paix de l’Amour (…). »
(Écrits spirituels, tome 2, page 129 s)