Dans son opuscule Liturgie d’âme, dom Guillerand invite sa sœur âgée et impotente à débuter sa messe spirituelle en entrant en elle-même pour y retrouver la présence de Dieu. Voici comment cet éminent chartreux s’exprime:
« Mon Dieu, mon âme est un temple; le baptême en a fait votre résidence aimée; vous en occupez cette part spirituelle et profonde qui en est le centre et qui est le foyer mystérieux de toutes mes facultés. Vous vous y tenez sans cesse; vous m’appelez à vous y rejoindre; vous voulez vous y donner à moi, me communiquer vos pensées, vos sentiments, vos vouloirs, toute votre vie qui est la vie éternelle.
Hélas! Je ne sais pas répondre à vos appels, je ne sais pas franchir ce seuil intime de mon être. Je reste dehors; je regarde par la fenêtre; mes yeux, mes oreilles, ma mémoire et mon imagination m’emportent sans cesse loin de vous vers les riens qui passent et je vous laisse tout seul, vous le seul Être qui demeure. Que vous êtes méconnu et abandonné ici-bas dans nos églises de pierre et dans les temples spirituels de nos âmes désertes!
Aujourd’hui du moins (et pourquoi ne le ferais-je pas souvent désormais) pour remplacer cette messe paroissiale à laquelle je ne puis me rendre, j’entrerai dans ce sanctuaire, je m’approcherai de cet autel de mon âme, je vous présenterai mon pauvre être qui se disperse et se fatigue à la poursuite de réalités vaines; je le recueillerai comme le moissonneur ses grains; je referai en vous et par vous son unité qui est sa force; au lieu de mille pensées en désordre et de désirs incohérents, je n’aurai plus qu’une pensée et qu’un désir: vous connaître, vous aimer vous seul et tout aimer en vous et pour vous. « Je m’approcherai de l’autel de Dieu, du Dieu qui fait aux âmes une éternelle jeunesse » (Psaume 43). »
(Écrits spirituels, tome 2, page 110)
absolument magnifique !
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