Travail manuel en la chartreuse de Pleterje (Slovénie)
Nous sommes portés à limiter la présence de Dieu à nos activités «pieuses» et nous déplorons trop souvent l’absence de Dieu dans nos activités de tous les jours. Serions-nous, par ailleurs, voués à vivre une certaine schizophrénie bénigne … tantôt présents à la réalité qui nous entoure tantôt à la spiritualité à laquelle nous croyons? Dom Guillerand, s’adressant probablement à des membres de sa famille, répond que l’amour de Dieu et l’amour de nos tâches quotidiennes ne sont pas opposés et peuvent même devenir un enrichissement. Écoutons-le:
« Et vous, de votre côté, vous vous efforcerez d’acquérir des mérites pour qu’après nous être séparés pour quelques jours nous soyons réunis pendant les années éternelles. Cela n’est pas si difficile qu’on le croit communément. Il suffit d’offrir à Dieu ce que l’on fait. Cela n’empêche pas de gérer tous les intérêts temporels dont on a la charge. Au contraire, on le fait avec d’autant plus de courage et de soin qu’on est inspiré par un double amour: celui de la terre et celui du ciel. Ils ne sont pas opposés en principe. Ils ne le deviennent qu’en fait quand on ne sait pas faire à l’un et à l’autre la place à laquelle ils ont droit.
Dieu fait pousser les plantes et grandir les animaux; vous ne contrariez donc pas ses desseins en mettant les grands bœufs dans les regains et en arrosant vos salades; vous êtes ses collaborateurs. Malheureusement nous oublions le Collaborateur; nous vivons comme s’il ne vivait pas; et nous nous comportons comme s’il n’agissait pas. Nous nous privons d’un secours indispensable et d’un soutien très doux et très aimant. Nous n’y gagnons rien et nous y perdons beaucoup. Vous ne faites pas cela, vous. Mais faites-vous bien le plein dans vos cœurs et dans leurs cœurs? Dieu, Notre-Seigneur, la Sainte Vierge et les saints y ont-ils toute la place à laquelle ils ont droit et qui donne à la vie tant de fécondité et de charme? »
(Écrits spirituels, tome 2, page 183 s)