« C’est bon pour moi que tu m’aies humilié » (Psaume 119, 71)
Nouvellement entré dans un monastère trappiste des années 50, il m’arrivait (comme à tous les jeunes moines) de réciter ce verset du psaume en l’attribuant à tout autre que moi … assuré que j’étais d’être dans la bonne voie, aimé de Dieu et loin des assauts du monde pécheur. Puis, au cours des années qui suivirent, impatient de suivre le Christ dans une foule de bonnes œuvres, j’ai persisté à me méfier de ce verset du psalmiste en l’attribuant à sa spiritualité jugée quelque peu masochiste. Devenu octogénaire (et de plus en plus enclin à la recherche de la Vérité), je m’aperçois que les déconfitures, les contradictions, les échecs, les fautes, bref les « humiliations » sont non seulement des accidents de parcours mais des nécessités .
Si la vie éternelle consiste, comme le dit saint Jean « à te connaître, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé. Jésus Christ », il est non moins vrai que cette connaissance ne peut se parfaire sans une certaine expérience de notre pauvreté radicale; seul le pauvre peut intuitionner la grandeur divine! Le fossé qui nous sépare du Créateur doit être vu et revu dans l’expérience ressentie de notre faiblesse naturelle … ce qui fait mieux comprendre que Jésus soit venu sauver « non les justes mais les pécheurs ». Cette humilité radicale, la Vierge l’a bien sûr possédée depuis le premier instant de son existence, mais il en va autrement pour nous qui sommes blessés par la faute originelle; c’est pourquoi les auteurs spirituels, à commencer par saint Benoit, ont toujours considéré l’humilité comme le fondement de notre vie d’enfant de Dieu.
On ne peut donc y échapper … la divine Providence nous ménage et nous ménagera toujours de ces prises de conscience (plutôt déplaisantes, à vrai dire) que sont nos humiliations; elles s’avèrent nécessaires pour nous permettre de mieux saisir la gratuité de son Amour miséricordieux ( « Nous sommes justifiés par la Foi, dit saint Paul, et non par les œuvres de la loi » ). Le psalmiste avait donc bien raison d’affirmer « C’est bon pour moi que tu m’aies humilié », affirmation reprise et complétée par Jean le Baptiste: « Il importe que je diminue et que lui (Jésus) grandisse » .
Merci infiniment pour ce merveilleux article ! Oui, comme le disait le Saint Curé d’Ars, nous sommes des pauvres qui avons besoin de Dieu ! Comment ne sentirions-nous pas nos limites et notre insuffisance, nous sommes si peu de chose sans Lui ! Et tellement heureux, quand Il nous inspire ! Tout nous paraît si facile alors ! Quel Bonheur d’avoir un tel Ami pour l’Eternité !
J’aimeAimé par 1 personne