Baptistère de Saint-Jean-de-Latran (plus ancien monument chrétien de Rome)
La joie du Temps pascal est avant tout celle des baptisés. Nous nous arrêtons facilement à la joie du pardon des péchés et à celle de l’adoption filiale mais qu’en est-il de la joie d’être morts et ressuscités avec le Christ? Et pourtant saint Paul l’affirme clairement: « Nous tous qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. Nous avons donc été mis au tombeau avec lui par le baptême » (Romains 6,3 s). Avouons que pour nous, Catholiques, cette image du « baptême-mise au tombeau » s’est quelque peu estompée au cours des âges suite à la pratique quasi généralisée du baptême par infusion. Le baptême par immersion serait-il dépassé? Voici ce qu’en dit le Catéchisme de l’Église catholique: « Le baptême est accompli de la façon la plus significative par la triple immersion dans l’eau baptismale. Mais depuis l’antiquité il peut aussi être conféré en versant par trois fois de l’eau sur la tête du candidat. » (no 1239)
Et voici comment s’exprimait, vers 350, la catéchèse de l’Église de Jérusalem aux nouveaux baptisés : « Vous avez été conduits par la main à la piscine du baptême, comme le Christ est allé de la croix au Tombeau qui est là devant vous. On a demandé à chacun s’il croyait au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Vous avez proclamé la confession de foi qui donne le salut et vous avez été plongés trois fois dans l’eau, et ensuite vous en êtes sortis. C’est ainsi que vous avez rappelé symboliquement la sépulture du Christ pendant trois jours. (…) C’est ainsi qu’en étant plongés comme dans la nuit vous ne voyiez plus rien; mais en sortant de l’eau vous vous retrouviez comme dans le jour. Dans un même moment vous mourriez et vous naissiez. Cette eau salutaire est devenue à la fois votre sépulture et votre mère. (…) Chose étrange et incroyable! Nous n’avons pas été véritablement morts ni véritablement ensevelis, et nous avons ressuscité sans être véritablement crucifiés. Mais si la représentation ne réalise qu’une image, le salut, lui, est véritable. » (Catéchèses Mystagogiques 2, 4-6)
NOTE HISTORIQUE: lorsque l’empereur Constantin, récemment converti au christianisme, octroya le palais des Laterani au Pape Melchiade, ce dernier y bâtit sa cathédrale et transforma les thermes adjacents en une piscine pour les baptêmes (voir la photo ci-dessus, où l’on distingue très bien, malgré les décorations surajoutées, les lignes maîtresses de la piscine circulaire). Et c’est ainsi que le baptistère de St-Jean-de-Latran est devenu le prototype de tous les baptistères chrétiens, tant de l’Orient que de l’Occident.