L’ascèse et la vie chrétienne

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Tentations de saint Antoine au désert  (Jérôme Bosch)

Face aux nombreux chrétiens d’aujourd’hui qui se traînent les pieds en voulant unir confort et devoirs religieux, les saints demeurent des exemples privilégiés de l’unique voie du Salut. La vie de saint Antoine le Grand, rédigée au 4e siècle, devint vite un champs fertile pour les artistes dévots, tels le peintre néerlandais Jérôme Bosch (↑1516), enclins à illustrer le combat entre le Bien et le Mal. En ce 17 janvier, fête liturgique de saint Antoine, père des moines d’Égypte, voici un extrait de son appel à la vie ascétique tel que relaté par son contemporain et biographe, saint Athanase évêque d’Alexandrie:

« À la mort de ses parents, Antoine resta seul avec une jeune sœur. Ayant alors entre dix-huit et vingt ans, il prit soin de la maison  et de sa sœur. Moins de six mois après le décès de ses parents, il se rendait comme d’habitude à l’église en méditant; il considérait comment les Apôtres avaient tout quitté pour suivre le Sauveur; quels étaient les hommes qui, dans les Actes des Apôtres, vendaient leurs biens et en déposaient le produit aux pieds des Apôtres pour que ceux-ci les distribuent aux nécessiteux; et aussi quelle grande espérance leur était réservée dans le ciel. En pensant à tout cela, il entre dans l’église au moment de la lecture de l’Évangile, et il entend le Seigneur qui disait à un riche: Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres; puis viens, suis-moi, et tu auras un trésor dans les cieux.

Antoine eut l’impression que Dieu lui adressait cet évangile et que cette lecture avait été faite pour lui. Il sortit aussitôt de l’église et donna aux gens du village ses propriétés familiales, quinze arpents d’une terre fertile et excellente, pour que lui-même et sa sœur n’en aient plus l’embarras. Après avoir vendu tous ses biens mobiliers, il distribua aux pauvres la grosse somme d’argent qu’il en avait retirée, en ne mettant de côté qu’une petite part pour sa sœur.

Une autre fois qu’il était entré à l’église, il entendit le Seigneur dire dans l’Évangile: Ne vous faites pas de souci pour demain. Ne supportant plus d’avoir gardé quelque chose, il distribua cela aussi aux plus pauvres. Il confia sa sœur à des vierges dont il connaissait la fidélité et la mit dans leur monastère pour qu’elles y fassent son éducation. Quant à lui, il se consacra désormais, près de sa maison, au labeur de la vie ascétique. Vigilant sur soi-même, il persévérait dans une vie austère  (…) Aussi travaillait-il de ses mains, car il avait entendu cette parole: Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus (…) Il  priait sans cesse parce qu’il avait appris qu’il faut prier sans relâche en privé. Il était si attentif à la lecture qu’il ne laissait rien perdre des Écritures mais en retenait tout et que, dans la suite, sa mémoire pouvait remplacer les livres. »(Vie de saint Antoine par saint Athanase, La vocation d’Antoine)

On sait qu’Antoine par la suite se retira au désert et y vécu très longtemps pour y mourir à l’âge de 105 ans. De nombreux disciples le suivirent dans cette vie d’austérité qui donne accès à l’intimité du Dieu vivant.

A propos moinillon

jacques172.com
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3 commentaires pour L’ascèse et la vie chrétienne

  1. Merci pour ce très beau texte ! Comme est belle cette radicalité de vie ! Mais elle ne nous est pas toujours possible selon notre état de vie, notre engagement dans une vie familiale. On sait le drame qu’a engendré dans le couple et la famille de Tolstoï l’exigence si extrême du grand écrivain, dont le cheminement spirituel a été magnifique, mais il n’a pas su le faire partager à son épouse. Saint François de Sales est très nuancé dans ses enseignements et il distingue bien les particularités propres à chaque état de vie. Les époux Martin à ce sujet sont exemplaires qui ont su unir austérité et joies familiales, et générosité envers les pauvres et l’église. Je crois que le choix essentiel est de placer Dieu au centre de sa vie, « premier servi », d’où découle un juste discernement dans la conduite de nos affaires.

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  2. Imelda dit :

    Je ne peux m’empêcher de penser à la pauvre femme qui était sa sœur. En un instant, par la sainteté d’un homme, elle est jetée sur la paille. Femme de 2018, je n’arrive pas à m’émerveiller de ce comportement. On ne peut ruiner une vie familiale pour un projet personnel tout saint soit-il. Mais ce n’est qu’avis de femme laïque…

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    • moinillon dit :

      En effet, nous sommes loin de l’année 270 …mais, selon Elizabeth Abbott, sa jeune soeur aurait été consentante à vivre comme «vierge consacrée» (Histoire universelle de la chasteté et du célibat, Éditions Fides, 2001, page 101).

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