Progrès … ou changement?
Dans le monde d’aujourd’hui, plusieurs traditionalistes accusent à tort l’Église catholique de renier la Tradition et de se tourner vers les erreurs du modernisme (erreurs déjà condamnées par saint Pie X en 1907). Le modernisme était un courant de pensée qui se caractérisait par un relativisme vis-à-vis les valeurs de l’Église et une propension à la sécularisation. La mise à jour effectuée par le Concile Vatican II (1962-65) dans la vie pastorale de l’Église n’a pas manqué évidemment de susciter quelques mouvements réactionnaires, comme la secte traditionaliste de Mgr Lefebvre. Une chose est de toucher au contenant et une autre de toucher au contenu; les esprits un peu étroits n’y ont rien compris. Encore aujourd’hui, on accuse facilement Rome d’apporter des changements significatifs au dogme alors qu’il ne s’agit en réalité que de modifications liturgiques ou pastorales; un organisme vivant ne saurait subsister en demeurant dans un état momifié! Les traditionalistes d’aujourd’hui, qui rejettent en tout ou en partie les réformes issues du Concile Vatican II, le font en se réclamant d’une fausse conception de la Tradition: d’où leur rejet de la réforme liturgique, de la liberté religieuse, de l’œcuménisme et de la collégialité. Malheureusement pour eux, ils ne font que se méprendre sur la distinction entre «contenant» et «contenu».
Mais il faut savoir également que le dogme peut évoluer en se précisant davantage: on pense par exemple aux privilèges de Marie: immaculée dans sa conception (1854) et glorifiée dans son corps (1950). Déjà au 5e siècle, un moine de l’île de Lérins (en face de Cannes) s’était penché sur le sujet pour en arriver ensuite à bien formuler la règle à tenir. Écoutons-le:
« Ne peut-il y avoir dans l’Église du Christ aucun progrès de la religion? Si assurément, et un très grand. Car qui serait assez jaloux des hommes et ennemi de Dieu pour essayer d’empêcher ce progrès? À condition du moins qu’il s’agisse d’un véritable progrès dans la foi et non d’un changement. Car il y a progrès si une réalité s’amplifie en demeurant elle-même; mais il y a changement si elle se transforme en une autre réalité. (…) Que la religion imite donc la croissance des corps dont les éléments évoluent et se développent au rythme des années, mais demeurent eux-mêmes. Il y a grande différence entre la fleur de l’enfance et la maturité de la vieillesse, et pourtant ceux qui maintenant deviennent des vieillards sont bien les mêmes que les adolescents qu’ils furent autrefois. (…) Il en va de même pour les dogmes de la religion chrétienne: la loi de leur progrès veut qu’ils se consolident au cours des ans, se développent avec le temps et grandissent au long des âges. » ( Commonitorium de Vincent de Lérins, PL 50, 667-668).
Merci pour ce merveilleux article ! Oui le fond est toujours le même mais se précise parfois pour notre plus grand bonheur, et la forme aussi évolue parfois pour mieux s’adapter à notre propre croissance, au contexte de notre temps, de même que la langue évolue aussi pour être plus à même d’exprimer nos réalités nouvelles ! L’Eglise n’est pas un Corps figé, mais animé de la vie même du Christ, qui par Son Esprit Saint ne cesse de nous parler, d’annoncer, de nous rendre toujours plus proches du monde céleste, même s’il est vrai que tout a été dit dans les Ecritures et actualisé par le témoignage des Saints. Mais nous avons la tête si dure que nous avons sans cesse besoin d’une Parole qui parle la langue de notre temps !
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