… tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes »
Cette interpellation de Jésus à Pierre (Matthieu 16,23) peut surprendre, compte tenu que le Maître vient justement de le féliciter d’avoir confesser ouvertement: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». C’est que Pierre, à l’annonce faite par Jésus de sa mort prochaine, a cru bon essayer de l’en dissuader … d’où le reproche « tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ». Il y avait donc en Pierre, comme en toute personne, du bon et du moins bon. En ne saisissant pas encore le sens de la Croix, Pierre prêtait le flanc au jeu du diable qui peut se définir « l’incompréhension radicale de l’amour ».
Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. Jeune étudiant à Rome, j’aimais lire cette inscription grecque et latine, écrite en grosses lettres, à l’intérieur de la Basilique Saint-Pierre; et je me suis souvent demandé quelle serait la réaction des gens si on avait osé ajouter tes pensées ne sont pas (toujours) celles de Dieu mais celles des hommes? Évidemment, selon les normes du temps (16e siècle), ce n’était ni le lieu ni la meilleure façon de faire allusion aux limites humaines du premier Pape. En 2016, connaissant l’humilité de François, les choses se seraient peut-être passées différemment.
Si j’aborde ce sujet, c’est que de plus en plus le Pape François se fait attaquer sur Facebook et autres médias sociaux concernant sa façon de parler de la famille, du rôle de la femme dans l’Église et même de l’Islam. Une certaine tranche de la société catholique, surtout en Amérique du Nord, ne semble pas avoir évolué depuis cent ans alors que tout ce qui venait de Rome se résumait à des encycliques ou autres documents officiels; l’infaillibilité du Souverain Pontife y était presque toujours en cause. En 2016, grâce aux médias sociaux, nous pouvons presque suivre le Pape du matin jusqu’au soir et entendre ainsi toutes ses remarques sur une foule de sujets hétéroclites; une manne inespérée pour ces croyants qui, encore aujourd’hui, persistent à voir en lui « une certaine incarnation de la divinité ». Or le successeur de Pierre, faut-il le répéter, ne jouit du charisme de l’infaillibilité que dans le champs très limité des interventions magistérielles. L’humanisation progressive des derniers Papes ne semble pas avoir été saisie adéquatement par ces catholiques; d’où leur incompréhension et même une certaine méfiance envers un Pape qui ne se comporte pas toujours comme il le devrait. De plus, ces personnes, un peu étroites d’esprit avouons-le, aspirent très souvent à des directives claires et sans équivoque ainsi qu’à des condamnations sans appel… oubliant de faire les nuances nécessaires.
« Marie méditait toutes ces choses dans son cœur » (Luc 2,20). Il ne suffit pas d’acquiescer aux vérités de la foi … il faut également les méditer, les creuser, bref, y réfléchir! On ne peut que souhaiter l’intelligence spirituelle à ces frères et sœurs qui peinent à accepter une image plus humaine et moins solennelle du Souverain Pontife. Permettons-lui d’être humain … et cessons d’interpréter toutes ses opinions comme autant de déclarations dogmatiques. Un auteur spirituel affirmait de la Vierge Marie: « Elle est tellement belle par elle-même qu’elle n’a pas besoin de nos exagérations ». Le Pape non plus!
Merci de votre reflexion…. a l’evangile de Mathieu j’ai souvent interpreter ce passage dans ma vie de comment loin les pensees (les idees, les gestes, etc) des etres humaines sont en relation avec les mots et gestes du Seigneur….. Surement Marie (au passage de Luc citer) est noter comme « elle meditait tout ca dans sa coeur ». Le debut du passage humaine au milieu spirituelle (divin) suit de Marie donc … ca commence toujours a cette meditation des mots et gestes du Seigneur « au coeur »….. et s’est montrer au monde en nos gestes et nos mots a tous les jours….
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Merci beaucoup pour cette merveilleuse réflexion ! Quelle chance pour nous, ce Pape si proche des gens, si compréhensif, et en même temps si ferme dans ses Encycliques et ses Exhortations apostoliques ! Oui, avant de critiquer, prenons la peine de bien nous informer aux bonnes sources, sans nous laisser envahir par le tintamarre approximatif des médias, qui hélas parfois trahit plus qu’il n’informe ! Et nous sommes responsables aussi de nos propres pensées, parfois trop humaines, car notre premier devoir est de nous laisser transformer par Dieu, pour accorder nos pensées aux Siennes, l’inverse serait bien peine perdue !
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