En cette fête du Baptême de Jésus, fête qui commémore une démarche énigmatique de la part du Seigneur et qui signale le début de son ministère publique, il convient de lever le voile un tant soit peu sur le sens de cet événement.
Dans la liturgie juive, le Jour de l’Expiation ou du Grand Pardon («Yom Kippour») était l’occasion pour le peuple de confesser ses péchés commis durant l’année et de les faire imputer, par le Grand Prêtre, à un bouc choisi à cet effet, lequel était par la suite envoyé au désert, repaire des démons … le rite du Bouc émissaire! Ce rite juif a préparé les futurs chrétiens à mieux comprendre la démarche de Jésus, qui à l’âge de trente ans quitta son village de Nazareth pour aller recevoir un baptême de pénitence des mains d’un prophète appelé Jean. La première réaction de ce dernier, qui le connaissait bien étant son lointain cousin, fut de refuser; puis, après insistance de Jésus, il finit par accepter. Le lendemain, ce même prophète désignait Jésus publiquement comme étant « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jean 1,29). Comment Jean en était-il arrivé à affirmer si rapidement une telle vérité si ce n’est grâce à une explication fournie par Jésus lui faisant comprendre que sa mission était de prendre sur lui les péchés du monde entier. Jésus, bouc émissaire, était donc destiné à expier et à effacer par sa mort rédemptrice tous les péchés possibles. Son baptême de pénitence, en notre nom, recevait ainsi tout son sens.
Dans cette démarche historique, Jésus se présente également comme le nouveau Jacob qui, on le sait, réussit à obtenir de son vieux père Isaac la bénédiction destinée à son frère Ésaü en empruntant subrepticement les vêtements de ce dernier. Belle prophétie de cette démarche vicariale du Verbe éternel qui endossa notre humanité pour accomplir sa mission; mission tout à fait spéciale qui n’était pas tellement de recevoir une bénédiction que de se faire «malédiction».
Finalement, il est intéressant de noter que ce baptême de Jésus dans l’eau est immédiatement suivi d’un deuxième, tout aussi important, alors qu’il est immergé dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, s’emparant de lui à la façon des anciens prophètes, l’envoie au désert pour y être tenté par le démon; lutte initiale qui laisse prévoir un ministère publique des plus combatifs. Bouc émissaire donc, nouveau Jacob, prophète charismatique, fils bien-aimé du Père … que de richesses spirituelles renfermées dans cet événement singulier que fut le Baptême de Jésus!
Merci beaucoup mon Frère pour cette profonde et nourrissante méditation théologique. Sainte et heureuse année nouvelle à vous ! 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Merci infiniment pour ce très bel article ! Quelle gratitude devons-nous avoir pour le Seigneur, pour la merveille de sa mission de Rédempteur, venu dans notre monde, parmi sa misère, pour nous offrir toutes les clés du bonheur !
J’aimeAimé par 1 personne