
Le Penseur ( Auguste Rodin 1840-1917)
Dans un monde bruyant où les communications sont en progression exponentielle, il semble difficile sinon impossible de s’arrêter pour prendre le temps de réfléchir. Et pourtant … même au 21e siècle, l’homme demeure un « être pensant ».
Au plan de la foi, le croyant ne peut se dispenser de réfléchir, de méditer sur les vérités révélées qui lui dévoilent sa destinée éternelle. Voici ce qu’en disait un prêtre anglican du 19e siècle, destiné lui-même (une fois converti) à jouer un rôle important au sein de l’Église catholique:
« La foi de Marie ne s’est pas contentée d’acquiescer aux desseins et aux révélations de Dieu: elle les méditait, comme dit le texte. Lors de leur arrivée, les bergers lui dirent avoir vu des anges au moment de la nativité; l’un d’eux leur avait annoncé que l’enfant blotti dans les bras de Marie « était le Sauveur, le Christ Seigneur » (Luc 2,11) . Alors que chacun s’étonnait, Marie, elle, « gardait toutes ces choses, les méditant dans son cœur ». Plus tard, lorsque son Fils, le Sauveur, eut douze ans et qu’il la quitta un moment pour le service de son Père, c’est avec surprise qu’elle le retrouva dans le Temple au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Marie s’étant tournée vers lui, il voulut bien justifier sa conduite. Alors, nous dit-on à nouveau, « sa mère gardait toutes ces choses dans son cœur » (Luc 2,51). De même, aux noces de Cana, sa foi devança le premier miracle de Jésus, car elle dit aux serviteurs: « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (Jean 2,5).
Ainsi, la Vierge Marie est notre modèle dans la foi, tant pour accueillir que pour approfondir la divine Vérité. Il ne lui suffit pas de l’accepter, elle s’y arrête; non seulement elle la possède, mais elle en fait usage; consentir, pour elle, demeure insuffisant, elle développe sa foi. Soumettre sa raison ne suffit pas, mais elle raisonne sa foi; non pas à la manière de Zacharie, en raisonnant d’abord pour croire ensuite, mais en commençant par croire, pour ensuite, par amour et révérence, raisonner sur ce qu’elle a cru. Ainsi, symboliserait-elle pour nous, non seulement la foi des simples, mais aussi celle des docteurs de l’Église qui ont à approfondir, à bien considérer, à préciser tout autant qu’à proclamer l’Évangile. »
( Bienheureux John Henry Newman, Fête de la Purification, 1843)