Chartreuse de la Trinité (Dego, Riviera italienne)
Au dire du biographe de dom Augustin Guillerand, le père André Ravier s.j., les écrits de notre chartreux sont profondément inspirés de théologie trinitaire … il n’est donc pas difficile d’y trouver un texte, comme le suivant, qui traite de la vie trinitaire dans le cœur du croyant. En cette veille de la fête de la Très-Sainte-Trinité, écoutons ce que dom Augustin a à nous dire à ce sujet:
« Le bon Dieu ne désire rien tant qu’avoir pitié et secourir. Il attend, je devrais dire impatiemment s’il était capable d’impatience, de pouvoir le faire. Car le nom d’Être que je lui donne est incomplet. Cet Être qui est, c’est l’Amour même, le don de soi. Se donner est sa vie. Il ne fait que cela. Éternellement le Père donne au Fils cet Être infini dont il est la source, l’océan, le principe et le terme. Éternellement le Fils, animé de ce mouvement que le Père lui communique, refait vers son Père (ou mieux dans son Père) ce don qui les unit, les lie l’un à l’autre, les tient l’un dans l’autre. Comme un foyer lumineux qui serait en même temps un miroir sans bornes, le Père se reproduit dans le Fils, le Fils reproduit le Père, l’Amour qui les unit procède des deux, les reproduit à son tour, les illumine et les fait voir … puis part d’eux pour se répandre hors d’eux, se communiquer à des êtres qui, animés du même mouvement, se donneront comme ils se donnent, leur seront unis par ce don et ne feront eux-mêmes qu’un avec eux.
L’âme qui prie implore cette communication de l’Esprit d’amour; elle demande à Dieu de se donner à elle; elle demande donc ce qu’il désire infiniment. Entre ce désir infini de Dieu et la prière de cette âme, il y a donc consonance, harmonie, accord parfait. L’âme humble reconnaît qu’elle n’a pas en elle-même cette tendance à se donner qui est essentiellement divine. Elle reconnaît qu’elle ne peut l’avoir que si l’Amour essentiel la lui communique. »
(Écrits spirituels, tome 1, page 31)