«Deux hommes montèrent au Temple pour prier …»
Qui d’entre nous n’a pas été, un jour ou l’autre, objet d’un mépris en bonne et due forme, mépris qui nous a fait subitement descendre dans la poussière du plancher en nous dévalorisant royalement? Il est vrai que c’est souvent le prix à payer pour se découvrir tel qu’on est, surtout lorsqu’on est jeune et replié sur soi-même. Il n’en reste pas moins que le procédé est cuisant et presqu’impossible à supporter.
S’il est une catégorie de personnes que Jésus ne pouvait supporter, c’est bien celle des pharisiens de son temps. Des individus qui se prenaient pour justes, selon leurs propres critères (assez superficiels d’ailleurs) et qui méprisaient tous les autres. En Luc 18, 9-14, le Maître s’efforce de montrer que les courageux sont ceux qui se voient tels qu’ils sont, même si c’est à leur désavantage, alors que les faibles sont précisément ceux qui ont peur de la vérité et qui se maquillent pour cacher leur pauvreté spirituelle. Cette dernière catégorie est composée de personnes qui ont toujours raison, qui se cachent derrière une foule de petits détails et qui sentent le besoin de condamner les autres justement pour se hausser au dessus d’eux; somme toute, de pauvres types qui vivent dans leur bulle, se mentent à eux-mêmes et aux autres et ne peuvent ainsi entrer en relation normale avec Dieu.
Dans la vie spirituelle, la tentation est grande de se bâtir une personnalité irréprochable par le truchement de pratiques extérieures en oubliant que la justice nous est donnée par Dieu et non par nous-mêmes: « Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que travaillent les bâtisseurs. » (Psaume 127, 1) Les pharisiens du temps de Jésus sont tous disparus mais la tendance pharisaïque nous guette constamment. Dieu n’a pas besoin de notre «bonne réputation» … il ne nous demande que l’humilité de nous voir tels que nous sommes et de mettre notre confiance en son Amour miséricordieux. « Car tout homme qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé.»
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