Monastère de La Valsainte (Suisse)
C’est en 1916 que Maxime Guillerand, jeune prêtre de Nevers, entra chez les chartreux à La Valsainte, en Suisse. Voici quelques extraits de ses lettres qui nous dévoilent une âme contemplative possédant une grande intelligence du concret de la vie:
LA DÉTENTE
«La détente est nécessaire après l’effort. Savoir se reposer est rare à notre époque trépidante. On use sa vie, on la gâte ou du moins on la diminue autant par l’intempérance dans le travail que par la paresse. J’ajoute néanmoins que je préfère beaucoup les excessifs aux paresseux! Seul l’organisme se fatigue dans le travail intellectuel. C’est donc lui qu’il faut reposer. On le repose en le détendant. Le repos n’est pas l’inertie. On ne se repose pas en cessant de travailler, à moins d’épuisement, mais en changeant de travail. Le nouveau travail doit mettre en jeu des énergies, musculaires ou puissances, qui n’agissaient pas ou peu dans l’action précédente. Il faut donc continuer de travailler mais exécuter un travail différent.» (Écrits spirituels, tome 2, page 269)
LA LECTURE
«Une lecture peut profiter sans laisser aucune trace dans la mémoire. Il faut, à cet égard, bien distinguer entre la mémoire et l’intelligence. Pour fixer en mémoire il faut faire attention: on remarque ce qui entre et reste. L’intelligence au contraire se laisse imprégner sans qu’on s’en doute. Les choses se fixent alors dans une partie de la mémoire, la subconscience, au-dessous de la conscience claire, et quand on en a besoin, elles reparaissent. Ce n’est donc pas temps perdu.
Pour profiter des lectures il faut lire lentement. C’est là surtout que le détachement est nécessaire. On veut trop lire et l’on se fatigue. Et il ne reste que de vagues notions, sans lien, sans clarté, qui encombrent l’esprit au lieu de le nourrir, comme des aliments non digérés. Faire peu et bien.» (ibidem, page 268).