L’Église face au Mystère pascal

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« … a été crucifié, est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux … ». Cet extrait du Symbole des Apôtres résume bien la foi de l’Église depuis 2000 ans mais, avec l’évolution inévitable des idées et des recherches scientifiques, n’y aurait-il pas lieu de revoir certaines de ces affirmations ? Que pense l’Église, aujourd’hui, face aux divers éléments de ce mystère fondamental qu’est la mort-résurrection du Christ ? Voici quelques extraits du Compendium du Catéchisme de l’Église catholique (2005) qui répondent à ces questions:

124. En quelles conditions était le corps de Jésus lorsqu’il se trouvait au tombeau ?

Le Christ a connu une vraie mort et une vraie sépulture. Mais la vertu divine a préservé son corps de la corruption.

125. Que sont « les enfers » où Jésus est descendu ?

Les « enfers » (qui sont différents de l’enfer de la damnation) constituaient la situation de tous ceux qui, justes ou méchants, étaient morts avant le Christ. Avec son âme unie à sa Personne divine, Jésus a rejoint dans les enfers les justes, qui attendaient leur Rédempteur pour pouvoir enfin accéder à la vision de Dieu. Après avoir vaincu, par sa mort, la mort et le diable qui a « le pouvoir de la mort » (Hébreux 2, 14), il a libéré les justes en attente du Rédempteur et il leur a ouvert les portes du Ciel.

126. Quelle est la place de la résurrection du Christ dans notre foi ?

La résurrection est la vérité la plus haute de notre foi dans le Christ. Avec la croix, elle représente une part essentielle du Mystère pascal.

127. Quels « signes » attestent la Résurrection de Jésus ?

Hormis le signe essentiel que constitue le tombeau vide, la Résurrection de Jésus est attestée par les femmes qui, les premières, l’ont rencontré et l’ont annoncé aux Apôtres. Jésus est « apparu ensuite à Céphas (Pierre), puis aux Douze. Ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois » (1 Corinthiens 15, 5-6) et à d’autres encore. Les Apôtres n’ont pu inventer la résurrection, car elle leur apparaissait impossible. En effet, Jésus leur a aussi reproché leur incrédulité.

128. Pourquoi la Résurrection est-elle en même temps un événement transcendant ?

Tout en étant un événement historique, que l’on peut constater et qui est attesté par des signes et des témoignages, la Résurrection, parce qu’elle est l’entrée de l’humanité du Christ dans la gloire de Dieu, transcende et dépasse l’histoire, comme mystère de la foi. C’est pour cette raison que le Christ ressuscité ne se manifeste pas au monde, mais à ses disciples, faisant d’eux ses témoins devant le peuple.

129. Quel est l’état du corps ressuscité de Jésus ?

La Résurrection du Christ n’est pas un retour à la vie terrestre. Son corps ressuscité est celui qui a été crucifié et qui porte les signes de sa Passion, mais il participe désormais de la vie divine avec les propriétés d’un corps glorieux. C’est la raison pour laquelle Jésus ressuscité est souverainement libre d’apparaître à ses disciples comme il veut, où il veut et sous des aspects variés.

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Cette nuit que Dieu appelle lumière

TransfigurationCloître de la Chartreuse de la Transfiguration ( Vermont, USA)

Le Temps pascal est comme un couloir qui laisse passer des rayons de lumière, mais … la vie ordinaire n’est pas toujours ainsi. Tant que nous serons sur terre la foi nous plongera dans les ténèbres, car c’est de cette façon que Dieu entend nous conduire à la grande Clarté. Dom Guillerand nous parle aujourd’hui du sacrifice que la foi exige de nous:

« Il faut croire avant de voir, il faut croire à Celui qui voit, pour voir un jour ce qu’il voit et comme il voit. Il l’a voulu ainsi. Il y trouve gloire et joie. Celui qui ne voit que la nuit et qui lui dit: « Mon Dieu, je ne vois rien; mais puisque vous me dites que cette nuit c’est votre lumière, je le crois. Tout en moi dit le contraire; j’immole ce moi, je vous écoute contre lui, je vous préfère à lui », celui-là met Dieu à sa vraie place, la première. Il est clair que c’est là le grand sacrifice (« qu’il se renonce lui-même ») car la raison qui dit « c’est la nuit » est la citadelle du moi; quand on l’immole, on donne tout.  Cette nuit acceptée, cette nuit (que la raison nomme nuit mais que Dieu appelle lumière) s’éclaire soudain et devient le rayon délicieux, l’aube naissante de l’éternelle Clarté.

Croyons donc que dans le monde bouleversé, où nous devons vivre, dans ce monde si privé de paix et si loin de Dieu, et dans notre âme surtout, dans notre âme accablée, Dieu est là. Dieu aime, Dieu se donne, Dieu verse sa paix aux âmes de bonne volonté. Croyons celà, ne cherchons pas à comprendre, ne demandons pas à sentir; car croire c’est précisément se livrer à une parole sans comprendre ni sentir. Croyons: et cette Parole même, le Verbe de Dieu, nous transformera en lui et nous fera participer à sa vie. »

(Écrits spirituels, tome 2, page 217 s)

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Pourquoi sombrer dans la tristesse ?

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Je suis toujours surpris de voir tant de chrétiens se laisser envahir par la morosité, même durant le Temps pascal ! Les événements contemporains, aussi tristes qu’ils puissent être, ne sont pas toujours en cause mais bien plutôt notre façon superficielle de vivre en ce monde, éparpillés que nous sommes par nos sens toujours à l’affût de nouveautés. Nous sommes-nous vraiment arrêtés cette année à la signification du Salut apporté par le Fils de Dieu ? Sommes-nous conscients des répercussions multiples de cet événement unique qu’est sa Mort-Résurrection ? Faisons-nous partie intégrante de ce Mystère ou en sommes-nous les spectateurs plus ou moins indifférents ?

Il n’en reste pas moins que la joie de la Résurrection de Jésus perdure dans l’Église depuis 2000 ans et elle est extatique … car les véritables disciples du Ressuscité ne cessent de s’extasier devant cette nouvelle vie qui répond à leur désir profond d’éternité. Les cultures peuvent changer, les gouvernements peuvent se succéder, l’être humain demeure le même depuis sa lointaine origine: il a soif de bonheur, il aime la vie et désire la conserver le plus longtemps possible.

Ne soyons donc pas surpris si les 50 jours  après Pâques, appelés «Temps pascal», sont consacrés à cet enthousiasme spirituel qui prolonge celui de la Fête. Un temps d’action de grâce où résonne l’Alléluia  (allelu-Yah, littéralement: louons Yahvé); un temps de chants et de joie qui nous fait oublier la période ascétique du carême pour nous axer plus directement sur le triomphe du Ressuscité. Malheureusement, ce n’est que pour un certain temps, car la dure réalité de la vie ne peut que nous rattraper. C’est en ce sens que s’exprimait  saint Augustin au 5e siècle :

« Il y a deux époques: l’époque actuelle qui se passe dans les tentations et les épreuves de cette vie, et une seconde époque, qui sera celle de la sécurité et de l’allégresse sans fin. Aussi deux époques ont-elles été instituées par l’Église: avant Pâques et après Pâques. L’époque antérieure à Pâques (le carême) symbolise l’épreuve où nous sommes maintenant, et ce que nous célébrons en ces jours qui suivent Pâques (le temps pascal) symbolise la béatitude qui sera plus tard la nôtre. » (Homélie sur le psaume 148)

Le temps pascal étant donc pour nous une certaine anticipation du Ciel, profitons-en et laissons déborder notre reconnaissance et notre joie !

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L’AMOUR MISÉRICORDIEUX

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Image de Jésus miséricordieux  (E. Kazimirowsky, 1934)

En ce 2e dimanche de Pâques (jour octave de la Fête ou dimanche in albis), l’Église catholique célèbre désormais la fête de la Divine Miséricorde. Suite à la décision de saint Jean-Paul II (prise le 30 avril 2000, lors de la canonisation de sœur Faustine Kowalska), l’Église universelle est invitée à vénérer chaque année cet inconcevable mystère qui est à la base de tous les autres: l’Amour miséricordieux de Dieu envers nous, pauvres  pécheurs!

Loin d’introduire un élément discordant au déroulement des Fêtes pascales, cette célébration nous fait entrer au cœur même du mystère de Pâques: révélation d’une dimension insoupçonnée de l’amour du Créateur pour nous, dévoilement des sentiments éternels d’un Père qui n’hésite pas à mettre son cœur sur la misère humaine, un Père vraiment «miséri-cordieux»!

« La Fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles, je désire qu’elle soit fêtée solennellement le premier dimanche après Pâques. Le genre humain ne trouvera pas la paix tant qu’il ne se tournera pas vers la source de ma Miséricorde. » (Petit Journal, § 699). Ces paroles ne viennent pas du pape Wojtyla mais du Seigneur Jésus lui-même à sœur Faustine, religieuse polonaise, le 22 février 1931. Jésus lui apparut, portant un vêtement blanc, comme le « Roi de la Miséricorde divine ». Sa main droite se levait en signe de bénédiction et l’autre touchait le vêtement sur sa poitrine. De dessous ses vêtements sortaient deux grands rayons, l’un rouge, l’autre blanc. Se conformant aux ordres qu’elle avait reçus du Christ, Faustine fit peindre une représentation de cette vision, Jésus lui promettant de défendre l’âme qui honorerait cette image. Et le Seigneur de préciser: « Mon regard sur cette image est le même que celui que j’avais sur la croix. » (P. J. 326). À noter que la peinture en question fut réalisée par Eugène Kazimirowsky, en 1934; le seul qui ait été peint sous les indications de sœur Faustine, contrairement au tableau d’Adolf Hyla peint en 1943 ( cinq ans après la mort de la sainte et plus répandu).

On sait que le pape Jean-Paul II décéda en 2005, lors des premières vêpres de la fête de la Divine Miséricorde. Étant donné la grande dévotion qu’il portait à cet attribut divin, sa béatification (2011) ainsi que sa canonisation (2014) eurent lieu en ce même dimanche consacré à la Miséricorde. Puissent la vie et la mort de ce saint pape nous inciter à célébrer avec ferveur et reconnaissance cette fête qui souligne merveilleusement l’affirmation de l’apôtre saint Jean, « Dieu est Amour » (1 Jean 4, 8).

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Nouvelle apparence du Ressuscité

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« Et quand ils le virent, ils se prosternèrent ; d’aucuns cependant doutèrent » (Matthieu 28, 17)

Nous connaissons les faits grâce aux divers récits évangéliques : le Christ ressuscité apparaît à Marie-Madeleine et aux saintes femmes, aux deux pèlerins d’Emmaüs, aux apôtres réunis au cénacle, à une foule de disciples sur une montagne en Galilée et à quelques apôtres en train de pêcher sur lac de Tibériade. Or, dans toutes et chacune d’entre elles, le Ressuscité n’est pas physiquement reconnaissable et doit s’identifier d’une façon ou d’une autre : par la voix (Marie-Madeleine), par la bénédiction du pain (pèlerins d’Emmaüs), par les cicatrices (apôtres au cénacle), par la pêche miraculeuse (au lac de Tibériade). De toute évidence, le Ressuscité n’a pas tenu à être reconnaissable par ses anciens traits physiques. Pourquoi ?

Loin de moi la prétention d’apporter une solution à ce mystère ! Je ne puis que proposer une tentative d’explication qui me semble conforme au Plan de Dieu sur nous. Ce Plan, saint Paul nous en parle comme étant la volonté de Dieu de tout réunir sous le Christ et dans le Christ (Éphésiens 1, 10). Nous sommes donc, depuis 2000 ans, dans un nouvel ordre des choses : le Christ nous rassemble en étant présent dans son Église d’une façon totalement différente du temps où il vivait en Galilée avec ses disciples. Avant de nous quitter visiblement, le Ressuscité nous rassura en disant: « Voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 20). Et nous savons que l’Esprit Saint prit la relève en vivant en chacun des baptisés et en les unissant les uns aux autres pour former un seul Corps. Dans une certaine mesure, la présence de Jésus se confond dès lors avec celle de l’Esprit Saint (son esprit à lui également) et donc, par le fait même, avec tous ses membres animés par l’Esprit (« ce que vous avez fait à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait »). De plus, il ne faut pas oublier cette présence spéciale dans les chefs des communautés chrétiennes : « qui vous écoute m’écoute ». Dans cette même ligne de pensée, il convient de mentionner également ces actions liturgiques où le Christ lui-même, par ses ministres, prie, baptise, célèbre, pardonne et prêche la bonne nouvelle.

C’est donc par ses INTERVENTIONS CONCRÈTES (et non par ses anciens traits physiques) que le Ressuscité a voulu se rendre présent à ses disciples : réponse à la prière fervente de Marie-Madeleine, fraction du pain pour les pèlerins d’Emmaüs qui l’hébergent, succès de l’effort communautaire (pêche miraculeuse), etc. Loin de nous priver de sa présence, Jésus l’a ÉTENDUE à la totalité de la vie ecclésiale. Un acte de foi nous est évidemment exigé mais celui-ci nous fait accéder à un niveau supérieur qui transcende aisément celui du plan humain d’avant la Résurrection : « Là ou deux ou trois disciples sont réunis en mon nom, je suis là au milieux d’eux ». Quelle joie, quelle immense consolation pour nous, chers amis mais aussi, avouons-le, quelle responsabilité !

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Il s’est levé, notre Frère !

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Il s’est levé d’entre les morts,

Le Fils de Dieu, notre frère.

Il s’est levé libre et vainqueur ;

Il a saisi notre destin

Au cœur du sien

Pour le remplir de sa lumière.

(Hymne liturgique)

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En ce Samedi Saint

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Les Jours Saints nous font contempler Jésus dans sa Passion et nous nous mettons souvent à envier ceux et celles qui ont eut la grâce d’assister en personne à ce drame central de notre foi chrétienne. Qu’aurions-nous fait à leur place? Aurions-nous été de ceux qui se réjouissaient de la disparition d’un importun? de ceux qui en étaient scandalisés? ou de ceux et celles qui, sans trop comprendre, lui conservaient leur amour? Et nous nous mettons peut-être à envier les Apôtres ou autres intervenants comme Simon de Cyrène, Joseph d’Arimathie, les saintes femmes et aussi, pourquoi pas, le malfaiteur repenti qui était crucifié près de Lui. Écoutons brièvement un théologien du 4e siècle, docteur de l’Église, nous expliquer l’attitude à adopter face au Crucifié:

« Acceptons tout pour le Christ; par nos souffrances, imitons sa passion; par notre sang honorons son sang; montons vers la croix avec ferveur. Si tu es Simon de Cyrène, prends la croix et suis-le. Si tu es crucifié avec lui, comme le malfaiteur, reconnais, comme cet homme juste, qu’il est Dieu. Si lui-même a été compté parmi les pécheurs à cause de toi et de ton péché, toi, deviens un homme juste à cause de lui. En te crucifiant, adore celui qui a été crucifié à cause de toi, et tire quelque profit de ta méchanceté même; achète le salut au prix de la mort; entre au Paradis avec Jésus, pour comprendre de quels biens tu étais exclu. Contemple les merveilles qui sont là, et laisse mourir au-dehors, avec ses blasphèmes, celui qui l’injuriait.

Si tu es Joseph d’Arimathie, réclame le corps à celui qui l’a fait mettre en croix; que ton souci soit le rachat du monde. Si tu es Nicodème, cet adorateur nocturne de Dieu, mets-le au tombeau avec les parfums. Si tu es une des saintes femmes, l’une ou l’autre Marie, si tu es Salomé ou Jeanne, va le pleurer de grand matin. Sois la première à voir la pierre enlevée, à voir peut-être les anges, et Jésus lui-même. »

(Homélie de saint Grégoire de Nazianze pour la Pâque, PG 36, 653-656)

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L’horrible torture de la crucifixion

Les évangiles n’étant pas des biographies de Jésus mais des mises par écrit de la prédication des Apôtres, il est normal que ces documents, tout en se référant principalement à la mort du Christ, ne nous aient pas transmis tous les détails de la crucifixion. Ainsi, l’évangéliste Marc résume de façon très succincte cet évènement « Et ils (les soldats romains) lui donnaient du vin mêlé de myrrhe, mais il n’en prit pas. Puis ils le crucifient et se partagent ses vêtements en tirant au sort ce qui reviendrait à chacun » (Marc 15, 23-24). Les autres évangélistes ne sont pas plus loquaces à ce sujet … et on peut le comprendre d’une certaine façon, car ce genre de supplice, des plus fréquents dans l’empire romain, était malheureusement très connu des premiers lecteurs. Notons que cette mort humiliante, réservée normalement aux esclaves, n’était pas infligée aux citoyens romains.

À deux mille ans de distance, il n’est peut-être pas inutile de se remémorer aujourd’hui certains éléments de la passion de Jésus qui, pour diverses raisons, risquent d’être banalisés. S’il convient de ne pas tomber bêtement dans un certain voyeurisme, il faut bien avouer par ailleurs que plusieurs représentations du divin crucifié versent dans l’angélisme le plus naïf : tel un beau Jésus, tout propre et quasi intègre, tenant aisément de brefs discours avec son entourage pour ensuite mourir presque subitement, sans convulsions. Or la torture infligée aux crucifiés était toute autre chose qu’une mort tranquille!

Et tout d’abord, rappelons brièvement les souffrances infligées au Christ avant son arrivée au Calvaire. En premier lieu, une flagellation inhabituelle (imposée par un gouverneur désireux d’attendrir la foule), subterfuge cruel qui s’est avéré inutile mais dont le corps de Jésus a fait les frais. Puis une séance de moqueries et de sévices gratuits infligés par la garde du prétoire pour ridiculiser sa royauté messianique. Enfin, l’acheminement des condamnés au lieu d’exécution, chacun portant son patibulum (partie transversale de la croix destinée au crucifiement) : déambulation pénible dans les ruelles de Jérusalem, chutes fréquentes et non protégées par les mains ligotées à la poutre : ecchymoses et visage tuméfié (le Saint Suaire de Turin, examiné soigneusement par Mgr Giulio Ricci, révèle entre autres blessures tant un nez fracturé qu’un œil droit complètement bouché). Au cours du trajet, l’état piteux de Jésus obligea les soldats à réquisitionner l’aide d’un passant pour porter la poutre derrière lui.

Quant à la crucifixion proprement dite, elle pouvait se faire de diverses manières, allant de l’attachement avec cordes (prolongeant ainsi des jours entiers la torture infligée) au percement des mains et des pieds avec clous de fer. Le choix était souvent aléatoire et laissé aux exécuteurs mais, dans le cas de Jésus, on connaît la décision prise. Il était 9h, nous dit saint Marc. Les soldats commencèrent par clouer les mains au patibulum (le docteur Pierre Barbet suggère une percée aux poignets alors que le pathologiste Frédéric Zugibe opte vers le haut de la paume des mains). De toute façon, le sectionnement des muscles ne pouvait que provoquer une douleur atroce à la victime. Puis venait la fixation du patibulum au poteau vertical déjà en place et finalement le percement des deux pieds, l’un par dessus l’autre, à l’aide d’un seul clou. C’est alors que la souffrance du crucifié atteignait son paroxysme car, pour respirer, il devait se dresser vers le haut (en s’appuyant douloureusement sur le clou des pieds) pour ensuite s’abaisser et ressentir l’exacerbation des douleurs aux mains. La crucifixion des pieds nécessitait donc la flexion préalable des jambes pour permettre ce mouvement respiratoire, sinon c’était l’asphyxie au bout de quelques minutes. C’est dans ce contexte de mouvements pénibles et répétées qu’il nous faut placer les quelques mots prononcés par Jésus, balbutiements à peine audibles mais que les évangélistes nous ont minutieusement transmis. L’aggravation inexorable des convulsions du crucifié laisse présumer que la plupart des échanges verbaux eurent lieu dans les premières heures de la crucifixion. La posture du Christ en croix n’avait donc rien de statique (comme semblent le supposer nos crucifix traditionnels) et notons que ses spasmes d’agonisant ne prendront fin qu’à sa mort, vers 3h de l’après-midi. Les malfaiteurs, quant à eux, ont-ils été attachés à leur croix avec des cordes ? Impossible de le savoir, mais leur facilité apparente de converser ainsi que la nécessité de leur fracturer les jambes pour hâter leur mort semblent l’indiquer.

Mort ignominieuse du Messie, mystère insondable de souffrances de toutes sortes ! Pourquoi devait-il en être ainsi ? Toute réponse valable ne peut que se retrouver dans la sagesse du Plan divin qui nous échappe. En célébrant la Passion du Christ, puissions-nous obtenir de participer à ce mystère en produisant des fruits de sainteté !

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Un repas devenu mémorial

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Le tableau de la Dernière cène par Salvador Dali a ceci de remarquable qu’il fait le lien entre le repas du soir et l’évènement du lendemain. Ce qui aurait pu n’être qu’un dernier repas entre amis est ainsi représenté comme une annonce du mystère qui va se dérouler dans les prochaines vingt-quatre heures. À bien y penser, c’est là tout l’essentiel de l’Eucharistie, ce sacrement que Jésus a institué pour être le mémorial de sa mort.

« Ceci est mon corps qui va être donné pour vous; faites-ceci en mémoire de moi » (Luc 22,19). Jésus donne à ses apôtres et à leurs successeurs le commandement de refaire ce repas périodiquement afin de garder en mémoire qu’il est mort pour chacun et chacune d’entre nous. Mais il y a plus. En distribuant la coupe de vin à la fin du repas, il ajoute une précision importante: « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, qui va être versé pour vous » (Luc 22,20). Une «nouvelle» alliance, par rapport à celle contractée au Sinaï entre Dieu et le peuple juif. Moïse avait alors prit la moitié du sang de la victime pour en asperger les deux contractants, soit Dieu (représenté par l’autel) et le peuple, en ajoutant : « Ceci est le sang de l’alliance que Dieu a conclue avec vous …» (Exode 24,8). « Nouvelle » alliance, donc, car la mort de Jésus nous introduit dans une nouvelle relation avec Dieu, relation visant à nous introduire non plus dans un quelconque petit pays méditerranéen mais bien dans un état d’union ineffable et éternelle avec Celui qui se déclare être notre Père !

Le sacrement de l’Eucharistie, tout sublime qu’il puisse être, n’enlève rien cependant à la beauté du geste que Jésus va posé sur la Croix : le Fils de Dieu s’y offre totalement à son Père dans un acte d’amour qui fait écho à sa relation éternelle avec lui (le Verbe se donne au Père, le Père se donne au Verbe et de ce mouvement d’amour naît l’Esprit Saint). Cette offrande éternelle actualisée au Calvaire (et réactualisée à chaque messe) devient donc pour nous source et modèle de notre propre vie chrétienne :  » Je vous exhorte donc frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c’est là le culte spirituel que vous avez à rendre.  » (Romains 12, 1). Il y a là un grand mystère d’amour qui dépasse les mots, mais qui se dévoile mystérieusement à ceux et celles qui y communient régulièrement.

Ne rougissons pas de l’Eucharistie, c’est une faveur inouïe de la part de Dieu qui s’y fait assimilable et dont nous ne saisirons toutes les retombées que dans l’Éternité !

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Une souffrance incontournable !

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Aux deux pèlerins d’Emmaüs qui retournaient chez eux l’après-midi de Pâques, Jésus ressuscité n’hésita pas à expliquer à même les Écritures la nécessité pour le Messie de souffrir sa passion pour entrer dans sa gloire. La Tradition n’a pas retenu les éléments de cette catéchèse mais voici un texte sans doute bien connu de Jésus (et longuement médité par lui tout au long de sa vie à Nazareth) qui résume fort bien le Plan providentiel du Salut:

« Devant Dieu, le serviteur a poussé comme une plante chétive, enracinée dans une terre aride. Il n’était ni beau ni brillant pour attirer nos regards, son extérieur n’avait rien pour nous plaire. Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleurs, familier de la souffrance, semblable au lépreux dont on se détourne; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. Pourtant, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était châtié, frappé par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos fautes qu’il a été transpercé, c’est par nos péchés qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous.

Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche: comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. Arrêté, puis jugé, il a été supprimé. Qui donc s’est soucié de son destin? Il a été retranché de la terre des vivants, frappé à cause des péchés de son peuple. On l’a enterré avec les mécréants, son tombeau est avec ceux des enrichis; et pourtant, il n’a jamais commis l’injustice ni proféré le mensonge. Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur. Mais s’il fait de sa vie un sacrifice d’expiation, il verra sa descendance, il prolongera ses jours: par lui s’accomplira la volonté du Seigneur. » (Isaïe 53, 2-10)

Jésus s’est effectivement chargé de nos péchés au Jourdain, avant de recevoir le baptême pénitentiel de Jean. Assumant sa mission de bouc émissaire, il ne pouvait qu’en prévoir, tôt ou tard, son dénouement tragique (ainsi que sa résurrection) : « Mais s’il fait de sa vie un sacrifice d’expiation, il verra sa descendance, il prolongera ses jours ». Un tel cheminement avec souffrances et résurrection était-il vraiment nécessaire ? Difficile pour nous qui vivons au 21e siècle de comprendre tout le rationnel de l’Ancien Testament face à la valeur d’un sacrifice expiatoire. Il nous est, par contre, plus facile de comprendre l’amour incomparable d’un homme-Dieu qui donne sa vie pour ses amis. Et on ne saurait passer sous silence la valeur exemplaire d’un tel geste, combien encourageant pour ses disciples appelés au renoncement d’eux-mêmes et à l’obéissance envers Dieu.

Pourquoi le Messie devait-il souffrir? La réponse définitive ne peut que se trouver dans le Plan divin dont la profondeur nous échappe … « par lui s’accomplira la volonté du Seigneur ». Devant une telle volonté du Seigneur on ne peut que s’incliner !

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