Peut-on importuner Dieu avec nos prières? Oui et non! Oui, si nous persistons à demander de façon exagérée des choses non-nécessaires à la vie spirituelle; non, lorsqu’il s’agit de vrais biens. Mais laissons dom Guillerand nous l’expliquer à sa façon:
« Dieu est Amour. Il aime et veut être aimé. C’est la loi profonde de son être. La connaître résout toutes les questions. Une âme qui se tend vers lui ne peut pas importuner; elle le ravit toujours et elle doit le savoir. Son insistance ne lui déplaît que si elle manifeste une attache: je veux à tout prix la santé. Il peut en être peiné, car je ne dois vouloir à tout prix que ce qu’il veut, et la santé n’est pas à ses yeux le bien nécessaire. Il est peiné parce que je me sépare de lui par ce vouloir mal réglé et non par mon insistance même.
Quand il s’agit des vrais biens, de ceux qu’il veut toujours et que nous pouvons demander sans nous écarter de lui, l’insistance est selon son cœur. C’est celle-là que Jésus recommande en deux ou trois paraboles charmantes: l’enfant qui demande du pain à son père; l’ami qui frappe à coups redoublés à la porte de son ami pour obtenir un pareil secours; la veuve qui ne cesse de demander justice à un juge méchant et qui l’obtient. Dieu est Père, Dieu est Ami, Dieu est Juge; mais Père dont la tendresse est sans bornes et la puissance égale à l’amour; mais Ami dont le sentiment est inaltérable et à la merci de tous nos besoins; mais Juge toujours juste, toujours ému de nos appels et pressé d’y répondre.
Dieu veut ces insistances, il impose ces appels, il réclame ces demandes pour être sûr de notre amour, pour goûter la douceur d’en avoir un témoignage même intéressé. »
(Écrits spirituels, tome 1, page 52)