On dit que la réaction normale d’un moine, arrivé pour la première fois dans son ermitage, ressemble beaucoup à celle-ci: « Bon, m’y voici enfin! Alors … qu’est-ce que je vais manger ce soir?? ». C’est que tous les attraits spirituels d’une vie de prière ne peuvent faire oublier l’aspect contraignant du besoin de se sustenter, fut-il des plus minimes. Et à côté de ce besoin existe également celui de l’entretien, car il ne saurait être question de miser, ici, sur les bons soins d’une femme de ménage! Tout ça pour dire que la vie réelle, même en ermitage, est nécessairement composée de moments très terre à terre et apparemment vides de valeur spirituelle. Or, tel n’est pas le cas, car Dieu est bien réel et il se manifeste dans le moment présent, quel qu’il soit. Comme le disait, un jour, le Pape François : « L’aujourd’hui est le plus semblable à l’éternité: l’aujourd’hui est une étincelle d’éternité, car dans l’aujourd’hui se joue la vie éternelle » (JMJ de Rio, 2013).
La vie éternelle se joue donc dans le moment présent! Incidemment, la vie contemplative nous fait facilement discerner toute la valeur d’un geste très humble, comme par exemple: passer la vadrouille ou faire la vaisselle. Certains actes, en soi, seront évidemment plus importants que d’autres; ainsi, célébrer la messe ou recevoir un sacrement. Cependant, la valeur d’un acte ne réside pas tellement en lui-même que dans l’intention avec lequel il est posé et c’est ce qui peut faire la grandeur de notre « terrible quotidien ».
Voici ce qu’écrivait un moine chartreux à un correspondant qui s’efforçait de vivre le moment présent: « Nous ne sommes obligés qu’à une seule chose: à bien employer le temps et les forces dont nous disposons. On réalise ainsi sa destinée, et nul n’est tenue à autre chose. (…) Notre vie n’est pas nécessairement celle d’un grand homme. C’est celle d’un homme; et tout est là. Être grand ou petit ne dépend pas de nous. Réaliser l’être que nous avons dépend de nous à chaque minute, et c’est de cette réalisation continue qu’est fait un homme » (dom Augustin Guillerand).
Le confinement actuel nous prive des rassemblements liturgiques mais non de la prière. Notre bouche peut être muette mais notre vie vécue dans la fidélité est une acclamation, et Dieu prête l’oreille au chant de notre cœur!
Passer la vadrouille. Je retiens l’expression
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And I will remember « God listens to the song of our heart. »
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