Moine s’adonnant au travail manuel (Grande Chartreuse)
« Ce n’est pas en me disant: « Seigneur, Seigneur » qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les Cieux. » Ces paroles de Jésus sont une mise en garde pour tout chrétien (et pour toute âme contemplative) qui voudrait se contenter d’une approche cérébrale de Dieu, dans la prière, en oubliant les exigences de renoncement, d’obéissance et de charité fraternelle. Certes, les lectures et la méditation ont leur place dans la vie d’un priant mais le but visé est avant tout de laisser ses convictions descendre dans sa vie concrète, pour en faire une offrande à Dieu. Voici comment l’explique dom Augustin Guillerand à l’un de ses correspondants (un confrère chartreux, semble-t-il ) :
« Prenons les pensées de Jésus, ses sentiments, ses manières d’être et d’agir, et nous lui serons unis; notre esprit ne fera plus qu’un avec le sien; il vivra en nous et nous en lui. C’est pour cela qu’il faut l’étudier! (…) Il ne s’agit pas de longues formules à réciter ni d’exercices de piété à accomplir. Il s’agit d’un état d’âme. On prie en balayant son escalier (ce que j’oublie souvent de faire), en sciant son bois et en le mettant au poêle, en approchant du tuyau ses mains gercées par le froid, et en usant ses derniers regards sur quelque travail de fantaisie. On offre tout cela à Dieu de temps en temps; on reste, sans y penser, dans cette intention et dans ce regard échangé; et c’est la prière, la vraie, celle qui part du cœur et qui devient la vie; celle qui relie la formule du matin à celle du soir et qui remplit la journée; c’est elle qui fait les journées pleines et qui les rend douces (ou au moins supportables) quand elles se présentent avec des épines à la main. »
(Écrits spirituels, tome 2, page 182 s)
Merci pour ce précieux article ! Que serait en effet la prière si elle n’était pas destinée à inspirer toute notre vie. Combien plus légers apparaissent nos travaux, parfois ardus, si nous les faisons sous le regard de Dieu, dans l’offrande continuelle de notre vie, car bien accomplir nos obligations plaît à Dieu. Et nest-ce pas être bien uni à Lui que de chercher à Lui plaire en toute occasion.
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