… fatigués de porter un lourd fardeau » (Matthieu 11,28)
Ce joli dessin d’Annie Vallotton laisse entrevoir la multiplicité des fardeaux qui, tôt ou tard, sont le lot des humains que nous sommes. « La vie de l’homme sur terre est une corvée » s’écriait Job dans sa détresse. Pauvre lui; il n’avait pas la grâce que nous avons de connaître Jésus et son mystère: « Venez à moi … et je vous donnerai le repos. »
Voici comment s’exprimait un chrétien vers l’an 400 de notre ère: « Malheureux que je suis! Seigneur, prends pitié de moi. Hélas! Tu vois: je ne cache pas mes plaies; tu es le médecin, je suis le malade; tu es miséricordieux, je suis misérable. N’est-ce pas que la vie de l’homme sur terre est une corvée? Qui peut désirer des peines et des tracas? Tu ordonnes de les supporter, non de les aimer. Personne n’aime ce qu’il supporte, bien qu’il aime à supporter. On a beau se réjouir de supporter, on préférerait n’avoir rien à supporter. Dans l’adversité, j’aspire au bonheur; dans le bonheur, je redoute l’adversité. Entre ces deux extrêmes, y a-t-il un milieu où la vie humaine ne soit pas une corvée? (…)
Lorsque je te serai uni par tout moi-même, il n’y aura plus pour moi de douleur ni de fatigue. Ma vie, toute pleine de toi, sera vivante. Celui que tu combles, tu l’allèges, car lorsque je ne suis pas comblé par toi, je me suis à charge à moi-même. (…)
Je t’ai aimé bien tard, Beauté si ancienne et si nouvelle, je t’ai aimé bien tard! Mais voilà: tu étais au-dedans de moi quand j’étais au-dehors, et c’est dehors que je te cherchais; dans ma laideur, je me précipitais sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi, et je n’étais pas avec toi. »
(extrait des Confessions de saint Augustin)