Dans nos sociétés démocratiques, les sondages revêtent une grande importance puisqu’ils sont une excellente façon de tâter le pouls du peuple … quitte ensuite aux élus d’agir en conséquence tout en se souvenant qu’eux-mêmes ont été choisis par voie de scrutin. Or le point faible de toute démocratie c’est que le peuple n’est pas toujours dans la vérité; les gens peuvent être influencés par des démagogues ou divers autres facteurs qui les font pencher tantôt d’un côté tantôt de l’autre. D’où la beauté mais aussi la fragilité d’un tel système basé sur l’opinion publique.
Jésus ne vivait pas dans un État démocratique, peut s’en faut! Mais même de son temps, les tyrans ne méprisaient pas nécessairement l’opinion du peuple. Quant à Jésus, les évangiles nous disent qu’il « ne tenait pas compte des personnes » dans son enseignement (Luc 20,21) et qu’il évitait les foules, connaissant leur enthousiasme facile.
En ce début de la Semaine sainte, un bel exemple nous est fourni par l’entrée messianique du Seigneur à Jérusalem, alors que la foule s’écrie « Béni soit celui qui vient ». Tout le monde est alors dans l’allégresse. Néanmoins, quelques jours plus tard, on insistera « à grands cris, demandant qu’il soit crucifié » et leurs clameurs feront changé d’avis le gouverneur qui voulait le relâcher (Luc 23,23). Jésus est donc victime d’une opinion populaire … opinion volatile et nourrie par ses adversaires.
Nous vivons dans un monde où il est difficile d’être soi-même, un monde réglé par des principes matérialistes qui ne cherchent pas tellement le bien des individus que celui des grands financiers et des multinationales, la vente d’armes plus que l’instauration de la paix. Je pense également à tous ces lobbies ou groupes de pression concernant l’avortement, l’homosexualité et le suicide assisté. Et pourtant, c’est pour ce monde un peu tordu que Jésus n’a pas hésité à mourir sur la Croix. Quelle que soit la situation, Dieu ne perd pas courage … il nous garde sa confiance. Â nous de prendre nos responsabilités et d’aller à contre-courant de toute opinion injuste ou défaitiste, sans pour autant tomber dans l’anarchie. Car il est toujours de mise ce conseil de saint Paul: « Agissez en tout sans murmures ni contestations, afin de vous rendre irréprochables et purs, enfants de Dieu sans tache au sein d’une génération dévoyée et pervertie, d’un monde où vous brillez comme des foyers de lumière. » (Philippiens 2,14s)