Séance du Concile Vatican II, en la basilique Saint-Pierre de Rome
Jeune étudiant à Rome dans les années soixante, il me fut donné d’assister à l’ouverture du Concile Vatican II en octobre 1962 ainsi qu’à sa conclusion en décembre 1965. Dans l’un des principaux documents qui résultèrent de ces assises (L’Église dans le monde de ce temps), les évêques nous livrent une vision du monde encore très pertinente malgré les 50 ans écoulés: « Le monde actuel apparaît à la fois comme puissant et faible, capable du meilleur et du pire; le chemin qui s’ouvre devant lui est celui de la liberté ou de la servitude, du progrès ou de la régression, de la fraternité ou de la haine (…) c’est pourquoi le monde s’interroge. »
Oui, le monde s’interroge toujours en 2016: les problèmes actuels sont sans doute différents de ceux des années soixante mais le cœur de l’homme n’a pas changé. Cela, le même document l’avait prévu en ajoutant: «C’est en l’homme, en effet, que de nombreux éléments se combattent. D’une part, comme créature, il fait l’expérience de ses multiples limites; d’autre part, il se sent illimité dans ses désirs et appelé à une vie supérieure. Sollicité par tant d’appels, il est sans cesse contraint de choisir entre eux et d’en abandonner quelques-uns. En outre, faible et pécheur, il accomplit souvent ce qu’il ne veut pas et n’accomplit point ce qu’il voudrait. C’est donc en lui-même qu’il souffre division, et c’est de là que naissent au sein de la société des discordes si nombreuses et si profondes. »
Le cœur … le cœur … le cœur … c’est bien de là que s’origine notre bonheur ou notre malheur. Nous avons été créé libres mais cette liberté est souvent mal éclairée. La joie ou la déprime est donc notre lot. On comprend mieux l’insistance que met Jésus, dans l’évangile, à toujours vouloir purifier les sentiments qui animent ses disciples.
Certains dérapages malheureux ont donné par la suite au Concile une moins bonne réputation. Si l’on prenait le temps de lire les documents, on y trouverait une grande sagesse. Notre petite vie est tellement courte … ne pourrions-nous pas nous asseoir tranquillement quelques minutes, et nous demander si le temps ne serait pas arrivé pour nous, non pas de lire tous les documents de Vatican II mais d’écouter plus attentivement cette voix privilégiée qu’est celle de l’Église d’aujourd’hui?