Derrière l’image d’ermite urbain que je projette il y a toute une vie humaine où j’ai dû affronter régulièrement des moments d’angoisse. Avec ma nature hypersensible, la vie m’est souvent apparue comme une source de conflits dont je devais me protéger. Dieu merci, la vie m’a appris plusieurs trucs pour sinon vaincre l’angoisse du moins pour mieux la comprendre:
- Cesser de visualiser l’avenir dans tous ses détails demande une bonne dose d’humilité … ce qui n’est pas facile pour une personne remplie d’elle-même. «On est sûr et certain que les choses vont arriver ainsi», d’où cette tendance constante à la panique. Au fond, le jugement pratique fait souvent défaut, avouons-le.
- L’attention au moment présent m’est encore aujourd’hui la meilleure planche de salut. Mes peurs me faisaient toujours vivre deux semaines en avant … l’inconnu étant plus menaçant que la réalité. Savoir respirer devant l’événement qui vient, prendre le temps de réfléchir et ne pas se fier à son propre jugement, voilà ce qu’il faut faire.
- Dans cette insécurité à fleur de peau, il nous faut trouver un point d’ancrage qui nous rassure. Dans ma vie personnelle, j’ai trouvé Dieu en tant qu’Être immuable dont l’amour ne faiblit pas. «Rendez grâce au Seigneur car il est bon, car éternel est son amour» et si cet amour est éternel c’est donc que Dieu m’aime à chaque seconde de ma vie. Bref, je dois me détacher de mes prévisions pessimistes et m’attacher à la réalité du moment présent, car Dieu n’existe pas dans la fiction mais dans le concret de la vie.
Jésus lui-même a ressenti l’angoisse à la veille de sa mort et il l’a maîtrisée par sa prière et son amour du Père et de ses frères et sœurs (donc, oubli de lui-même!). Dans les moments angoissants, Jésus ne cesse de nous redire ce qu’il disait à ses apôtres:«veillez et priez pour ne pas entrer en tentation». Bienheureux ceux et celles qui en appellent à Dieu quand les choses vont mal : «Le Seigneur entend ceux qui l’appellent: de toutes leurs angoisses, il les délivre.» (Psaume 34)
Merci petit frère veilleur ; oui, notre vie humaine vacillante et si fragile, cette pâte humaine si peu enclin à se laisser façonner, a accueillir la Providence… et bien je dirais, si elle assume humblement sa fragilité, son inconstance, si elle se met sous le regard bienveillant du Père ;et bien oui, cette vie toute riquiqui s’en trouve élargie à la dimension abyssale de Dieu et devient miraculeusement une histoire sainte si pleinement attachante. Les larmes de sang du Christ au Mont des Oliviers sont notre viatique pour passer l’abîme du néant et entrer dans la plénitude de Dieu. Mais là, dans l’éffroi qui nous saisi, pas de demi mesure… s’y jeter. Dieu nous demande de faire le grand écart et nous ne sommes pas des ballerines. Paix à toi. Petit Frère.
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